Afflux des Maliens de Côte d’Ivoire :Un serpent de mer pour notre pays

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La crise postélectorale en Côte d’Ivoire continue de faire des victimes et certains de nos compatriotes en ont fait les frais. Depuis quelques mois, ils regagnent en groupe le pays. Malgré la bonne volonté des autorités la situation devient de plus en plus insoutenable. Car nombre d’entre eux ont quitté le Mali il y a plusieurs décennies, et ont du mal à s’adapter à la nouvelle donne.

Même si pour le moment les organismes chargés de refugiés parlent seulement de populations déplacées, il est difficile pour ces Maliens en détresse d’avoir une vie active normale. Parmi eux, beaucoup ont tout perdu argent, boulot, mobiliers et autres. Si certains ont pu regagner le pays avec l’aide de l’Etat, l’écrasante majorité se bat comme un beau diable pour fuir la terreur des milices ivoiriennes. Entre février et avril, la situation a connu une nouvelle tournure et pour se mettre à l’abri nos compatriotes ont choisi volontairement de regagner la patrie avant que l’alerte gouvernementale ne soit donnée. C’est d’abord grâce au dynamisme et à la bonne organisation des associations de ressortissants en Côte d’Ivoire, que la solidarité est devenue agissante. Pour en savoir plus sur l’atmosphère et le climat qui prévalent ainsi que les conditions de retour de nos compatriotes, nous avons rencontré certains.

Au parc des expositions de Bamako, il était 7 heures du matin quand un convoi de cars est arrivé avec à son bord plusieurs de nos compatriotes fuyant l’atrocité des milices pro-Gbagbo. Difficile d’être indifférent à la détresse de ces Maliens qui ont pour la plupart quitté leur pays pour la lagune. Les jeunes constituent l’ossature de cette troupe de désespérés et dépaysés. Ils arrivent dans un pays qu’ils ne connaissaient que de nom, même si leurs parents y sont originaires. «Je suis en Côte d’Ivoire depuis les premières heures de l’indépendance, tous mes enfants y sont nés et ont grandi là-bas. Vous le voyez, ils ne connaissent même pas les réalités du Mali, ils parlent à peine le bambara », nous a confié Yacouba Diarra originaire de Konobougou. Et un autre rapatrié d’ajouter « notre cas est grave. Lors des événements de 2000 j’ai fait partie des Maliens rapatriés par le gouvernement. C’est vrai qu’on nous a donné des terrains mais comme nous ne gagnons pas beaucoup au Mali, avec l’accalmie nous n’avons eu qu’un choix, vendre les terrains et retourner en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui nous ramassons les pots cassés », explique Sidi Diawara qui travaillait au port autonome d’Abidjan. Usés par la fatigue du long voyage et la faim, certains n’ont d’autre solution que de quémander.

Aux environs de 19 heures l’atmosphère est tout autre sur le site de la Febak, qui devient un véritable camp d’infortune où se dressent des tentes. Dans ce camp se côtoient des Maliens rapatriés de la Côte d’Ivoire et de la Libye. Dans la cour et à la porte, quelques éléments de la police font la ronde. Des agents du ministère des Maliens de l’extérieur, de la croix rouge malienne et d’autres Ong de défense des droits de l’homme, s’assurent que tout va bien pour nos compatriotes. Mais ici, la situation humanitaire donne à réfléchir. Même si un responsable du haut commissariat aux refugiés estime que la situation est sous contrôle et que sa structure travaille d’arrache pied avec les autorités maliennes. A la question de savoir combien sont nos compatriotes qui ont fui la guerre en RCI, notre interlocuteur reste pensif. Même son de cloche au ministre de tutelle où l’on se contente de dire qu’ils sont nombreux.

En tout cas, aux alentours du parc d’exposition et dans de nombreux endroits de la ville de Bamako, c’est une autre vie qui se crée. Si au marché et dans les salons de coiffure, une partie de la composante féminine de ces groupes de déplacés, s’illustre, certaines fréquentent les trottoirs, les maquis et autres bars chinois. Ce qui n’est pas sans conséquence dans le milieu des professionnelles du sexe : la guerre fait rage. A suivre

Mahamane Cissé

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