Brice Hortefeux à Bamako : Silence de l’Etat sur l’escalade des expulsions des Maliens de France

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Brice Hortefeux, ministre français de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du co-développement, séjourne au Mali depuis la nuit de lundi 26 novembre 2007. En principe, il doit quitter le Mali pour se rendre au Bénin. Si Brice Hortefeux fait le déplacement de Bamako dans l’espoir d’instaurer une relation de confiance et de partenariat dans la gestion des immigrés maliens en France, au Bénin, il souhaite finaliser un accord de gestion des flux migratoires. Bien qu’aucune signature d’un quelconque document n’était à l’ordre du jour lors de la visite de Brice Hortefeux au Mali, l’Association malienne des expulsés, dans une déclaration, a élevé une vive protestation.

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Au cours de son séjour malien, la délégation fran-çaise, conduite par Brice Hortefeux, a eu une séance de travail avec Badra Alou Macalou, ministre des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine et ses plus proches collaborateurs. Cette séance de travail qui a eu lieu à huis clos dans la salle de conférence du département chargé des maliens de l’extérieur, a été suivie d’un point de presse co-animé par les ministres français et malien. Au cours de ce point de presse, Badra Alou Macalou a indiqué que la séance de travail s’est passée dans un esprit de renforcement de l’amitié franco-malienne.            

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«Nous avons abordé tous les sujets sans tabou afin de donner satisfaction et à la France et au Mali», a-t-il déclaré. Il a précisé que les travaux ont essentiellement porté sur la circulation des personnes entre la France et le Mali.

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De son côté, le ministre Brice Hortefeux a indiqué que les responsables maliens et français ont discuté de la situation des Maliens résidents en France de façon régulière, mais surtout de ceux qu’ y résident de façon irrégulière. Pour lui, la nouvelle démarche de la France vise à une meilleure intégration des étrangers vivant sur son sol de manière légale. «Le temps n’est plus au fait qu’un État décide de manière unilatérale ce que seront ses rapports avec un autre État. Le Mali attend beaucoup du co-développement et la France est prête à faire beaucoup», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que la première rencontre qui vient de se passer sera suivie par d’autres, jusqu’à ce que le Mali et la France trouvent la forme convenable pour gérer les flux migratoires.

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Mais ces propos, bien que rassurants, ne sont pas de nature à amener l’Association des maliens expulsés (AME) à baisser la garde. Si la visite de Brice Hortefeux au Mali les a pris de court, ils ont néanmoins eu le temps de rédiger une déclaration de protestation. Mieux, Mamadou Keita, secrétaire général de l’association a attendu devant le ministère des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine, la sortie du ministre malien pour lire à haute voix les grandes lignes de la déclaration qui a été remise à la presse. Il en a profité pour inviter les nombreux journalistes à un meeting géant qu’ils envisageaient d’organiser dans la soirée à Korofina au siège de l’association.

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L’Association malienne des expulsés indique que Brice Hortefeux vient au Mali dans le but «de faire passer sa politique de réadmission qu’il a signée avec certains pays africains» avec le Mali dans le domaine de la gestion des flux migratoires. L’Association malienne des expulsés reproche à l’État malien d’avoir gardé un silence radio sur la visite du ministre français. «Le silence complet du gouvernement malien sur ce voyage traduit le mépris habituel qu’il porte à son opinion publique», a-t-elle- déclaré.  Néanmoins, l’AME a précisé que Brice Hortefeux est-ce ministre des « expulsions » qui se fixe pour objectif d’obtenir 25 000 expulsions d’immigrés par an de la France et la remise en cause de la situation administrative de 125 000 immigrés de toutes nationalités confondues.

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La déclaration a rappelé que les tentatives du gouvernement français de faire signer au Mali un accord de réadmission des expulsés se sont heurtées jusqu’ici à la réprobation unanime que soulèvent les expulsions brutales, inhumaines et illégales de la France. Selon l’AME, c’est pour ces raisons qu’ATT et son gouvernement ont refusé de signer cet accord en décembre 2006, notamment lors de la visite au Mali de Brigitte Girardin, précé-demment ministre français délégué à la coopération, au dévelop-pement et à la francophonie.

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«Ce refus légitime est resté, somme toute, inconséquent et hypocrite car le gouvernement malien non content de laisser faire et fermer les yeux sur l’escalade des expulsions quotidiennes de France sur les vols d’Air France, la CAM et Royal Air Maroc, se décharge ensuite complètement de l’accueil et de l’assistance aux expulsés», déclare l’AME. Selon son président, Ousmane Diarra, c’est l’Association malienne des expulsés, seule, qui assume sans moyens ce devoir de solidarité et d’assistance, alors qu’il existe un prétendu Haut conseil des Maliens de l’extérieur qui affiche un mépris total pour le sort des expulsés sous prétexte qu’ils ne sont plus des Maliens de l’extérieur dès lors qu’ils sont expulsés. Par ailleurs, l’AME croit fermement que la France veut arracher de force et par la corruption un accord de réadmission.

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«Tout laisse à le croire quand on voit que la visite du ministre des « expulsions » de la France se fait dans une discrétion inquiétante», estiment les militants responsables de l’AME. Ils se sont demandé : «ATT va-t-il persister dans le refus ? Ou bien va-t-il s’incliner à nouveau devant les dons de la France et de l’Union européenne, en allant à l’encontre des intérêts du Mali ?» 

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En attendant, l’association malienne des expulsés «à élevé la plus ferme protestation contre l’accueil du ministre Brice Hortefeux par le gouvernement malien et considère que toute relation de confiance et de partenariat avec le gouvernement de Sarkozy risque d’aboutir à un contrôle dangereux des migrations. Et l’État français va demander à l’administration malienne de se salir les mains à sa place. C’est une insulte à notre peuple».

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Assane Koné

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