S’il y a de nos jours deux mots, deux termes que l’on entend à tout bout de champ, y compris dans le milieu rural où les langues européennes sont peu parlées, ce sont- bien progrès et développement.
Pourtant ces deux termes ne sont pas nouveaux puisque des auteurs anciens de l’Antiquité et du Moyen âge en ont largement parlé sans compter les philosophes du XVIIIè siècle qui en ont fait un bréviaire pour expliquer toute chose. Pour la période contemporaine et cela jusqu’en 1945, les deux notions furent tellement galvaudées que l’idée se répandit que les pays qui ne les portaient pas, étaient en dehors de la civilisation alors perçue comme seule valeur occidentale. Pour preuve la célèbre sentence de Jules Romain, romancier de renom (fin XIXè siècle) qui s’écria : “ Il n’a de civilisation que celle de l’Occident ! “
Maintenant l’humanité entière, au sud comme au nord, semble défendre les deux mots sans que les uns et les autres s’accordent sur les notes d’un même violon.
Pour les Européens, cela pourrait signifier les progrès de la science et des techniques allant de pair avec les avancées des droits de l’Homme. Pour les Américains, il signifie le développement exponentiel des NTIC et le nombre de dollars par tête d’habitant tandis que pour les Asiatiques, cela ressemble à l’explosion de l’informatique doublée du développement de la riziculture et de l’industrie textile. Mais pour beaucoup d’Africains, les deux termes signifient tout simplement avoir les moyens de manger à sa faim, de bien se soigner et pour la minorité des fonctionnaires, disposer d’un salaire décent. Ainsi qu’on le voit, d’un continent à l’autre, les deux vocables recouvrent des réalités différentes.
Le comble de la confusion est que les partis politiques spécialistes des projets de société pour leurs campagnes électorales, se sont accaparés des deux mots. En Afrique et cela depuis la démocratisation des régimes autoritaires vers 1989-1990, toutes les formations politiques majeures prennent la précaution de mettre l’un des deux termes ou les deux à la fois dans leur dénomination. Les hommes politiques donnent l’impression que sans cela, on ne les prend pas au sérieux. Mais on s’aperçoit de leur malaise lors des débats à la TV ou à la radio nationale, quand invités à une émission, ils se lancent dans des explications entortillées qui en disent long sur leur méconnaissance profonde de cette sémantique.
C’est vrai que savoir parler en public est un autre exercice que ces messieurs et ces dames ne maîtrisent pas forcément. Il est vrai aussi qu’avoir de l’argent au point d’avoir des ambitions politiques en créant son propre parti politique, ne suffit pas pour devenir un homme politique d’envergure et de destin national.
Facoh Donki Diarra
écrivain Konibabougou