Au Mali, chaque ethnie préserve jalousement, aussi longtemps que possible, ses us et coutumes en matière de mariage. Chez les Soninkés par exemple, la réciprocité des sentiments tient peu de place et ne saurait constituer un préalable.
L’homme n’épouse pas forcément la femme qu’il aime, mais celle qu’il doit marier. Il arrive parfois que la fille soit choisie par les seuls parents à la recherche d’une épouse pour leur fils émigré.
Dans certains cas, le mariage est célébré en l’absence du mari. Certaines épouses d’immigrés peuvent ainsi passer plusieurs années à attendre leurs maris émigrés à la recherche d’une fortune incertaine. Les plus chanceuses voient leur martyr abrégé. Elles arrivent à rejoindre leur époux dans le pays d’installation de ce dernier. Mais nombreuses sont celles qui sont obligées de rester au village pour s’occuper des parents de leur époux, espérant le retour hypothétique de leur homme.
Conscient des innombrables inconvénients du mariage à distance, notre consoeur Oumou Ahmar Traoré a écrit le livre "Mamou : épouse et mère d’émigrés". Cette oeuvre a ému les organisations de la 9ème édition du Festival de théâtre des réalités organisé du 2 au 7 décembre 2008.
L’auteur déclare que les épouses des immigrés vivent un drame silencieux. Leur vécu peut les conduire à commettre des actes irréversibles. Elles s’adonnent à l’adultère. Elles contractent des grossesses indésirables qui se terminent par des infanticides. Dans la pire des cas, les femmes deviennent des "démi-veuves". Le mari vit mais son épouse légitime n’a aucune possibilité de le rencontrer, a expliqué Mme Oumou Ahmar Traoré.
Cette situation viole plusieurs dispositions de notre de code de famille qui reconnaît aux femmes le droit de vivre avec leur époux.