Prenons-le aux mots et interpellons-le à propos de son frère ATT !
La 13è édition de la Journée du Paysan, qui consacre le lancement officiel de la campagne agricole 2017-2018, a eu lieu la semaine dernière à Ségou, sous la présidence du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, en présence du ministre de l’Agriculture, Nango Dembélé, du président de l’APCAM, Bakary Togola, des représentants des Organisations paysannes, des membres du gouvernement et les présidents des institutions de la République.
Organisée depuis 2003 par l’APCAM, la Journée du Paysan est un cadre de dialogue direct entre le Président de la République et les producteurs agricoles autour des préoccupations majeures de la mise en œuvre des politiques de développement du secteur agricole.
“Investir dans l’emploi jeunes en milieu rural”, est le thème de cette 13è édition de la Journée du Paysan. Précédés par la tenue des journées préparatoires, les participants à ces journées ont fait des recommandations qui ont été portées à la connaissance du Président de la République, et parmi lesquelles on retient entre autres : la mise en place d’organisations formelles des jeunes ruraux ; le renforcement des capacités des jeunes ruraux sur les techniques innovantes de production agricole ; la création d’un fonds spécial dédié à l’emploi des jeunes ruraux ; l’élaboration et la signature du décret déterminant la nature, le taux et le montant des taxes et ristournes nécessaires pour couvrir les dépenses et charges votées par l’APCAM et les chambres régionales d’Agriculture. Les producteurs agricoles exigent le développement du système de cage flottante sur tous les plans d’eau pour lutter contre l’utilisation des dragues. Ils ont souhaité que 2% du budget d’État alloué au secteur agricole soient mis à la disposition de l’APCAM, et ont recommandé la reprise des institutions financières au profit des agriculteurs du nord du Mali. En réponse à ces préoccupations du monde paysan, le Président IBK s’est engagé à les réserver une attention particulière pour une meilleure campagne agricole 2017-2018.
Profitant donc de la tribune de cette 13ème édition de la Journée du Paysan, IBK a fait un pied de nez à ceux qui ne cessent de faire cas de ses nombreux voyages à l’étranger. “Je ne voyage pas pour le plaisir, mais je le fais pour le bien du Mali et des Maliens. Je voyage pour trouver de l’aide afin d’équiper notre armée… Abandonnons l’hypocrisie et l’égoïsme et donnons-nous la main pour faire face à l’essentiel qui est le développement de ce pays”, a-t-il lancé.
Hypocrisie et égoïsme, tenons-nous-en à ces mots du Président IBK pour l’interpeller à propos de ce qu’il advienne du « dossier » de « son frère ATT », car si nous avons bonne souvenance, c’est justement lors de la 12ème édition de la journée du Paysan, tenue à Baguineda, il y a juste un an, que le même IBK nous promettait une rencontre très prochaine avec ATT !
« Je suis reconnaissant à mon jeune frère Amadou Toumani Touré dit ATT etancien président de la République du Mali pour avoir initié la Journée du paysan. Beaucoup de choses se disent dans nos relations, mais je sais qu’il n’y a rien d’intrigue, ni de méchant. Merci pour l’instauration d’une journée agricole au Mali. ATT, à très bientôt ! », avait-il laissé entendre, alimentant ainsi à l’époque les débats à Bamako aussi bien dans les lieux de rassemblement publics que dans les rues de la capitale, dans les rouages de l’administration, les salons des ambassades et chancelleries, et les ateliers de travail…
« Hier, profondément choqués par le comportement de leur président qui n’a nullement fait mention du nom d’ATT lors de l’inauguration du Palais des sports de Hamdallaye ACI 2000 (près de 9 milliards de FCFA), mais surtout du barrage hydroélectrique de Félou (plus de 82 milliards de FCFA), les Maliens reconnaissent aujourd’hui « leur » IBK originel et original. Ils saluent le geste de clairvoyance de l’Homme (IBK) jadis connu et adulé pour son respect pour les valeurs cardinales de la société malienne : la gratitude, l’humilité, le respect de l’autre, la reconnaissance du mérite », avaient alors commenté certains éditorialistes.
« Au-delà de la reconnaissance unanime de la beauté du geste de Baguinéda, l’hommage d’IBK à ATT marque, de l’avis de beaucoup d’observateurs, la volonté du président de la République de se démarquer (dorénavant) de tous ces pyromanes (tapis dans l’ombre de l’administration et sous le landerneau politique) qui attisent les haines et les rancœurs », avaient clamé d’autres.
Ce n’était cependant pas la première fois que le Président IBK rendait hommage ATT, sans pour autant jamais réussir à s’impliquer personnellement pour le retour de ce dernier au bercail ! En effet, le 18 mars 2014, à l’occasion de l’inauguration de l’hôpital Sominé Dolo de Sévaré (Mopti), IBK disait : « On dit chez nous qu’il arrive qu’on prenne le frais sous un arbre que l’on n’a pas planté. Cet arbre-là a été planté par un homme qui est de la région, qui m’a précédé à cette charge : le président ATT. Oui, je ne suis pas un homme d’Etat qui tire à lui les choses d’aujourd’hui. Elles furent avant moi. A chacun son mérite. Ce projet a tenu à cœur et avec une forte et réelle conviction au président Amadou Toumani Touré.
Il est bon qu’au nom du pays, qu’au nom de la patrie, je lui rende ici hommage. IBK n’est pas ce qu’on appelle chez nous « hassidi ». IBK ne le sera jamais. Jamais de haine dans mon cœur. A chacun selon son mérite historiquement établi. Tel a été le Mali. Tel devrait rester le Mali. D’aucuns oublient allégrement ce que fut hier. Ce n’est pas mon cas et ce ne sera jamais mon cas. Je tenais à venir à Mopti pour dire cela. Mais aussi à rendre hommage à des hommes et des femmes de mérite ». Avec le recul, doit-on continuer à croire à un président qui ne fait jamais ce qu’il dit ? En tout cas pour la présente édition de la Journée du Paysan (13ème du genre), IBK veut encore qu’on lui croit aux mots, lorsque, parlant du thème choisi cette année, à savoir le chômage des jeunes, il dit ceci : “Quand je pense à ce problème, je ne peux pas fermer l’œil. Mon souhait est de trouver de l’emploi pour tous les Maliens pour qu’ils ne quittent plus le Mali pour aller chercher du travail ailleurs. Mon autre souhait est de voir les ressortissants d’autres pays venir chercher du travail au Mali”, ou encore quand il dit sur un autre registre : “Je ne suis pas fou du pouvoir, mais je suis fou du Mali. Ce qui compte pour moi, c’est le Mali. Dieu m’a confié le pouvoir de diriger le Mali et je ferai tout ce je peux faire pour le mettre sur la bonne voie”. Aux Maliens de juger donc !
Salif Diallo
Je dis: “Tout flatteur vit au dépens de celui qui l’écoute”. Un bon chef n’a pas besoin de se “dire”, il laisse ses actes parler éloquemment à sa place.
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