Honorable Bananzole Bourama : Un Dieu villageois

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Certains le qualifient de violent et d’agressif. Il croit avoir un droit sur toute  âme vivant dans son territoire. Et quelque soient votre rang et grade social, il vous dicte sa loi. Dans la Commune rurale de Ouéléssébougou, l’honorable Bourama Tidiane Traoré vit en terre conquise. On le craint, on lui obéit à l’œil et au doigt tel un Dieu grec.

 De l’avis de bon nombre d’observateurs, ce n’est pas pour rien que cet aventurier devant l’Eternel s’est converti en politique. Il se dit que Bourama Tidiane Traoré nourrit en soi une  grande soif de vengeance. L’on soutient aussi que l’élu de Ouéléssébougou est jaloux de la réussite des autres, dans son entourage il ne veut voir personne plus heureuse que lui, en témoignent ses co-aventuriers au Congo qui se sont réjouis de son retour au bercail pour faire de la politique ; une vie politique que Bourama Tidiane mène conjointement avec ses affaires à l’étranger. Il n’a pas encore renoncé à l’aventure et passerait plus de temps dans ses magasins au Congo qu’à l’Assemblée nationale. Nonobstant ce temps restreint, il dicte sa “loi” au village que nul n’a le droit de violer.

Dans la Commune rurale de Ouéléssébougou chez lui au village, dit-on, tout le monde fait les frais des caprices de l’honorable Bourama Tidiane Traoré : juge, commandant de brigade, sous-préfet, ils sont tous obligés de partager ses idéaux ou de plier les bagages. C’est dans ces mêmes circonstances que le juge Diadié Touré aurait été muté, le commandant de brigade de gendarmerie aussi. L’ancien maire Yeah Samaké, ne pouvant plus supporter les coups, aurait été obligé de renoncer à son mandat pour être ambassadeur en Inde. Il nous revient aussi que Yeah Samaké et Bananzolé Bourama avaient failli en venir aux mains maintes fois.

La dernière personne que l’honorable Bourama T. Traoré peine à faire partir de “chez lui” est  le sous-préfet Modibo Diarra. L’élu de Ouéléssébougou, dans ses sorties médiatiques, dit avoir adressé plusieurs correspondances au ministère de l’Administration territoriale demandant le départ du sous-préfet de “chez lui”.

Ces correspondances aux contenus douteux, nous indique-t-on, sont bourrées d’accusations infondées. L’honorable Bourama Tidiane Traoré accuse le sous-préfet d’avoir, sans le consentement d’une autre autorité coutumière ou administrative, morcelé 100 hectares dans le village de Zélani dans la Commune rurale de Ouéléssébougou.

Sans faire l’avocat du diable, il faut noter qu’il n’est pas forcément demandé d’être  dans les secrets  de l’administration foncière pour savoir qu’un sous-préfet à lui seul n’a pas compétence de morceler tous ses hectares. Du coup, à travers cette déclaration, l’honorable Tidiane donne raison à ses nombreux détracteurs qui soutiennent qu’il ne serait pas méconnu des services psychiatres du Congo-Brazzaville. Ce pays qui l’a accueilli pendant de longues  années.

Un spéculateur foncier caché derrière des gestes de solidarité

C’est vrai Bananzolé Bourama est le seul député à l’Assemblée nationale à avoir initié des primes à l’endroit des chefs de village de sa circonscription électorale. A chacun de ces chefs de villages, Bourama Tidiane donnerait 35 000 F CFA tous les trois mois. Si l’élu  d’Ouéléssébougou fait ce geste au nom de la solidarité, beaucoup de chefs de village, au fil du temps, ont compris qu’ils percevaient ainsi le prix de leur silence.

Avec ces primes, ils se voient dans l’obligation de ne pouvoir rien refuser à leur “bienfaiteur”. A l’image du défunt chef de village de Bananzolé, beaucoup de chefs de village ont arrêté de percevoir le “prix” de leur silence de la part de l’honorable Bourama T. Traoré.

