A le voir faire le tour du continent africain cherchant à convaincre ses homologues sur la nécessité de la création des Etats-Unis d’Afrique, on a l’impression qu’il est le plus grand panafricaniste que le monde ait jamais connu. Mais à le suivre dans son comportement quotidien, on se rend à l’évidence qu’entre les actes et les paroles il y a tout un océan à traverser. En la matière, ce ne sont pas les autorités maliennes qui vont nous démentir, eu égard au spectacle désolant qui s’offre depuis quelques mois à l’aéroport international Bamako-Sénou.
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Il y a quelques mois, environ 156 maliens, partis en Libye pour faire fortune, en vue d’aider leurs familles dans le combat quotidien contre la pauvreté, ont été rapatriés pieds et mains liés dans un vol spécial Tripoli-Bamako. Leur tort, selon ce qui se raconte, aurait été simplement le fait qu’ils sont ressortissants de pays dont les leaders n’auraient pas adhéré à son fameux projet des Etats-Unis d’Afrique, lors de la conférence des chefs d’Etat, tenue tout récemment à Accra au Ghana. Mais la récente visite de notre chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, dans ce pays, en août dernier, dont la visite officielle était couplée de vacances présidentielles, avait encore fait douter beaucoup de Maliens par rapport à la non adhésion du Mali à l’initiative Khadafi. Car, on ne pouvait pas comprendre qu’ATT se soit démarqué au Ghana d’une telle vision du guide libyen, se rapportant aux Etats-Unis d’Afrique, et que le lendemain même il se retrouve encore chez la même personne. Encore qu’à aucun moment, le président de la République ne s’était jamais clairement ou publiquement exprimé sur la question.
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De ce fait, ceux qui étaient allés trop vite en besogne en parlant d’une éventuelle tension entre les deux chefs d’Etat, née de la divergence de vues autour du fameux projet de Khadafi, s’étaient vus démentir par le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré qui, de ses vacances présidentielles en Lybie, aurait dû montrer sa désapprobation par rapport aux charters d’expulsés maliens.
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Alors, très vite ces expulsions ont été classées non plus dans l’ordre d’un règlement de comptes, mais plutôt dans celui d’incompréhensions diplomatiques.
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On croyait que la visite présidentielle récente dans ce pays, allait être de ce fait l’occasion d’aborder ce sujet difficile de la coopération entre les deux Etats. Une occasion pour les deux parties de s’accorder sur une approche concertée pour une gestion plus respectable du phénomène de la migration des Maliens vers ce pays de pétrodollars. Il devrait s’agir, pour ATT et son hôte, de mettre les points sur les « i » pour que ce caillou soit définitivement éjecté du soulier de notre coopération bilatérale. Alors, occasion ratée ou sourde oreille de la partie libyenne ?
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En tout cas nombreux sont les Maliens qui ont été plongés dans le désarroi, quand ils ont vu que les expulsions se poursuivaient de plus belle.
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C’est d’ailleurs très déconcertés que certains ont appris qu’avant-hier, qu’un autre charter d’une centaine d’expulsés maliens, en provenance de ce même pays, a fait son atterrissage sur le tarmac de Bamako-Sénou.
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Officiellement on reproche à ces compatriotes qui se sont vus humiliés de la sorte, de ne pas être en règle vis-à-vis de la loi de leur pays d’accueil, d’être en situation irrégulière. Mais le moins que l’on puisse dire, est que ces expulsions même si elles s’avéraient légitimes, tombent comme un cheveu dans la soupe diplomatique des deux Etats.
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Car, elles se font à un moment où on croyait les relations bilatérales à leur meilleur niveau, surtout quand on s’en tient à ces promesses pompeuses faites par le Guide à ATT, lors de cette récente visite, et à un moment où le Mali attend beaucoup de la Libye par rapport à certaines préoccupations comme la résolution de la crise au Nord.
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Comment peut-on parler d’intégration sur le continent, lorsqu’on ne parvient même pas à s’accepter, lorsque les uns sont des ordures humaines encombrantes pour les autres ?
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Certains pays occidentaux n’ont-ils pas régularisé des centaines d’immigrés provenant de l’Afrique en situation irrégulière sur leur territoire ? Au lieu de se cacher dernière ce prétexte, du reste fallacieux, pourquoi les autorités libyennes n’ont-elles pas cherché à les régulariser dans la mesure du possible ? Apparemment, rien de tout cela n’est envisagé côté libyen et les vagues d’expulsions suivent leur cours.
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Impuissantes, les autorités de Bamako devant le fait accompli, ne savent plus aujourd’hui à quel saint se vouer, et accueillent en catimini cette misère nationale que les autres leur renvoient.
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Et à en croire d’autres sources, la vague d’avant-hier est loin d’être la fin de cette sale besogne diplomatique de la part de nos faux amis libyens, car d’autres charters sont encore annoncés pour les jours à venir.
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Voilà en tout cas une preuve palpable qui donne aujourd’hui raison aux chefs d’Etat qui ont boudé le projet illusoire des Etats-Unis d’Afrique, au sommet des chefs d’Etats africains d’Accra, car on ne peut pas à la fois aimer une chose et son contraire.
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Abdoulaye Diakité
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