Emigration : Des maliens en situation difficile en Libye

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Nos concitoyens vivent le calvaire en Libye. C’est ce qu’on retient essentiellement de la conférence de presse co-animée mardi par les députés Oumar Mariko et Yéhya Mohamed Ould, qui se sont rendus dans ce pays les 5 et 11 février derniers. Les conférenciers ont tenu à souligner que le Mali et la Libye ont intérêt à collaborer pour le retour de la paix et de la sécurité. Car, d’après eux, tous les mouvements terroristes ont leurs nids en Libye.

« Si la Libye gagne son combat contre le terrorisme et que le Mali traîne, les groupes terroristes viendront trouver refuge dans le nord du Mali », a prévenu Oumar Mariko avant de préciser qu’il y a 7000 Maliens à Tripoli et 400 à Benghazi (Libye). Certains d’entre eux se sont retrouvés malheureusement entre les mains des réseaux de trafiquants d’humains ou de groupes terroristes. C’est le cas de Bakari Keita, qui a pris la parole lors de la conférence de presse pour témoigner ce qu’il a vécu en Libye. « J’étais là-bas avec mon frère cadet du nom de Yaya Keïta.

Un groupe de personnes le tient en otage depuis des semaines. Il est maltraité par ces gens là qui lui demandent d’appeler ses parents pour payer des rançons », raconte-t-il. Bakari Keita ajoute que le complice qui transmet les messages par téléphone a un accent sénégalais. Ce dernier demande aux parents de Yaya Kéita d’envoyer de l’argent par Western Union. « L’argent doit être converti en dollars avant d’être expédié à des gens qui sont en Egypte : Allaa Tarek Abdel, Abdel Razack et Mohamed Ahmed. Après le retrait de la rançon, la victime sera renvoyée vers son pays. Malheureusement, tel n’est pas le cas de mon frère qui est toujours entre les mains de ses ravisseurs. On me demande d’envoyer de l’argent, je le fais mais après mon frère me rappelle pour me dire d’envoyer un autre montant. Je le fais et il me demande d’envoyer encore. Et à chaque fois, mon frère me dit qu’il est battu. J’ai tout vendu pour sauver mon frère.

La dernière fois, je leur ai dit que je n’avais plus rien à envoyer et qu’ils fassent ce qu’ils veulent », explique Bakari Keita qui a demandé aux autorités maliennes d’agir pour que son frère retourne à la maison en vie. Il a précisé avoir versé plus d’un million et demi de francs CFA aux ravisseurs de son frère.

« La Libye et le Mali sont logés à la même enseigne. Deux pays dont les autorités n’arrivent pas à exercer toute leur souveraineté sur le territoire national. Deux pays en passe de reconstruire leurs armées pour le retour de la paix et de la sécurité. Si ces deux pays ne se mettent pas ensemble pour combattre l’insécurité, les terroristes vont se déporter vers le Niger et le Mali », a argumenté le député Oumar Mariko. Selon lui, les autorités maliennes n’ont pas encore mesuré la gravité de la situation de nos compatriotes en Libye.

Le député Yehya Mohamed Ould estime que les amis de la Libye doivent se montrer solidaires pour trouver une solution sous-régionale à l’émigration et au terrorisme. « La Libye n’est pas qu’un partenaire économique, mais stratégique sur le plan sécuritaire. Nous avons besoin de la Libye pas seulement économiquement, mais pour la stabilité politique et sociale de notre pays », analyse-t-il.

Et Oumar Mariko d’ajouter que les pays occidentaux sont en train de jouer la carte de leurs intérêts économiques. Il appartient donc au Mali de jouer la carte de la sécurité et plus tard la carte économique. « Nous sommes en train de discuter avec les autorités libyennes pour voir dans quelle mesure, la situation de nos compatriotes peut être améliorée dans leur pays», a assuré le président du SADI.

A. DIARRA

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