Le défunt chef de village de Bananzolé (paix à son âme) avait arrêté de percevoir les 35 000 F CFA de l’honorable Traoré quand ce dernier a voulu l’induire dans une grosse et sale affaire foncière. De quoi s’agit-il ?

L’affaire remonte aux années 2002-2003. Les autorités coutumières de Bananzolé décident de doter le village de trois salles de classes. Les jeunes du village adhèrent à l’initiative et parviennent à construire les salles de classes qui ont été toutes faites des briques en terre. Après une seule année académique les classes construites en briques en banco ne résistent pas aux pluies hivernales et s’écroulent. Les jeunes du village décident de refaire les classes encore avec les mêmes briques en banco les moyens financiers manquant pour construire en dur avec du ciment.

C’est au moment de cette seconde tentative que Bourama Tidiane Traoré, alors aventurier en visite au village, SERAIT entré dans la danse. Influent grâce à sa puissance financière, Bourama Tidiane Traoré aurait proposé aux autorités coutumières de les accompagner financièrement dans la construction des salles de classes, cette fois-ci en dur. Pour ce faire, il sera légèrement appuyé par d’autres bonnes volontés, des ressortissants des villages résidant à l’étranger.

C’est le terrain sur lequel se trouve l’école de Bananzolé qui pose aujourd’hui problème. A la recherche d’un bon emplacement pour l’école, les autorités coutumières du village ont demandé à une certaine famille Traoré un espace d’un hectare sur leur terrain coutumier. Demande accordée ! Les salles de classes avec le logement des enseignants (qui n’était pas prévu), les constructions dépassent l’espace demandé (1 hectare), mais la famille Traoré n’en fait pas un problème puisque, dit-on, il s’agit d’une cause noble ! Et tout allait pour le mieux jusqu’à ce Bourama Tidiane Traoré a eu des ambitions politiques et devienne député de la localité en 2013, soit plus de 10 ans après.

Elu député, Bananzolé Bourama a très vite eu goût aux affaires politiques. Comme première ambition, il aurait décidé de faire main basse sur le reste de l’espace coutumier de la famille Traoré sur lequel est construite l’école. Comme preuves de ses allégations, nous confie-t-on, le spéculateur foncier (qui manque certainement d’expérience dans le domaine) avance que l’espace prévu pour la construction de l’école était de 6 hectares. Et demande du coup la démolition des habitations de la famille Traoré. C’est à côté de ces habitations au bord de la route à Bananzolé que l’espace pour l’école a été mis à la disposition du village par la famille Traoré : “Il aurait même tenté de mobiliser la jeunesse pour démolir nos habitations, mais elle (la jeunesse) a refusé”, nous confie un membre de la famille Traoré.

Après cet échec, l’honorable Bourama Tidiane aurait alors tapé à toutes les portes sans avoir satisfaction. Le ministère en charge des Affaires foncières, indique-t-on, a dépêché plusieurs fois des techniciens sur les lieux à Bananzolé sans jamais pouvoir donner raison à l’honorable Traoré.

C’est suite à la même affaire foncière que l’honorable Traoré aurait suscité le départ de “chez lui” de l’ancien commandant de brigade de gendarmerie et l’ancien juge Diadié Touré. Les deux, avant d’agir, demandaient juste des documents attestant l’attribution de l’espace pour la construction de l’école. Ce que l’honorable Traoré n’a pas jusque-là pu produire : “Il n’y en a pas, même pour le 1 hectare demandé on en a juste  discuté entre notabilités”, indique la même source de la famille Traoré.

Si l’ancien commandant de brigade a quitté chez Bananzolé Bourama sans incident, ça n’a pas été le cas pour le juge Diadié Touré. Celui-ci devra son départ précipité suite à une altercation en novembre 2014 qui a très mal tournée pour l’honorable Traoré. Que s’est-il passé ce jour-là ?

Croyant avoir un droit sur tout le monde, l’honorable Bourama Tidiane Traoré s’était rendu au bureau du juge Diadié Touré pour lui cracher ses vérités dans l’affaire foncière qui l’oppose à la famille Traoré. