France, Présidentielle 2012: Les immigrés à nouveau instrumentalisés

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Le sempiternel problème de l’immigration sert à nouveau d’exutoire pour les candidats en perte de vitesse dans l’élection présidentielle française. En raison du poids de la diaspora africaine dans l’Hexagone, le temps n’est-il pas venu pour les leaders politiques du continent de réfléchir sérieusement sur la question et de s’impliquer pour que de telles dérives prennent fin un jour ?

La campagne bat son plein. Comme lors des scrutins précédents, à quelques semaines du premier tour, la question de l’immigration est revenue sur le tapis. C’est le thème favori du président-candidat Nicolas Sarkozy. L’ancien ministre de l’Intérieur est réputé maître depuis longtemps de ce type de questions à controverses. Au plus bas des sondages, il voudrait pouvoir confondre son adversaire socialiste, François Hollande, qui est présentement le favori des électeurs. Il ne faudra pas s’étonner du contenu de certains discours ciblant les immigrés et les étrangers, même si cela frise le ridicule. La crainte ou la certitude de la défaite prochaine semble avoir à ce point cristallisé les passions, que l’on perd de vue que l’immigration est un fait humain qui date de très longtemps.

Ce « péril », s’il en est un, touche toutes les races, toutes les communautés et toutes les régions. Il traduit le désir des peuples de chercher vaille que vaille à fraterniser et à conjuguer leurs efforts face aux défis de la vie. Il convient tout simplement d’admettre cette réalité, et de savoir vivre avec. Agir autrement, c’est encourager la xénophobie, et surtout faire le jeu du terrorisme qui profite de la moindre faiblesse en matière de différences, pour jeter le discrédit, semer la peur et engendrer le trouble. C’est pourquoi il faut en finir avec ce rituel irresponsable de certains éléments de la classe politique française.

Ceux-là aiment à puiser dans le substrat psycho- sociologique et économique de l’électorat sous-informé et apeuré, des sujets controversés, dans l’espoir d’appâter les électeurs. Ces porteurs de discours pleins de fiel, sont loin de travailler à rapprocher les peuples. Bons démagogues, ils célèbrent pourtant à l’occasion, cette « coopération mutuellement avantageuse » qu’ils se préoccupent de mettre en avant lors de leurs déplacements dans les pays d’origine des immigrés. Pourquoi les acteurs politiques français fuient-ils les vrais débats sur l’immigration ? C’est un euphémisme de dire que l’immigrant africain en particulier, souffre en France. Tout comme leurs parents anciens combattants ou « tirailleurs » qui ont versé leur sang pour libérer le peuple français, les immigrants africains sont discriminés en matière de logement, d’études, d’emploi ou de promotion lorsqu’ils sont embauchés. Un vrai scandale dans cette France de la Déclaration des droits de l’Homme ! Une véritable entorse aux règles élémentaires de l’hospitalité ! Que gagnent ceux qui pactisent avec l’extrême droite, en devenant coutumiers de discours refuges pleins de haine ? Pourquoi, dans leurs pratiques, les acteurs politiques français sont-ils aujourd’hui si prompts à prendre des textes de lois qui endiguent les « étrangers » chez eux, leur limitent l’obtention de visas ou restreignent leurs libertés une fois dans l’Hexagone ? Pourquoi, jamais ils n’évoquent dans leurs interventions, les richesses qu’on puise depuis si longtemps sans discontinuer dans les pays africains ?

Pas sûr que le citoyen moyen sache vraiment que c’est en s’adossant au contrefort des pays africains, particulièrement francophones, que la diplomatie française parvient à rayonner et l’économie française à se frayer un chemin dans ce monde sans pitié. Sans doute, peu de Français se souviennent encore du sang versé par les Africains pour sauver l’ex-pays colonisateur de l’occupation. Pourquoi ne pas profiter de la campagne pour « ouvrir les yeux aux uns et aux autres » ? Où sont donc les chefs d’Etat africains et leurs opposants ? Pourquoi une telle torpeur face à ces déchaînements de propos désobligeants, ces conceptions et ces pratiques d’autres temps ? Seraient-ils devenus complices au point de feindre d’ignorer que les immigrants dont de nombreux Africains, sont devenus de parfaits boucs émissaires lors des campagnes électorales, singulièrement lors des présidentielles en France ? Pourquoi laisser le repli identitaire l’emporter sur la solidarité internationale ? L’une des explications peut se trouver dans la fuite de responsabilité des élites politiques africaines. Les dirigeants africains ont peur de s’impliquer dans la politique française, alors que bien souvent, des problématiques au cœur du débat électoral les interpellent. Les sujets en rapport avec la vie de la diaspora africaine doivent pourtant les intéresser. Car, la part contributive de cette dernière au développement du continent, est considérable, parfois même supérieure à celle de l’aide française au développement.

Les acteurs politiques africains devraient s’habituer à réagir vite, suite aux excès de langage et aux abus dont est régulièrement victime la diaspora. A défaut de pouvoir le faire individuellement, ils pourraient se référer aux organisations sous-régionales, régionales et continentales. Par exemple, l’Union africaine (UA) pourrait attirer l’attention des acteurs politiques français en particulier, sur la nécessité d’un changement d’attitude et de comportement au nom de la coopération internationale. Certes, on ne peut se bercer d’illusions. Imbriqués qu’ils sont dans l’Hexagone, bon nombre d’acteurs politiques africains, toute honte bue, cherchent plutôt à protéger leurs propres intérêts. C’est pourquoi la société civile africaine gagnerait à prendre des initiatives audacieuses pour calmer le jeu. Il faut que l’on arrête de « griller » gratuitement et dans l’impunité, des Africains de la diaspora dans leurs appartements, pour ensuite se moquer de leurs origines dans des discours que le jeu électoral ne saurait justifier. On ne peut empêcher des Africains d’aller chercher leur pitance quotidienne ou simplement de s’établir en France. Il y va du respect des principes de liberté, certes dans le respect des lois. Plutôt que de mettre à l’index les « immigrants » ou les « étrangers », on devrait magnifier leur apport à la construction occidentale en général.

© Source : « Le Pays », Burkina Faso, 12 mars 2012

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1 commentaire

  1. La seul qui veu le bien des peuples et qui barratine pas c Marine le pen le Reste c du chichi

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