C’est une lapalissade que de dire : le monde est bâti sur les rapports de force. Les occidentaux ont si bien compris ce principe, qu’ils l’ont intégré dans leur pratique de gestion des relations aussi bien entre individus qu’entre Etats- nations. Aussi, en regardant dans le rétroviseur de l’histoire de l’humanité, ce qui frappe, c’est la permanence de la violence dans les rapports entre les hommes. Dans un groupe de « bilakoro », il y a toujours un garçon dominant qui dicte sa loi, sans état d’âme. Il en est ainsi des Etats- nations où pendant un certain temps, une nation dominante dicte sa loi au reste du monde. Depuis la « découverte du nouveau monde » par Christophe Colomb en 1492, ce sont les nations occidentales qui dictent leur loi au monde. L’Espagne, la France et l’Angleterre ont eu à jouer ce rôle et, depuis la fin de la dernière guerre mondiale(1945), il est dévolu aux Etats-Unis.
On constate hélas, qu’à travers l’histoire, que dans la quête boulimique et effrénée de leur bien-être, les occidentaux n’ont jamais hésité et n’hésitent jamais à utiliser la violence comme arme d’assujettissement. D’immenses fortunes ont été bâties sur les larmes et le sang d’autres peuples. L’histoire n’étant pas statique, la fin de la deuxième guerre mondiale a vu les peuples jadis dominés, opprimés, relever la tête et réclamer eux aussi leur place au soleil. Cette velléité des pays anciennement asservis à vouloir s’émanciper ne peut naturellement se faire sans la réaction des dominants. Alors, il faut trouver des subterfuges pour annihiler toutes les volontés émancipatrices de ces peuples. Et si, malgré tout, un pays commence à émerger, alors on utilisera la violence, le terrorisme d’Etat, pour l’anéantir et le ramener à l’âge de la pierre.
C’est ce qu’ils ont fait de l’Irak, ce qu’ils ont fait de la Libye et ailleurs ; c’est ce qu’ils veulent faire de la Syrie. Mais ce qu’ils ont volontairement ou inconsciemment occulté, ce sont les effets boomerang de la violence dont les actes commis au siège du journal satirique « Charlie Hebdo » et ceux de la semaine dernière n’en sont que des symptômes saillants. Passé le temps des grandes émotions, il leur serait peut-être profitable de méditer sur cet aphorisme tiré de la sagesse populaire malienne adressé à un individu qui culbute et qui tombe : «plutôt que d’en vouloir au lieu où tu as chuté, tu devrais plutôt t’en prendre au lieu où tu as culbuté».
C’est pour dire au brave peuple français en particulier et aux occidentaux en général, que ce qui s’est passé la semaine dernière à Paris est monstrueux, mais qu’ils réfléchissent et qu’il cherchent à savoir, le pourquoi de cette horreur. Rappelons qu’il y a moins d’un an, à Paris et dans toute la France, des hommes et des femmes ont battu le pavé, pour dire : « je suis Charlie ». Aujourd’hui après le drame survenu, avec plus de cent morts, ne pourrait-on pas se poser la question: « A présent, qui suis-je ? »
Wamseru A. Asama