Comme annoncé, les Maliens attendaient de pied ferme le sommet Afrique – France pour voir le traitement qui serait réservé à la question de l’immigration. Le Président IBK, qui avait gardé son sang froid, est sorti de son silence pour faire les rumeurs, toutes les rumeurs, par rapport à un prétendu accord de réadmission signé entre le gouvernement malien et l’Union Européenne. Samedi, à la faveur de la conférence de presse que les Présidents IBK et Hollande ont animé au terme des travaux, le sujet a été soulevé par les journalistes.
Sur la question, le Chef de l’Etat malien a été clair et précis. Il s’est exprimé en ces termes: «c’est un sujet sensible. Le Sahel a cessé de nourrir son homme. L’insuffisance de la pluviométrie et le goût d’ailleurs poussent beaucoup de jeunes à aller en dehors de leur pays. Mais le plus grand nombre de nos compatriotes se trouve d’ailleurs dans nos pays.
Ces jeunes sont attirés par ce que certains de nos frères présents en Europe leur envoient comme image. Pour cela, ils risquent tout. Souvent, malheureusement, ils sont retrouvés morts dans la Méditerranée. Cette question ne devrait jamais faire l’objet d’un traitement politicien.
Récemment, on a entendu beaucoup. On a accusé le gouvernement d’avoir signé un accord de réadmission. Le Président Hollande est là: je dis que nous ne l’avons pas fait. Nous ne le ferons pas. Nous n’oserons pas ajouter à la misère physique humaine la misère morale.
Je sais ce que veut dire se sentir abandonné par son pays, dans la douleur. J’en ai parlé avec Angela Merkel. Je comprends parfaitement ce que cela pose comme problèmes aux pays européens. Nous agissons quand il s’agit de le faire. C’est faire tout pour retenir les nôtres. Nous en sommes sur le chemin. Des projets porteurs et créateurs d’emplois, pour que notre jeunesse, le plus grand nombre de nos populations, ne puisse pas avoir le sentiment de désespoir qui la pousse à affronter et à être sous le joug de néo-esclavagistes, qui n’hésitent pas une seconde à l’amener dans le désert et à l’abandonner.
Nous ne voulons plus que nos jeunes meurent dans la Méditerranée. Je pense que la France demeure le pays des Droits de l’Homme. Je crois que tout ce qui peut être fait au plan de la générosité, de l’humanité, sera fait. Nous savons qu’il y a des contraintes. Le débat n’est pas facile, à l’extérieur comme à l’intérieur. Certains font de cette affaire un sujet de débat national, mais à des fins douteuses, pour blesser et atteindre des politiques que nous aimons et qui sont nos amis.
Gardons-nous de faire des amalgames faciles. Essayons de voir les problèmes. Lors de ma campagne, j’ai dit que le sort des Maliens m’importait au plus haut degré. Parce que, partout où ils œuvrent, je me soucie d’eux. Parce que c’est mon propre ombilic quelque part.
Et les Maliens ne m’ont pas élu que pour cette cause. Ils m’ont élu dans un contexte de crise exacerbée, pour ramener en même temps l’espoir dans ce pays et avoir le souci de son honneur en toute circonstance. Quoi qu’il m’en coûte. Tel est mon devoir, ma mission. Nous devons comprendre en toute objectivité les problèmes que l’immigration clandestine pose à nos pays amis.
Dans les jours à venir, nos actions seront encore plus vigoureuses pour lutter contre tous ces passeurs, tous ces réseaux, dont certains ont fleuri et ont pris de l’ampleur à l’abri du terrorisme. Il y a un mélange dans le Sahel. Ce sont eux qui ne veulent pas de la paix dans le Sahel malien. Tous ces trafiquants de drogue, ces partisans du crime transfrontalier, sont également dans le passage clandestin de nos parents, qu’ils séduisent et qu’ils laissent morts dans le désert.
Cela est un problème très sérieux. En ce qui nous concerne, je ne doute pas un seul instant que le gouvernement français traitera cette question-là avec toute l’humanité possible, dans le contexte qui est le sien ».
A son tour, François Hollande déclarera: «Ce n’est pas une souffrance d’être en France. Nous devons travailler pour lutter contre l’immigration clandestine sur le continent européen. Je rappelle aussi que ces trafiquants alimentent le terrorisme. Nous devons être fermes sur ces objectifs. Si générosité il doit y avoir, je ne pense pas que ce ne soit qu’un simple mot. S’il doit avoir générosité, c’est dans les actions de développement de l’Afrique, pour sa croissance et pour l’éducation des jeunes garçons et filles, pour la santé, afin qu’ils puissent avoir une vie décente, pour lutter contre le réchauffement climatique.
Je pense que les Maliens qui se sont retrouvés en France de façon irrégulière ne veulent pas retourner au pays. Ne laissons pas penser que la France les maltraitera. La France applique ses lois, parce que ce sont les lois du peuple français, qui sont attachées aux libertés, mais qui sont liées aussi à des règles de vie que ce même peuple a décidées».
La Rédaction
La plus grave chose qu’un citoyen peut faire est de mentir sur son pouvoir.
Mr le Président, votre peuple vous fait confiance et vous sait loyal à son égard mais les malveillances et les malintentionnés n’auront de cesse à vouloir induire le peuple en erreur et cacher vos vraies, loyales et patriotes motivations pour le Mali.
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