Du 1ier juillet au 30 septembre 2016, environ 7 640 migrants, soit 125 migrants par jour, auraient transité par Gao et Benena
Dans son dernier bulletin d’information couvrant la période d’août-septembre 2016, le Bureau de Coordination des Affaires humanitaires (OCHA-Mali) tire la sonnette d’alarme sur la situation humanitaire, notamment dans le nord du Mali. L’organisme onusien fait ressortir les faits saillants de cette période comme l’assistance aux sinistrés des inondations et les risques liés à la cure du fleuve et celui lié à la suspension des repas scolaires pour faute de financement. OCHA-Mali note aussi que les risques des mines et restes explosifs de guerre, demeurent élevés dans les zones de combats et que 3 millions de personnes seront à risque d’insécurité alimentaire l’année prochaine. Un autre fait saillant, est que le Mali, reste le lieu de transit pour de nombreux candidats à l’émigration vers l’Europe, d’où la conclusion que de nombreux défis persistent sur le plan humanitaire en 2017.
Ce rapport indique que les risques d’inondation restent élevés pour les populations installées le long du fleuve Niger jusqu’en décembre en raison de la montée du niveau du fleuve. Car, l’outil d’annonce des inondations dans le Delta intérieur du Niger (OPIDIN) dévoile que le fleuve Niger connaîtra cette année sa plus haute crue depuis les cinquante dernières années. Ces prévisions indiquent que le niveau d’eau à Mopti devrait encore augmenter d’environ 25 cm en octobre et le niveau d’eau atteindra son sommet entre la fin octobre et le début novembre à Mopti, à la fin novembre à Akka dans la région de Mopti et à la mi-décembre à Diré, Tombouctou. Cela veut dire que le bétail, qui normalement traversait le fleuve à Diafarabé en novembre à la recherche de pâturage, ne pourra pas le faire cette année puisque les plaines inondables seront encore couvertes par l’eau le mois prochain. On se rappelle, depuis le mois de juillet 2016, qu’une trentaine de personnes sont décédées en raison des inondations enregistrées à travers le pays. Plus de 18 000 personnes ont été affectées et 2400 maisons détruites. Près de 200 hectares de champs ont également été inondés par les eaux de pluie.
La malnutrition, problème majeur de santé publique au Mali avec un taux moyen de 30% depuis 2010
La prévalence du retard de croissance chez les enfants de moins de cinq ans stagne autour de 30% depuis 2010. La malnutrition aigüe globale, quant à elle, oscille autour du seuil d’alerte de 10% sur la même période avec une hausse à plus de 13% au cours des trois dernières années. Les carences en micronutriments sont également très répandues avec 61% des enfants de moins de cinq ans et près de la moitié des femmes en âge de procréer souffrant d’anémie. Ces valeurs moyennes cachent d’importantes disparités régionales et sociodémographiques.
La situation, généralement plus précaire dans les régions du nord, est surtout exacerbée par l’insécurité alimentaire, l’accès inadéquat aux services de santé et de nutrition, ainsi qu’à l’eau et à l’assainissement. Environ un ménage sur quatre souffre d’insécurité alimentaire et un peu plus de la moitié sont jugés vulnérables à l’insécurité alimentaire. Par ailleurs, environ 30 % de la population n’a pas accès à une source d’eau potable et deux ménages sur trois n’ont pas accès à des toilettes qui répondent aux normes pour l’hygiène.
Seulement le tiers des nourrissons sont sous allaitement maternel exclusif jusqu’à l’âge de 6 mois.
Écoles fermées et risque de suspension des repas scolaires pour l’année scolaire
La rentrée scolaire s’est amorcée le 3 octobre à travers le pays, y compris dans les régions du Nord et du Centre (Mopti/Ségou) où à la fin de l’année scolaire 2015-2016, plus de 296 écoles restaient fermées.
Ce nombre risque d’augmenter en raison de l’occupation de certains établissements scolaires par les sinistrés d’inondations ou de la dégradation des infrastructures scolaires. Alors que la rentrée est effective dans toutes les régions, près de 180 000 enfants dans environ 1 000 écoles à travers le pays risquent de ne pas bénéficier de repas scolaires en raison des contraintes financières du programme alimentaire mondial (PAM).
