Le lundi dernier, une cinquantaine de jeunes refoulés d’Algérie ont violement manifesté devant l’ambassade algérienne à Bamako. Les manifestants entendaient exprimer leur colère contre le traitement des autorités algériennes envers les migrants.
Plusieurs manifestants, précisément des expulsés, s’étaient rassemblés devant l’ambassade d’Algérie, en scandant des slogans hostiles contre les autorités algériennes. Les forces de l’ordre ont d’abord tenté d’interdire l’accès de l’ambassade avant de faire usage de gaz lacrymogènes, faisant des blessés. Des manifestants ont été arrêtés, des dégâts matériels ont été constatés sur la voie publique. La situation est redevenue calme dans l’après-midi.
Ces manifestants font partie des milliers de subsahariens dont de nombreux maliens qui avaient été arrêtés, puis expulsé par Alger. En effet, selon des témoignages, Alger se livre à une chasse aux subsahariens en état de déshérence. Entassés dans des moyens de transport de fortune, sans nourriture et dépossédés de leurs maigres économies, en proie au froid et à la faim, ces « pestiférés » seront parqués comme des bêtes sauvages dans des camps, avant d’être jetés hors des frontières.
A l’opposé de la Tunisie ou du Maroc, pays de grande tradition d’accueil et modèle d’intégration à l’échelle africaine, l’Algérie, hélas, a emprunté la voie du rejet, de la xénophobie et de l’ostracisme. Depuis le début du mois de décembre 2016, les autorités algériennes se sont lancé dans une surenchère xénophobe en arrêtant et expulsant les migrants originaires d’Afrique de l’Ouest. En faisant cela, l’Algérie se met à dos ses voisins régionaux «Les Maliens sont considérés comme des bêtes en Algérie», avait dénoncé Boubou Camara, l’un des expulsés en présence du représentant d’Amnesty International-Mali, El Béchir Singaré, qui se demandait comment un pays africain pouvait «se comporter de cette manière avec les ressortissants d’un autre pays africain?» Au mois d’août 2016, plus de 400 migrants maliens vivant à Tamanrasset avaient été rapatriés à Bamako où ils ont dénoncé des traitements inhumains. Sans susciter la moindre réaction des autorités maliennes.
Selon des chiffres non-officiels, ils sont 100 000 migrants de l’Afrique noire issus majoritairement du Mali, du Niger et du Burkina Faso, sur le sol algérien. La plupart travaillent illégalement et sont très souvent sous-payés, selon les groupes de défense des droits de l’homme.
Il est urgent que l’Union africaine et surtout des organisations de défense des droits de l’homme se saisissent de ce dossier des dérives d’Alger vis-à-vis des personnes étrangères en situation de précarité et de vulnérabilité.
Mémé Sanogo