L’Association des Maliens Expulsés (AME) a organisé un rassemblement de ses militants le samedi dernier en vue de procéder à une marche pacifique pour commémorer le 10è anniversaire de l’occupation de l’Eglise Saint Bernard de France par les immigrés. La cérémonie a tourné court car les marcheurs ont été conduits au Commissariat de police du 1er Arrondissement pour explications.
Prévue pour 9 heures du matin à la place de la Liberté, la marche n’a pu commencer à temps, en raison de l’absence d’un effectif consistant des militants de l’AME. C’est ainsi qu’elle fut reprogrammée pour 10 heures précises. Mais, peu avant, près d’une quarantaine de militants s’étaient déjà réunis. Les sons du tam-tam et les propos qu’ils tenaient ne pouvaient laisser aucun passant indifférent.
Pancartes, banderoles, plaques avaient été préparées pour la circonstance et étaient visibles à partir de la porte d’entrée du “Musée de Bamako” sis à la Place de la Liberté. Quelques curieux avaient bifurqué pour assister à la cérémonie qui profilait sous les murs du “Musée de Bamako”.
L’APPARITION SOUDAINE DES POLICIERS
Ainsi, à quelques 5 minutes de démarrage de la marche, des policiers ont déferlé sur les lieux à bord d’un pick-up. Armés de boucliers, de gaz lacrymogène et de matraques, ils se sont dirigés tout droit vers celui qui parlait au micro, à savoir le Directeur du Journal “Sanfin”. Puis, ce fut le tour du président de l’Association des Maliens Expulsés Ousmane Diarra et tous les autres militants, y compris la poignée de blancs qui avaient effectué le déplacement.
Signalons que l’itinéraire prévu pour les marcheurs devrait passer par le Carrefour des jeunes, la Prison centrale et la rue passant derrière le cimetière de Bamako-Coura pour aboutir à la Bourse du Travail où devrait se tenir un sit-in. L’objectif était de lancer un appel aux autorités maliennes pour soutenir les compatriotes immigrés dans les pays d’Europe ou d’Afrique et qui subissent permanemment des expulsions.
Aux dires du président de l’AME, les expulsés, à leur arrivée au pays, deviennent sans logement, sans emploi et sans ressources financières, donc vulnérables. On pouvait lire sur les banderoles “10 ans après Saint Bernard, les expulsions continuent”, “Non au silence coupable des autorités maliennes”, “Non à l’immigration sélective”, “Non à la loi Sarkhozy, la loi raciste”, entre autres.
POURQUOI L’INTERVENTION DE LA POLICE ?
Les éléments de la police dépêchés sur les lieux étaient envoyés par la Direction Nationale qui affirme ne pas avoir été informée. En effet, aux dires de Ousmane Diarra, l’AME a écrit à la mairie de la Commune III pour obtenir l’autorisation de marcher. La mairie a donc envoyé la correspondance au niveau du gouvernorat qui devrait informer les forces de l’ordre, mais qui ne l’a pas fait. C’est ainsi que le Directeur National de la Police a demandé aux membres de l’AME de surseoir à la marche.
De ce fait, les expulsés se sont donnés rendez-vous à la bourse du travail où il a été tenu le sit-in. Le message essentiel était d’interpeller les autorités maliennes à briser le silence pour soutenir les immigrés maliens qui subissent l’expulsion tous les jours.
Salifou BANGALI
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