AFP – Une jeune Malienne a décrit lundi devant la cour d’appel de Paris l’esclavage domestique qu’elle dit avoir subi entre 1997 et 2006 près de Paris, tandis que le couple franco-malien chez lequel elle vivait a assuré qu’il souhaitait juste lui assurer "un avenir meilleur".
Les deux prévenus, Aïssata et Mamadou S., sont accusés d’avoir amené Rose, 11 ans, en France en 1997, avec de faux papiers. Ils l’auraient ensuite contrainte pendant neuf ans à travailler 15 heures par jour dans leur pavillon de Bondy, au nord de Paris.
Le 6 novembre 2009, un tribunal avait considéré que le couple avait bien soumis la jeune fille à des conditions de travail indignes et condamné Aïssata S. à deux ans de prison avec sursis et Mamadou S. à 18 mois avec sursis. Le couple avait également été condamné à verser 93.000 euros de dommages et intérêts à leur victime.
Tout comme l’association SOS Esclaves, qui soutient Rose dans son combat judiciaire, le parquet avait jugé ces peines insuffisantes et fait appel. Lundi à l’audience, il a requis la confirmation de la peine de Mamadou S. mais deux ans de prison, dont six mois ferme, à l’encontre de son épouse.
"Mademoiselle n’était pas inscrite à l’école, car elle ne parlait pas français", s’est défendue Aïssata devant la cour d’appel.
Selon elle, c’est la famille de Rose qui lui aurait demandé d’amener l’enfant en France "afin de lui trouver un mari" et de "lui donner un avenir meilleur" qu’au Mali. Lundi, elle a réaffirmé que Rose n’avait pas 11 ans à son arrivée en France, mais 15.
"Tout ce qu’elle raconte est faux. Rien n’est vrai", a réagi Rose, frêle silhouette dressée face à Aïssata bien plus imposante.
"Elle m’a montré comment nettoyer la maison, comment aller chercher les enfants, comment on fait la cuisine, comment on met le linge dans la machine… J’ai fait ça pendant des années", a-t-elle raconté.
"Du matin au soir, je nettoyais tout, le plafond, le carrelage, (…) la voiture. (…) Le week-end, j’avais quatre bassines de repassage à faire. Au début, je mangeais avec eux" et puis un jour, les enfants ont dit que "je sentais l’eau de Javel", alors "je mangeais dans la cuisine".
Aujourd’hui âgée de 25 ans, Rose a aussi raconté la première "gifle". Aïssata lui aurait alors dit : "Moi, je peux faire de toi ce que je veux".
Délibéré le 29 juin.
AFP – 7 juin 2010