Immigration, aide au développement, luttes sociales : Le plat de résistance des 4èmes journées de l’AME

0

 L’organisation de cette édition 2010 des journées de l’Association malienne des expulsés intervient dans un contexte de célébration du cinquantenaire de notre indépendance. Au cours de la manifestation la parole sera donnée à des acteurs de la société civile, artisans des luttes d’indépendance. Mais l’un des moments forts sera également les espaces d’échanges sur les politiques migratoires et le durcissement des conditions d’immigration, mais aussi et surtout les témoignages accablants sur les traitements dégradants dont nos compatriotes font l’objet dans plusieurs pays d’accueil.  

 

« Emigration et  Développement : Pour une justice sociale », tel est le thème retenu par l’Association malienne des Expulsés (AME) dans le cadre de ses  4ème journées.

Organisée en partenariat avec le collectif de soutien aux expulsés, cette rencontre se tiendra les 23 et 24 octobre prochains au stade Noor Azur de Djélibougou. Elle devra enregistrer la participation de plus d’une centaine de travailleurs migrants refoulés, des partenaires européens, les travailleurs de l’HUICOMA, etc. 

L’objectif visé par cette manifestation est de sensibiliser les Maliens sur les politiques migratoires, mobiliser nos compatriotes pour agir en faveur de leur liberté de circulation, et d’interpeller l’Etat pour qu’il favorise la liberté de circulation et les droits de ses ressortissants où qu’ils soient dans le monde. Ces rencontres devront permettre à ceux qui veulent migrer, mais qui en sont empêchés par les mesures contraignantes actuelles, de rencontrer ceux qui ont tenté de migrer ou ayant été expulsés au cours de leur émigration. Ainsi, expliquent les organisateurs, il s’agissait à travers ce forum de réflexion et d’action de monter la pression et d’attirer l’attention, à travers des débats constructifs, sur la violation de l’article 13 de la Convention des Nations Unies garantissant la libre circulation des personnes.  « Le but de ce débat est de permettre à ces jeunes candidats à l’émigration de mieux connaître les réalités actuelles de la pratique, de se faire un jugement plus réaliste, mais également de se mobiliser pour exprimer les contraintes actuelles à la migration » a indiqué le président de l’AME, Ousmane Diarra. C’était à la faveur d’une conférence de presse tenue mardi dernier au siège de l’association.  « Il y a une interférence dans le besoin de faire reconnaître leurs expériences de la part des expulsés et des refoulés, et le besoin de prendre connaissance  de ces expériences pour les candidats » précise M. Diarra. Qui ajoute que la célébration de cette 4ème édition des journées de l’AME intervient dans un contexte plutôt particulier, marqué la célébration des 50 ans de l’indépendance de notre pays. Pour lui, au cours de ses deux jours de travaux, la parole sera donnée à des acteurs de la société civile malienne  à travers un débat constructif sur le bilan de nos 50 ans de lutte (après l’indépendance) pour le développement. Cette tribune offrira également l’opportunité aux participants d’engager la réflexion sur la situation des désormais ex-migrants, le durcissement des conditions pour les nouveaux candidats à l’émigration, le mécanisme de mise en œuvre des nouvelles politiques d’émigration, notamment en ce qui concerne les besoins financiers pour les investissements dans les pays africains, etc.

L’édition 2010 des journées de l’AME intervient au moment où les ressortissants maliens font l’objet d’expulsions massives de la part de certains pays dont l’Espagne, la France, mais également la Libye d’où en mai dernier 149 compatriotes ont été refoulés par le Guide.

Les débats au cours de ces journées vont donc porter sur l’évolution de l’émigration et des politiques de développement depuis l’indépendance jusqu’à nos jours ; l’indépendance et les conditionnalités de l’aide au développement ; la présentation des luttes nationales (mineurs de Morila, ouvriers de l’HUICOMA, l’Union des déguerpis, etc.) ; la présentation des mobilisations internationales en faveur de la libre circulation, etc.

Ces 4ème journées de l’AME seront également marquées par l’organisation d’une soirée de projection de films, d’une caravane  citoyenne, et d’une soirée musicale (avec la participation de nombreux artistes) qui bouclera la boucle.

Issa Fakaba Sissoko

 

 

 

Mention spéciale pour ATT et son gouvernement

En matière de lutte pour la défense des intérêts et des droits du migrant malien, l’Association malienne des expulsés retient une grande satisfaction : celle relative au refus du gouvernement malien (malgré la pression française) de signer avec la France le projet d’accord bilatéral sur la gestion concertée des flux migratoires et du développement. « Bravo pour le Mali tout en espérant qu’il résistera à la pression » a déclaré le président de l’AME. Qui exprime satisfaction face au refus d’ATT et de son gouvernement de se plier à ce texte. Qui compromet des milliers de compatriotes résidant aujourd’hui sur le sol français.

Ce texte, faut-il le rappeler, stipule que « chaque partie accepte de recevoir sur son territoire à la demande de l’autre partie et dans le respect de la dignité des droits fondamentaux des personnes, toute personne en situation irrégulière sur le territoire de l’autre partie ».

A la différence du Mali, neuf autres pays africains ont déjà adhéré au nouveau texte. Il s’agit notamment du Sénégal, du Bénin, de la Tunisie, de la République Démocratique du Congo, le Gabon, les Iles Maurice, et le Cap Vert, le Burkina Faso, et le Cameroun.

 

Commentaires via Facebook :