Immigration clandestine et trafic humain : Tombouctou, nouveau carrefour des candidats à la mort

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Les dures conditions de traversée du désert ne sont visiblement pas de nature à décourager les candidats africains à la traversée du désert vers l’Europe. Ils peuvent diversifier les astuces, mais les réseaux continuent d’entretenir le même trafic florissant autour d’un périlleux phénomène migratoire qu’ils exploitent continue aux dépens des migrants et des villes de transit.
En dépit des discours et campagnes dissuasifs sur l’émigration clandestine en direction de la jeunesse africaine, le phénomène est et demeure l’un des refuges les plus prisés pour ceux qui fuient la pauvreté et la misère et qui idéalisent le créneau migratoire vers l’Europe. La ville de Tombouctou en est ainsi devenue le réceptacle d’un flux humain en provenance de tous les pays du continent et qui sont concentrés dans de cellules humaines appelées foyers, en attendant leur déportation vers l’Europe à travers d’emprunter les tortueux chemins du Sahara. Un trajet plein d’embûches mais qui ne décourage nullement ces jeunes hommes et filles qui ne rêvent que de franchir la Méditerranée.
Les rues de Tombouctou sont aujourd’hui bondées par des migrants qui y bivouaquent en attendant de se frayer le chemin du long et périlleux voyage vers la mythique hexagone. Le phénomène est entretenu et facilité par un vaste réseau qui part de Bamako pour faire la jonction avec à Albourche (frontière Algérie). Un filon très rentable pour les passeurs et promoteurs de foyers. Aujourd’hui la ville de Tombouctou en abrite déjà plus d’une quinzaine qui accueillent  en moyenne pas moins de la soixante de pensionnaires par semaine. En majeure partie constitués de guinéens, ces candidats à l’émigration bravent toutes sortes de difficultés pour arriver à destination, nous a-t-on confié. De Bamako en passant par Mopti pour arriver à Tombouctou, les migrants, avec la complicité de cellules locales cachées du réseau de passeurs, enchaînent les pistes détournées et contournent les postes de contrôle avec la bénédiction peu désintéressée de transporteurs attitrés du réseau. De sources concordantes, d’aucuns n’ont plus besoin d’éviter les agents des sécurité car les droits  de passage informels peuvent procurer aux postes de contrôle jusqu’à 3 000 francs CFA par voyageur.
Quoi qu’il en soit, ce trafic  illicite expose  les villes de transit à des menaces en tout genre car les voyageurs ne renoncent à  aucun moyen pour atteindre leur but. C’est le cas à Tombouctou, par exemple, où les vagues d’arrivants sont éparpillés dans différents foyers pour un séjour d’au moins une semaine avant de poursuivre leur long voyage. Au cours de leur séjour qui coûte une fortune par nuitée (il faut payer chaque jour l’hébergement de fortune et se prendre en charge), nombre de résidents profitent de leur misère pour se procurer des objets de valeur ou assouvir quelques désirs éphémères à des prix défiant toute concurrence. Téléphones, montres et chaussures, entre autres, sont bradés, tandis que des jeunes filles et femmes s’adonnent le plus souvent à la débauche corporelle pour se procurer la bourse nécessaire. C’est en définitive au prix de telles pratiques malsaines, qui transforment peu à peu la ville des 333 Saints en cité obscène, que les migrants survivent l’étape de Tombouctou avant d’être entassés comme des bêtes de somme dans les pick-up à destination de Inafara, une localité distante d’une centaine de kilomètres. C’est le début d’un autre trajet parsemé d’atrocités en tout genre, de faim et de soif, d’ensoleillement et même d’insolation parmi tant d’autres intempéries mortelles. Aux tracasseries naturelles s’ajoute l’insécurité que les migrants affrontent avec bavarde sans être sûrs d’arriver à destination. Ils sont pour la plupart abandonnés par les passeurs en plein désert et beaucoup y perdent la vie. Les rares rescapés sont recueillis par les organisations humanitaires comme l’Organisation Internationale pour les Migrants (OIM) ou encore le Conseil Danois des Réfugiés (DRC). Pour ce qui est de leur prise en charge, elle est assurée par l’Association nationale des enfants et jeunes travailleurs «JEKAWULU» de Tombouctou, une structure subventionnée par les organisations citées afin qu’elle puisse s’occuper de leur retour au pays.
Le silence des autorités, l’incivisme, l’indifférence et la vénalité insouciante des agents de sécurité font bon ménage avec  l’ignorance des tous ces jeunes qui se jettent dans un piège sans issue

Albakaye B Cissé, correspondance particulière

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