Allen Yero Emballo est le correspondant de RFI à Bissau, la capitale de la Guinée Bissau. Il faisait partie des journalistes qui ont participé à la formation sur « Enquêter et rapporter sur la corruption et le crime organisé dans le Sahel », organisé par l’Office des Nations unies sur la drogue et les crimes (UNODC). C’était du 24 au 27 novembre 2014 au Sénégal, plus précisément à Saly, au bord de la mer.
C’est en marge de cette rencontre que nous avons échangé avec lui, ce grand professionnel, qui a été diplomate, interprète et journaliste. Il est de la 9ème promotion du CESTI de Dakar. Il nous parle de sa carrière, de sa vie à Bissau et de la nouvelle station radio qu’il vient de créer à Bissau. Ce Bissau-guinéen se dit Africain, car il parle plusieurs langues du continent, y compris le bamanankan. Ce peulh est un journaliste chevronné. Il est marié, c’est-à-dire chef de famille comme il aime à le dire lui-même.
«Je suis communicateur, je fais le lien entre ceux qui nous écoutent et ceux qui préparent l’information, c’est-à-dire nous qui allons la chercher, la cuisiner et la servir à manger», ironise-t-il. Son expérience professionnelle lui a permis de s’intéresser à tout ce qui se passe autour de lui dans la sous-région. C’est lui qui a poussé à ouvrir, au niveau de radio Bombolo, un espace francophone, parce que, affirme-t-il, «nous nous parlons portugais, mais on a une forte communauté malienne chez nous, qui est là. C’est la première communauté en termes de discipline». «J’ai l’honneur de le dire, si tu fais le tour des prisons, tu ne trouveras aucun Malien. Ils travaillent, ils contribuent au développement du pays. Il y a des paysans maliens qui sont installés, il y a un même un village qui s’appelle Malibougou. Ce sont des Maliens qui y travaillent avec les Bissau-guinéens, en bonne harmonie», révèle Allen Yero Emballo.
Après ses études au CESTI, il a travaillé dans la diplomatie, au ministère des Affaires étrangères de son pays et il a servi dans certaines ambassades, notamment à Dakar, à Conakry et à Alger. C’est en 1988 qu’il est revenu, après avoir arrêté avec la diplomatie, pour faire cavalier seul. Entre 1990 et 1992, il a eu une bourse pour l’Inde, où il est allé à l’Institut de formation des journalistes du Tiers-monde. En 1993, il a eu une autre bourse pour l’Ecole de journalisme de Lille, puis il a commencé avec l’Agence France Presse, comme correspondant local et un an après, avec RFI. «Je suis avec RFI, c’est un mariage qui se passe bien, pour le bonheur des auditeurs de la radio mondiale. Je n’ai pas de problème, je m’exprime aussi bien en portugais qu’en français, ça ne pose pas de problème», explique-t-il.
C’est au compte de radio Bombolo que notre confrère a participé à la formation de la Croix-Rouge internationale, qui s’est déroulée du 2 au 5 novembre 2011. Bombolo, c’est le tronc d’arbre qui sert à communiquer, un moyen que les ancêtres d’Allen Yero Emballo utilisaient dans le passé. En dehors de cette radio, il a créé sa propre station en bande FM, qui s’appelle Radio Citoyen. «C’est en quelque sorte une école de formation parce que nous avons une autre façon d’informer», avoue-t-il. Cette radio a été inspirée de l’émission de Jean Jacques Bourdin de RSF. Allen Yero Emballo pense que le métier de journalisme est noble. «Rien n’est facile dans ce monde, le métier de journaliste n’est pas bien compris partout, nous avons des gens qui veulent faire de nous des instruments ou des outils pour atteindre leurs objectifs. Nous faisons des rois, nous faisons des chefs d’Etat qui, ensuite, se retournent contre nous, rien n’est facile. Mais, la jeune génération a plus de chance que nous, avec l’introduction de nouvelles techniques de communication», a-t-il conclu.
Kassim TRAORE