Houleuses manifestations contre le pouvoir à Bamako : Des leçons à en tirer

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Le président de la République a essuyé, le 5 juin dernier, des cris de colère de manifestants déchaînés prêts à renverser les institutions.

 « IBK et Karim dégagez ! », « IBK, démission ! », « IBK, dégage ! », « IBK, on en a marre ! ». Ce sont là quelques-uns des cris de protestations de milliers de personnes amassées à la Place de l’Indépendance pour dire leur désapprobation de la conduite des affaires du pays.

Et Pr Salikou Sanogo de marteler avec fermeté les revendications fortes des manifestants : « la  reconstruction des forces armées et de sécurité, la préservation de l’intégrité territoriale du Mali, une gouvernance vertueuse garantissant la paix, la sécurité, la justice et la réconciliation nationale, la priorisation de l’éducation et de la santé,  la garantie de l’accès aux services sociaux de base et aux infrastructures, la restauration de l’Etat de droit par la consolidation de la démocratie ». Et l’imam Dicko autoproclamé, porte-parole du peuple Malien, de déclarer sous les ovations : « La grande nation du Mali, bâtisseur des empires, n’est pas un peuple soumis, n’est pas un peuple résigné mais un peuple débout ».

Tous les intervenants ont insisté sur le fait que le pays n’est pas bien dirigé, « le conducteur du véhicule Mali est en train de faire trop d’accidents et il faut simplement lui retirer le permis », selon la boutade du Dr Choguel Kokalla Maïga du FSD. Idem pour l’imam Mahmoud Dicko, Cheick Oumar Sissoko, Dr Oumar Mariko, Me Mountaga Tall, Général Moussa Sinko Coulibaly, Konimba Sidibé, Pr Salikou Sanogo, Me Mohamed Ali Bathily, Nouhoum Sarr, Me Hassane Barry, Nouhoum Togo, etc, qui ont tous déploré « la non-gouvernance ou la mal-gouvernance » du pays et plaidé pour que « IBK quitte le pouvoir ».

Eu égard à la mobilisation enregistrée et à la présidence d’une bonne partie de la classe politique et de la société civile, le chef de l’Etat doit prêter une oreille attentive à ces récriminations contre la gouvernance pour en tirer toutes les conséquences. Et l’imam Mahmoud Dicko de menacer ouvertement le pouvoir : « Cette mobilisation n’est qu’un début contre le régime IBK. Il va continuer. Je jure que si ce rassemblement ne lui sert pas de leçon, l’histoire racontera la manière dont son pouvoir prendra fin », a-t-prévenu. 

Il serait suicidaire pour le pouvoir d’ignorer les messages forts du vendredi 5 juin, surtout que le pays est à la veille de la formation d’un nouveau gouvernement.

Un nouveau dialogue s’impose.

IBK doit faire en sorte que les déceptions et mécontentements exprimés l’incitent à l’ouverture d’un dialogue politique plus inclusif et porteur d’une nouvelle dynamique de gouvernance. Car, cette manifestation doit aussi être considérée comme une soif de changement, un appel à redresser la barre fortement inclinée vers la déchéance du pays. Il s’agit de changer de cap face au laisser-aller, à une sorte d’abandon des manettes du pouvoir, un défaitisme dans la conduite même des affaires d’un pays aussi éprouvé par la crise multidimensionnelle qu’il traverse depuis 2012.

En outre, le chef de l’Etat doit chercher à faire baisser la tension politique dans le pays en s’adressant par exemple à ses compatriotes. Il mettrait à profit cette occasion pour faire des annonces fortes concernant le prochain gouvernement et les futures réformes politiques et institutionnelles.

En clair, l’urgence d’un gouvernement de large union nationale s’impose à plus d’un titre et permettra de rapprocher les protagonistes. Ce qui conduira à trouver, avec les leaders protestataires, des pistes de décisions au plan administratif et politique pour faire face aux nombreux défis qui assaillent le pays : l’école, la sécurité des personnes et des biens, l’Accord pour la paix, l’armée, la pandémie du covid-19, la vie chère, etc. C’est à ce prix, que IBK se donnera des chances réelles de terminer tranquillement son mandat à la tête du pays et aider à relever le pays.

Malick Camara

 

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