J’ai commencé à fréquenter l’école à l’époque coloniale. Durant cette période, «ils» ont sélectionné certains concepts du genre «nos ancêtres les Gaulois», «Astérix et Obélix», «Vercingétorix» Que sais-je encore ? Pour les faire immigrer dans mon cogito. A cette époque, mes pères, oncles et frères étaient sollicités gentiment selon les cas, forcément, selon les circonstances pour défendre la patrie contre les envahisseurs. A cette époque, «à la claire fontaine», l’eau n’était pas trouble.
A cette époque, le sang et le corps de mes parents ont été immigrés vers la «mégapole». Ils ont servi à fertiliser leur sol, leur savoir-faire, bref en un mot, leur avenir et leur devenir. A cette époque, on chantait la marseillaise ; on évitait, en Afrique, la consommation du coq, notre emblème national. A cette époque, personne ne nous contestait notre droit à l’universalité.
Que ne fut donc pas notre surprise de voir qu’un Plutonien venu de partout sauf de la source de notre «claire fontaine», plutonien métamorphosé en tsunami, cherche à changer ce qui est établi.
– Le plutonien sait-il que notre logique à nous stipule que : «rien ne sert de partir à point, il faut courir et toujours courir ?» Ce n’est pas pour rien que vous avez inventé le TGV.
– Le plutonien sait-il que si bateau vient, nous on vient ; si avion vient, nous on vient et même si rien ne vient, nous on viendra quand même.
– Le plutonien sait-il que nous n’aimons pas être alignés et qu’en la matière le seul alignement que nous acceptons est celui des pensions des anciens combattants que l’on cherche à rendre combattus.
– Le plutonien sait-il que le village appartient certes au chef de village mais qu’il ne peut rien contre celui qui ne veut pas passer la nuit en vie ?
– Le plutonien sait-il que celui qui est à la recherche de l’infini ne saurait s’arrêter devant les fils de fer barbelés d’une frontière ?
– Le plutonien a-t-il donné un visa à la francophonie et à la francofolie pour qu’elles rentrent chez nous ?
– Plutonien, tu ne veux plus qu’on immigre ?, alors compense tout notre sang versé pour ta seconde patrie ?
– Plutonien, si nous devons t’applaudir, sache que nous le ferons avec le revers de la main. Tout politicien qui n’aime pas les applaudissements, passe pour un opportuniste crâneur.
Nous franchirons le pont d’Avignon pour aller nous abreuver dans la claire fontaine. Personne ne viendra nous apprendre à danser une «marche niaise». Le rythme de la marseillaise nous a suffisamment bercés «Immigrationnement» votre.
Mamadou roche Kéïta, cité des infinis, rue des
barbelés, angle des visas “