Dans sa longue quête du pouvoir, il s’est mis au service des Saints (Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré). Ensuite, il s’est servi des démons (junte de Kati, Tomi Michel). L’objectif atteint en 2013, il tourne immédiatement le dos à ses bienfaiteurs et s’entoure d’une cour d’affidés qui garnissent les allées du pouvoir, de Sébénikoro à Koulouba. Aujourd’hui, le président IBK incarne aux yeux de l’opinion ce que les Maliens détestent : le manque de reconnaissance, promesses non tenues, goût (démesuré) du pouvoir, bourgeoise…
« En accédant au pouvoir, en septembre 2013, Ibrahim Boubacar Keïta a réalisé le rêve de sa vie. Pour lui, le pouvoir se résume au tapis rouge, aux voyages, aux sirènes et autres musiques de la fanfare militaire».
Cette réflexion d’un administrateur à la retraite résume en réalité un sentiment largement partagé aujourd’hui au sein de la population malienne. Une population à la fois déboussolée, dépitée et désabusée par la gestion d’un homme qui a tout mis en œuvre pour être président de la République. Mais, à l’exercice du pouvoir, le « vrai IBK » est apparu au grand jour, faisant amèrement regretter aux Maliens leurs suffrages (77%) qui lui ont permis d’être à la tête de l’Etat.
Le signe le plus évident de la méprise du président IBK sur le sens du vote des Maliens fut d’installer sa famille au cœur du pouvoir. Un fils n’ayant aucune expérience politique et administrative est élu (?) député et propulsé à la tête de Commission Défense et Sécurité de l’Assemblée nationale dans un pays en guerre. Pas moins de 4 neveux, beau-frère ou fils d’amis sont nommés au gouvernement. Les cabinets (Présidence et Ministère) obéissent à la même configuration. La conséquence immédiate a été le discrédit du Président et de l’action publique.
En effet, tout le parcours politique de IBK a été soigneusement tracé atteindre un seul objectif: accéder au pouvoir et l’exercer comme un Monarque !
Pour y parvenir, ce vieux routier de la politique malienne s’est mis au (service ?) successivement avec Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré, Amadou Aya Sanogo ainsi que des chefs religieux musulmans. Tout en entretenant des relations avec le sulfureux homme d’affaires Michel Tomi, réputé proche des milieux corses et magnat des jeux au Gabon et au Cameroun. Les marchés douteux sur l’achat de l’avion présidentiel, les prestations de société de sécurité proche de Michel Tomi ont rajouté au trouble.
IBK et Alpha Oumar Konaré. C’est à la faveur de l’accession de Konaré, que les Maliens découvrent un certain Ibrahim Boubacar Keïta. De simple militant de l’Adema, il est bombardé au poste de conseiller diplomatique, porte-parole du président de la République.
Très vite, ce conseiller se signala, en mal, à l’attention de tous à Koulouba. Il lui était reproché, entre autres, son goût immodéré pour le luxe, contrairement à un Alpha, réputé pour sa légendaire modestie. Le président Konaré est resté cet enseignant, humble, qui a toujours préféré ses «3 poches » aux grands boubous Bazin et autres costumes et cravates.
A Koulouba, le plus en vue dans le cabinet présidentiel était Ibrahim Boubacar Keïta dont les frasques dépassent l’enceinte du palais présidentiel. Et les Maliens ne tardent pas à découvrir le nouveau conseiller diplomatique qualifié de « conseiller qui dérange ».
Après un bref passage à Koulouba, IBK est nommé ambassadeur auprès de la Côte d’Ivoire, du Burkina et du Niger. Mais, il ne resta pas longtemps au bord de la lagune Ebrié et pour cause… Ensuite, le président Alpha Oumar Konaré le rappela à Bamako pour lui confier le poste de ministre des affaires étrangères…
En 1994, IBK s’installe à la Primature. Il est présenté comme étant un homme de poigne, capable de restaurer l’autorité de l’Etat et de mettre au pas les opposants et les étudiants. Aussitôt installé, IBK instaure la répression comme seul mode de gouvernance. Brutalités policières avec des jeunes policiers (les premiers contingents de Ninja du Gms) formés à la va-vite, arrestations d’opposants et de leaders estudiantins, interdiction de marches (des associations religieuses sont gazées) etc. sont autant de méthodes musclées utilisées pour mater toutes les formes de contestations. C’est ainsi que des leaders politiques de l’opposition et ceux du mouvement estudiantin sont emprisonnés suite à des mouvements, parfois violents à Bamako.
Durant six longues années, la dilapidation des ressources publiques, les folles dépenses… ont été érigées en système au sommet de l’Etat. Mais c’est sa réputation d’homme autoritaire qui retient l’attention de l’opinion. En vérité, beaucoup d’observateurs indiquent qu’il a surtout été un « bon exécutant », jamais un concepteur.
A l’époque, au sein de l’Adema (parti au pouvoir), l’administration et d’un cercle restreint du pouvoir, des critiques fusaient au sujet du premier ministre.
Au même moment, des membres du gouvernement critiquaient, en privé, leur chef : un homme qui brille par sa faible capacité de travail et son inaccessibilité. Des dossiers urgents pouvaient dormir sur sa table des semaines durant, sans un seul regard. Gare au ministre qui a l’outrecuidance de lui rappeler.
Toutefois, la Primature n’était guère à la mesure des ambitions d’un premier ministre qui était visiblement pressé de poser ses valises à Koulouba.
