Frais exorbitants de visa au CGF à Bamako : Cette France arrogante" qui pille nos pays"

0

La conversation est banale, mais pleine de signification et schématise à souhait le pillage par les puissances occidentales, singulièrement la France , des ressources de nos pays. Dans un banal cyber café de Bamako, un jeune étudiant s”affairait à photocopier quelques pages de son passeport. Un "Blanc", le nez dans un ordinaire, lui demande s”il voulait partir en Europe. Oui, répondit le jeune, indiquant qu”il comptait entamer des démarches au consulat de France à Bamako pour obtenir un visa étudiant.

rn

"Il y a quelques mois, j”ai eu toutes les peines du monde pour faire découvrir mon pays ( la France ) à ma femme (malienne). Je me rendais au Consulat quatre fois par semaines. Il a fallu que je rencontre le Consul pour obtenir enfin le visa. C”est très difficile. Le Consul m”a d”ailleurs affirmé qu”en moyenne près de 80 dossiers sont traités chaque jour. Et que c”est seulement entre Huit (8) et dix (10) dossiers qui ont un visa". Voilà en substance les paroles du "Blanc". Faisons un simple calcul : 80 dossiers avec chacun comme frais 40 000 FCFA. Chacun. Le consulat récolte quelque 3 200 000 FCFA par jour. Décuplons cette manne financière, qui n”est pas une miette, par le nombre de jours ouvrables. A tout cassé, nos "amis" français, dont le Président Nicolas Sarkozy nous disait que son pays n”avait pas besoin économiquement de l”Afrique, amassent plus du milliard de FCFA chaque année. Seulement dans les frais de constitution des dossiers. Ils ont tellement apprécié le filon, qui leur rapporte gros, qu”ils ne daignent plus rembourser l”argent des "recalés" au visa. Et cette France "arrogante" qui prétend nous donner des leçons. Et cette France « arrogante » dont la compagnie nationale Air France-KLM dessert chaque jour nos pays. Et cette France « Arrogante » que nos grands pères ont libérée du joug allemand.

rn

 Devant le consulat de France à Bamako, avec toutes les humiliations et tracasseries que l”on connaît, les candidats au départ vers "l”eldorado"  s’accroissent inexorablement.

rn

Ousmane Traoré, 27 ans, jeune diplômé, n”en finit pas d”étaler ses misères. ””Il y a longtemps que je traîne. J”ai exercé beaucoup de petits métiers. Plusieurs fois, j”ai tenté, sans succès, le concours d”intégration à la fonction publique. Je crois qu”il est aujourd”hui grand temps pour moi d”aller tenter ma chance ailleurs””, déclaré-t-il. Un autre, Moussa Kané, sans emploi fixe depuis deux ans, égrène lui aussi ses raisons. ””Ici, nous sommes pratiquement sans réelle perspective d”avenir.. Je pense qu”il vaut mieux, pour nous autres, d”aller en Europe où l”on peut trouver une bonne situation…””, affirme-t-il.

rn

Tout comme Yaguiné Koïta et Fodé Tounkara – deux jeunes Guinéens retrouvés morts le 4 août 1999 dans le train d”atterrissage d”un  avion de la Sabena à l”aéroport de Bruxelles – les jeunes  Maliens, rêvent de "l”eldorado occidental". Là-bas, ils pensent y  trouver un minimum de bien-être, fuyant ainsi les dures réalités du pays, schématisées notamment par un chômage endémique et la pauvreté. Obnubilés par les mirages de l”Occident, les volontaires à l”exil au Mali ont jeté leur dévolu sur deux pays : la France et les Etats-Unis. Pour se voir ouvrir larges les portes de ces ””paradis”” tant convoités, des indiscrétions avancent des  chiffres avoisinant les quatre à six millions de francs CFA.

rn

Les candidats à l”émigration ne manquent point de subterfuges pour atteindre leurs objectifs. ””J”en connais qui ont profité  d”une tournée d”un artiste malien aux Etats-Unis pour obtenir un  visa””, affirme Salif Traoré, en quête du précieux sésame depuis plusieurs mois.

rn

D”autres, par contre, n”hésitent pas à usurper l”identité d”autrui ou à profiter simplement d”un visa de tourisme pour  s”éclipser définitivement. Grâce la souplesse dans la délivrance  du visa étudiant, nombreux sont aussi les scolaires à s”aligner  sur la ligne de départ.

rn

Pour l”obtention d”un visa américain, le plus difficile, selon plusieurs connaisseurs, c”est de fournir une garantie bancaire. Dans ce cas, la complicité d”un banquier ou d”un proche parent  est d”un apport essentiel. ””C”est un jeu d”enfant pour avoir ce genre de justificatif. Même si on me demandait une garantie bancaire de 20 millions FCFA, je l”apporterai””, confie, sans  gêne, un habitué du milieu.

rn

Excités par la perspective de fouler un jour le sol américain, beaucoup d”autres jeunes ne jurent présentement que par la carte  verte, document de base d”une loterie qui fait, chaque année,  50.000 heureux gagnants, autorisés à s”installer légalement aux  Etats-Unis. ””Quand j”ai appris l”existence de cette carte, je  suis venu m”inscrire sur-le-champ””, indique un postulant, rencontré dans un Cyber Café de la capitale.

rn

Un tour à la police des frontières permet de se faire une idée du nombre de candidats à l”exil ””Nous délivrons en moyenne  100 passeports par jour””, confirme un agent de la police de l”immigration sous couvert de l”anonymat. Sur ce point précis, il faut signaler le laxisme des autorités policières dans la délivrance des passeports. N”importe quel nigérian, ne parlant un traite mot Bamanan, peut obtenir un passeport. Ce candidat à l”immigration, raflé aux abords des grilles de Melilla qui s”appellera Moussa Maïga, a simplement déboursé de l”argent à la Police des Frontières pour obtenir le document. La corruption généralisée à tous les niveaux de l”administration malienne favorise, sans nul doute, la délivrance illégale de nos documents officiels aux plus offrants.

rn

Pour un début de réponse à l”immigration des jeunes, les autorités doivent prendre définitivement à bras les corps la problématique. Pourquoi ne pas organiser, dans les plus brefs délais, un forum national sur l”immigration des jeunes. Cet espace d”expressions plurielles aura le mérite de discuter de fond en comble la lancinante question, dont tous les paramètres sont loin d”être saisis par les candidats.

rn

Aussi, l”Etat doit dépêcher plusieurs équipes de l”ORTM, et même des médias privés, dans plusieurs capitales européennes (Paris, Madrid, Rome, Berlin…), pour faire des dossiers sur les conditions de vie réelle de nos compatriotes. A la vue de certaines images, nous parions que plusieurs jeunes, qui rêvent de vivre en occident, déchanteront au plus vite. L”occident est loin d”être un eldorado. Là bas, tout comme dans nos pays, sévit la misère, la faim…

rn

Incapables de donner une réponse adéquate et pérenne au chômage endémique qui frappe durement les jeunes, les plus hautes autorités demeurent impassibles face au drame de l”immigration mis récemment au devant de la scène dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au Maroc. Le candidat Amadou Toumani  à l”élection présidentielle de 2007 s”est pourtant engagé à trouver une solution au chômage des jeunes, dont un nombre important fait le pied de grue devant les consulats de France et des Etats-Unis à Bamako pour obtenir un visa et émigrer. Avec à la clé toutes sortes d”humiliations.

rn

Igré Tolo

Commentaires via Facebook :