La crise internationale du pétrole n’est pas sans conséquence pour notre pays. Les vendeurs de carburants tirent le diable par la queue. Les clients ne sont pas non plus satisfaits.
Malgré les énormes efforts consentis par l’Etat pour maintenir les prix à la pompe à la portée des usagers, la satisfaction n’est pas au rendez-vous. Ce mécontentement se ressent durement surtout auprès des pétroliers dont certains craignent un dépôt de bilan si le marasme économique demeure.
Il y a moins d’une dizaine de jours, l’Office national du Pétrole (Onap), a procédé à une baisse conséquente de 15 F CFA sur le prix du litre à la pompe. Un mécanisme qui se fait selon un système de péréquation relativement au prix de l’essence sur le marché international. Il arrive que l’Etat renonce à une partie de ses droits sur le cordon douanier pour maintenir le cap et éviter la hausse drastique des tarifs pétroliers.
Depuis le 19 janvier 2023, l’essence super aussi bien que le gasoil ont connu cette baisse. Les nouveaux prix à la pompe sont de 866 F CFA pour le Supercarburant et 864 F CFA pour le gasoil. Ce qui a fait un léger soulagement au niveau des propriétaires de véhicules et d’engins à deux roues dont le ras-le-bol était perceptible depuis l’éclatement de la crise entre l’Ukraine et la Russie et qui serait à la base de cette crise internationale des hydrocarbures. Sinon de mémoire de Malien, le prix du carburant n’avait jamais atteint un tel seuil dans notre pays.
Les pétroliers se morfondent
Au moment où les usagers de la route, du moins les consommateurs d’hydrocarbures commencent à jeter un ouf de soulagement, les pétroliers, de leur côté, se morfondent dans la tristesse. Leur maître est la baisse constante de leur chiffre d’affaires. Selon T. T., fournisseur et propriétaire de plusieurs stations d’essence, ils sont de plus en plus boudés par leurs plus grandes clientèles que sont les citernes et les autres camions ros porteurs. « Nous réalisions 10 à 14 millions de F CFA de recettes par jour. Aujourd’hui, nous peinons à atteindre 5 millions de ventes », dit-il, déboussolé. « Voyez-vous, la baisse vertigineuse de notre chiffre d’affaires ? », s’interroge T. T. Celui-ci n’est pas le seul dans cette crise ambiante, d’autres préfèrent tout simplement digérer leur mal en silence. M. D, gérant d’une station d’essence de la place estime pour sa part qu’il a été obligé de diminuer le nombre de ses pompistes. Selon lui, ses clients se limitent aujourd’hui aux véhicules usagers dont la consommation de carburant n’est pas aussi élevée que celle des gros porteurs.
Les gros porteurs ou camions voyageurs qui avaient l’habitude de prendre jusqu’à plus de 1000 litres de carburant préfèrent en prendre entre 50 à 70 le temps de passer les frontières pour faire le plein du côté du voisin (Sénégal, Côte d’Ivoire, Burkina Faso) où ça coûte moins cher. Les prix sont relativement moins élevés que chez trois de nos voisins immédiats. Au Sénégal le litre du super à la pompe est de 990 F CFA contre 755 pour le gasoil, en Côte d’Ivoire, le litre du super coûte 815 FCFA et le gasoil 655 F CFA tandis qu’au Burkina, depuis le 18 août 2022, le prix de l’essence super est de 750 F CFA contre 675 F CFA pour le gasoil.
Abdrahamane Dicko