De l’Algérie à l’Australie, le point en chiffres sur l’origine de ceux qui, un jour, décident de poser le pied légalement dans l’Hexagone.
Ils viennent le plus souvent pour étudier (50%), au motif du regroupement familial (24%), pour le travail (10%), pour raisons humanitaires (10%), et ce sont de plus en plus des femmes (48%) qui passent les frontières de l’Hexagone. Au total, 211 055 immigrés sont arrivés en France en 2008. A l’aube du 21ème siècle, d’où viennent nos immigrés [1] ? Réponse : de pays de plus en plus lointains, même si les pays du Maghreb restent en tête, talonnés de près par la Chine et l’Afrique sub-saharienne… ainsi que les États-Unis.
L’immigration africaine majoritaire
Premier continent duquel débarquent les immigrés, l’Afrique. D’après l’Institut national d’études démographiques (Ined), ils sont 90 582 à être arrivés en France en 2008. La population immigrée originaire du grand continent concentre 42,9% de la population immigrée totale, avec quelque 2,2 millions de personnes.
– Algérie. La population immigrée représente 702 324 personnes, dont 69% ont entre 18 et 59 ans, 25% ont plus de 60 ans et 6% ont moins de 17 ans. En 2008, 23 605 nouveaux arrivants [2] ont été enregistrés (contre 14 523 10 ans plus tôt, en 1998).
– Maroc. 645 246 personnes, dont plus de 80% de la population ont entre 18 et 59 ans. 16% ont plus de 60 ans et 4,8% moins de 17%. En 2008, 23 382 nouveaux arrivants ont posé le pied en France (16 243 en 1998).
– Tunisie. 230 821 personnes, démographiquement réparties suivant le même schéma que les autres pays du Maghreb : plus de 73 % des immigrés tunisiens ont entre 18 et 59 ans. En 9103 personnes sont arrivées en France (5 372 en 1998). Un chiffre amené à augmenter, officiellement ou officieusement, si l’Italie et la France règlent leur différents sur la question des migrants tunisiens : depuis leurs révolutions de février, plusieurs milliers d’entre eux débarquent notamment sur l’île italienne de Lampelusa et nombre d’entre eux espèrent gagner la France.
– Sénégal. 73 209 personnes, et 3 573 nouveaux arrivants en 2008.
– Mali. 57 490 personnes, et 4 535 nouveaux arrivants en 2008.
– Côte d’Ivoire. 57 200 immigrés, dont 3 217 nouveaux arrivants en 2008.
– Cameroun. 55 414 immigrés, et 3 913 nouveaux arrivants en 2008.
– République du Congo. 51 670 personnes, 1993 nouveaux arrivants en 2008.
– République Démocratique du Congo. 49 844 personnes, 2774 nouveaux arrivants en 2008.
– Madagascar. 42 709 personnes, 1 547 nouveaux arrivants en 2008.
Une mobilité européenne active
En 2008, 55 000 personnes issues d’anciens et nouveaux états membres de l’UE sont venues s’installer en France, profitant des libertés de circulation existant entre les pays. 17 656 autres migrants sont quant à eux arrivés d’autres pays européens (Turquie, Russie, Suisse…). Les personnes originaires de l’Europe des 27 étaient, en 2007, 1 798 894 dans l’Hexagone. Avec celles originaires d’autres pays européens, cette population monte à 2 013 974 personnes et représente 39,1 % de la population immigrée totale.
– Portugal, Italie et Espagne : c’est le trio de tête des immigrés originaires d’Europe en France, avec des communautés comprenant respectivement 575 745, 323 305 et 262 512 personnes. Les Italiens sont représentés par une population relativement vieillissante (63 % ont plus de 60 ans), tout comme les Espagnols (54%), alors que les Portugais ayant entre 18 et 59 ans sont la tranche d’âge majoritaire (74%).
– Grande-Bretagne et Allemagne : ce sont les deux autres fortes communautés européennes installées dans l’Hexagone (142 539 et 127 933 personnes).
– Bulgarie et Roumanie : ces deux pays, rentrés dans l’UE en 2007, constituent une population de près de 60 000 personnes. En 2008, 6018 personnes originaires de ces pays d’Europe de l’Est sont entrées en France.
– Turquie : 234 512 personnes, avec 7 607 nouveaux arrivants en 2008.
– Ex-Yougoslavie. En France, les migrants originaires de Serbie, Croatie, Bosnie-Herzégovine et de Macédoine constituent une population de 91 000 personnes, grossie d’un flux de 2 748 personnes en 2008.
La Chine anime les migrations asiatiques
En 2007, la population originaire d’Asie en France représentait 730 964 personnes, soit 14,2 % de la population immigrée totale. En 2008, ils sont 31 700 à être entrés en France, contre seulement 19 668 dix ans plus tôt, en 1998.
– Chine. C’est le pays qui tire les migrations asiatiques vers la France. Sa population de 73 492 personnes recensées en 2008 s’est enrichie la même année de 11 893 nouveaux arrivants, contre un flux de seulement 5 565 personnes en 1998.
– Vietnam. Une importante communauté (74 245 personnes), mais peu renouvelée ( 1 738 nouveaux arrivants en 2008).
– Inde. Les immigrés venus d’Inde sont 28 625 en France et 2 208 à être arrivés en 2008.
– Japon. La communauté nippone compte 17 285 habitants en France, et 2 354 nouveaux arrivants en 2008.
Un faible flux migratoire depuis le continent américain
Moins de 10 000 personnes ont traversé l’Atlantique pour s’installer en France en 2008. Seules 186 861 personnes issues l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud y sont installées.
– Amérique du Nord. États-Unis et Canada sont respectivement représentés par une population de 34 483 et 14 837 personnes en France. En 2008, 1612 Canadiens ont débarqués, et 3847 Américains. Un flux pas si faible que ça, mais comparable à ceux animant les pays d’Afrique sub-saharienne (Cameroun, Sénégal…) et dépassant largement ceux d’Asie (Vietnam, Inde, hormis la Chine).
– Amérique du Sud. En 2008, ce sont les Brésiliens (2 926 personnes), les Mexicains (1 269) et les Haïtiens (1 251) qui ont donné des couleurs d’Amérique du Sud à l’Hexagone. Leurs communautés restent malgré restreintes : 24 052 Brésiliens (en fait des Brésiliennes, à 62% !), 8 203 Mexicains et 33 392 Haïtiens.
Les migrations d’Océanie marginales
461 personnes en 1998, 628 en 2004, 692 en 2008 : l’immigration d’Océanie vers la France a toujours été faible. Ne cherchez pas les surfeurs et surfeuses originaires de ces pays dans l’Hexagone, ils sont rares : seuls 4 144 Australiens résident ici, et 1 437 Néo-Zélandais. La communauté originaire d’Océanie ne compte… que 5 880 personnes.
[1] D’après l’Institut National des Études Démographiques, un immigré est une « personne née étrangère à l’étranger, et résidant en France ». En France, la qualité d’immigré est permanente : un individu devenu français par acquisition continue d’appartenir à la population immigrée. C’est le pays de naissance et non la nationalité qui définit la qualité d’immigré.
[2] Ce sont les personnes admises à entrer et à séjourner en France, en raison de motifs liés au travail, à la famille, aux études, à la protection humanitaire, à la régularisation…
Par Alice Bomboy – terra-economica.info – 26 avril 2011