Des Maliens, au nombre de 103, viennent d’être expulsés d’Espagne. A leur arrivée à Bamako, ils ont mis à sac l’aéroport de Bamako-Sénou et assiégé le Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’intégration africaine. Qu’est ce qui explique la colère des expulsés ? L’envoi par le gouvernement de missions d’identification de Maliens résidant dans les Iles espagnoles ?
L’administration s’explique. La semaine dernière, les expulsions d’immigrés maliens en Espagne ont doublé d’ardeur. En l’espace d’une semaine, trois avions affrétés par les autorités espagnoles ont déversé un total de 103 maliens sur le tarmac de l’aéroport de Bamako-Sénou.
Le retour de ces expulsés sur le sol national allait passer inaperçu, si les 63 maliens du deuxième vol charter ne s’étaient pas pris aux installations aéroportuaires, occasionnant des dégâts considérables et les 40 personnes du troisième vol n’avaient pas assiégé le ministère des Maliens de l’extérieur.
Furieux, ces compatriotes rentrés d’Espagne ont accusé les autorités maliennes qui, selon eux, seraient de mèche avec les autorités espagnoles. En effet, quelques jours avant ces expulsions groupées, une délégation malienne avait séjourné en Espagne, sur demande des autorités espagnoles pour l’identification de nos ressortissants qui seraient en situation irrégulière.
Cette procédure administrative suivie d’expulsions massives a été interprétée par les expulsés comme une "complicité" des autorités maliennes. Du côté du ministère des maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine, des cadres au niveau de la délégation générale des maliens de l’extérieur, sont formels : "ce n’est pas pour la première fois que des missions d’identification partent du Mali. La mission d’identification suivie d’expulsions massives de Maliens de l’Espagne, n’a été qu’une coïncidence malheureuse", indique Modibo Koumaré, chef du département des affaires consulaires, assurant l’intérim de l’adjoint au délégué général des Maliens de l’extérieur.
L’Espagne n’est pas le seul pays européen qui a reçu des missions d’identification. Selon, M Koumaré, le Mali pour protéger son image et ses ressortissants à l’extérieur, envoie régulièrement des missions d’identification dans des pays en Europe sur la demande de leur gouvernement. "Pour bénéficier des privilèges accordés aux immigrés maliens, de nombreux jeunes, ressortissants d’autres pays d’Afrique au sud du Sahara, se font passer pour des maliens. Dans l’impossibilité de faire la part des choses, les autorités de ces pays sollicitent l’aide de nos autorités pour réaliser des auditions sur leur territoire afin de confondre les tricheurs" a-t-il expliqué.
Il a ajouté que ces missions sont salutaires pour protéger l’image des courageux ressortissants maliens qui se distinguent dans les différents pays d’Europe par leur honnêteté et leur sérieux au travail. "Ces valeurs ne sont pas le plus souvent de rigueur chez les tricheurs qui jouissent illégalement de la nationalité malienne", a précisé M. Koumaré.
Pour sa part, Mme Sy Kotiary Bâh, chef du département promotion économique et réinsertion des Maliens de l’extérieur, a regretté le fait que la mission d’identification en Espagne ait été suivie, une semaine après, par des expulsions. Elle estime que l’empressement des espagnols a semé la confusion dans les esprits. "L’absence d’une convention de rapatriement entre le Mali et l’Espagne a encouragé les autorités espagnoles à ne pas être tatillons sur certaines questions de forme", a-t-elle indiqué.
Mme Sy est convaincue qu’avec l’ouverture de l’ambassade d’Espagne chez nous et la signature prochaine d’une convention qui va désormais gérer les questions d’immigration entre nos deux pays, beaucoup de difficultés seront résolues. "On n’attend que la signature du document. Nombreuses sont les entreprises espagnoles qui ont exprimé le souhait d’employer des jeunes maliens en Espagne", a-t-elle déclaré.
La population malienne en Espagne est estimée à 30 000 personnes. Environ, 7 000 maliens y vivaient en situation régulière. Mais à la faveur des régularisations massives initiées par le gouvernement espagnol, 8 000 maliens ont été régularisés.
Assane Koné
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