Dans son empressement, il multiplia les faux pas qui vont précipiter sa chute. Ejecté de la Primature, il est chassé de l’Adema en 2001. D’où la rupture entre Alpha O Konaré et IBK. Ingratitude ? Trahison ? Beaucoup de choses se disent sur la rupture entre les deux hommes.
Question : quel est aujourd’hui l’état des rapports entre IBK et Alpha O Konaré, qui a largement contribué à son ascension à l’Adema et surtout au sommet de l’Etat ?
IBK et ATT. Avec ATT, la stratégie de rapprochement, voire de collaboration est presque identique à celle utilisée par IBK auprès de Alpha. IBK aime le pouvoir et veut être toujours aux côtés de celui qui détient le pouvoir !
Après avoir apporté son soutien au candidat en 2002, il est propulsé à la présidence de l’Assemblée nationale avec la bénédiction de… ATT. Ensuite, il fut député à l’Assemblée et son parti, le RPM, participe au gouvernement jusqu’en mars 2012.
IBK, durant tout le mandat d’ATT, joue au faux opposant, tout en bénéficiant des privilèges, avantages et honneurs dus à son rang…
Pareillement, en fin stratège, le Vieux se tient en embuscade au cas où. Un double posture qui lui sera profitable après le coup d’Etat…
Deuxième question : Quels sont les rapports à présent entre Ibrahim Boubacar Keïta et cet autre bienfaiteur, Amadou Toumani Touré ?
IBK et la junte de Kati. En mars 2012, l’Etat s’effondre suite au stupide coup d’Etat perpétré par la bande à Sanogo. Et pourtant, ce coup de force des trouffions de Kati profite à certains politiciens pressés de venir aux affaires.
Dès lors, la garnison de Kati devient le point de ralliement d’hommes politiques, de religieux et d’affairistes… Chacun y allait avec ses calculs, ses intérêts et ses ambitions personnelles…
Aussitôt installés à Koulouba (pardon à Kati), les militaires ont ouvertement prouvé qu’ils ont pris le pouvoir pour IBK. Dès lors, les tractations entre Kati et Sébénicoro n’étaient qu’un secret de polichinelle pour les Maliens…
Mieux, IBK est resté très discret au moment du coup d’Etat, contrairement à Soumaïla Cissé qui avait fermement condamné ce putsch.
Fin tacticien, il avait pris soin de ne pas condamner le putsch militaire du capitaine Amadou Haya Sanogo et de la junte.
Par ailleurs, ceux qui ont la mémoire fraîche se rappelleront facilement que le Rpm a rapidement quitté le FDR (le front anti putsch) auquel il n’a d’ailleurs jamais adhéré réellement.
A l’époque, selon certaines sources, Haya et ses camarades confiaient en privé qu’ils « ont des chances d’être ménagés ou même d’être recasés » au cas où IBK viendrait au pouvoir. Dès lors, ils ont fait de l’élection d’IBK une question de vie ou de mort.
Effectivement, le moment venu, l’opinion a pu découvrir les moyens déployés, ainsi que les stratégies et intimidations employées dans et en dehors des garnisons pour faire élire IBK. « Coûte que coûte ! ». Le deal n’était plus un mystère.
Mais pour Tiébilé Dramé, président du Parena, le doute n’est guère permis : IBK s’est hissé sur les épaules de Sanogo pour accéder au pouvoir…
Plus édifiant : IBK lui-même a reconnu avant l’élection dans les colonnes de notre confrère Le Monde : « Je ne suis pas soutenu par les militaires, je suis soutenu par l’armée malienne dans son intégralité… ». Sans commentaire !
Le candidat d’alors devenu président a tourné le dos à Kati. Aujourd’hui, Amadou Haya et toute sa bande sont enfermés entre quatre murs…
IBK et les religieux. Durant sa carrière politique et surtout à l’approche de la présidentielle de 2013, IBK a joué à fond la carte de l’islam. Tout comme la junte dans les garnisons militaires, des chefs religieux musulmans ont mené campagne pour lui dans les mosquées.
Dans une stratégie savamment orchestrée de conquête du pouvoir, IBK s’est appuyé sur des responsables du Haut Conseil Islamique à travers son président Mahmoud Dicko. Aussi, une plateforme politico-religieuse baptisée « Sabati 2012 » a été créée pour les besoins de la cause : l’élection d’Ibrahim Boubacar Keïta. Pour « embellir » le décor, l’homme ne commence jamais ses discours sans citer quelques versets du Coran. Monsieur « Inch allah » était l’œuvre !
Partout et pour accéder au pouvoir, IBK tisse des réseaux insoupçonnés au sein des confréries et autres associations musulmanes.
Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré, Amadou Haya Sanogo, Mahmoud Dicko, le chérif de Nioro du Sahel Mohamed Ould Cheicknè… chacun de ces hommes ont joué un rôle prépondérant dans l’accession d’IBK à la magistrature suprême.
Aujourd’hui, l’exercice du pouvoir a révélé le vrai visage d’un président qui a « roulé tout le monde dans la farine ». Conséquence : il est en froid, pour ne pas dire en rupture, non seulement avec son peuple, mais aussi avec tous ses soutiens d’hier…
C H Sylla
Vous allez dire autre chose dans ce pays. Les mensonges et autres diffamations n’ont pas ternis l’image de ce cet grand homme d’Etat. Le slogan le Mali d’abord a tout son sens et c’est d’ailleurs dans son application que le président IBK s’est fait beaucoup d’ennemis. La gestion consensuelle est terminée et place au travail pour sortir le pays du gouffre dans lequel cette gestion consensuelle du pouvoir durant 20 ans l’a mis. Ce qui est certain c’est que le président IBK est là et cela jusqu’en 2023.
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