Selon la Directrice Pays du PAM Mali, Madame Silvia Caruso : «la situation des repas scolaires est critique. Ils sont souvent le seul repas nutritif que l’enfant reçoit pendant la journée, ce qui soulage financièrement les familles, motive les parents à envoyer leurs enfants à l’école et en fin de compte contribue à la bonne marche de l’éducation ».
Depuis 2012, le PAM et ses partenaires ont pu fournir des repas scolaires à une moyenne de 170 000 enfants par an, la moitié d’entre eux étant des filles.
Protéger les populations civiles des risques explosifs suite aux récents affrontements armés dans la région de Kidal
Selon OCHA, depuis les affrontements entre les groupes armés signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation, dans la ville de Kidal et ses environs, des restes explosifs de guerre ont été trouvés près des zones de combat.
Afin de prévenir les incidents, l’organisme anti-mine des Nations Unies, UNMAS et ses partenaires ont apporté des réponses d’urgence de lutte antimines.
Le Mali, lieu de transit des migrants de l’Afrique de l’Ouest
Vue sa position en Afrique de l’Ouest, le Mali constitue non seulement un lieu d’origine mais aussi un lieu de transit des mouvements migratoires vers l’Europe. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), du 1er juillet au 30 septembre 2016, environ 7 640 migrants, soit 125 migrants par jour, auraient transité par Gao et Benena. Plus du tiers de ces migrants partent avec l’intention d’atteindre l’Europe, plus particulièrement l’Espagne et l’Italie. De plus 97% de ces migrants étaient des hommes et 6 % des mineurs. Par ailleurs, 40% de ces migrants sont des ressortissants de la Guinée contre 22% originaires du Mali. Des ressortissants du Sénégal (15%), de la Gambie (12%), et de la Côte d’Ivoire (3%) y ont également transité.
L’OIM note toutefois qu’en 2015, les migrants provenant de l’Afrique de l’Ouest et du Centre constituaient seulement 6 % du total des migrants ayant atteint l’Europe via la Méditerranée. Ceci s’explique en général par le fait que les migrants préfèrent rester dans la sous-région ouest africaine, les causes de leur déplacement étant principalement économiques.
Soulignons que le voyage vers l’Europe est périlleux. L’Afrique sub-saharienne est une région ayant enregistré un haut taux de fatalité dans la Méditerranée. En 2015, la région a enregistré 1 218 décès, dont 376 Maliens. A retenir qu’en plus des axes de Gao et Benena, une troisième route, celle Kayes-Gogui-Tombouctou serait de plus en plus empruntée par les migrants.
Les besoins humanitaires restent importants en 2017
3 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire et 852 000 enfants et femmes enceintes et allaitantes sont affectées par la malnutrition. D’autres besoins importants sont notamment reliés à l’accès des personnes rapatriées, retournées et déplacées internes ainsi que des communautés hôtes aux soins de santé, à l’eau, l’hygiène et l’assainissement, à la protection et aux abris.
L’objectif de cet aperçu est de faire une bonne analyse de la situation humanitaire afin d’assister les personnes ayant des besoins urgents, tout en développant leur résilience et des solutions durables aux problèmes auxquels elles sont confrontées. Le tout pour l’élaboration d’un nouveau plan triennal de réponse humanitaire 2017-2019.
En somme, selon les données du système de suivi financier, à la date du 19 octobre 2016, sur 354 millions de dollars requis pour l’appel de fonds pour la réponse humanitaire au Mali en 2016, seuls 105,5 millions de dollars étaient mobilisés, soit 30%.
Dieudonné Tembely
tembely@journalinfosept.com
Selon OCHA, le Mali reste le lieu de transit des migrants de l’Afrique de l’ouest
Par Inf@sept – 28 Oct 2016
– Bon, un oxymoron de l’OCHA, qui nous fait savoir le mot “Migration au Mali”…On l’est depuis le 13è siècle…
– Et qu’à titre d’ex Tombouctou a connu ce transit interculturel-économique-ethnique autour du puit de “Bouctou”, autour de l’université de “Sankoré”, toute la bande Sahélo-Sahariene autour de la munificence de Kankou Moussa en direction du Proche-Orient, jusqu’aux voyageurs et compilateurs Arabo-Berbères…Voilà à chaque époque sa réalité! Il faut gérer…
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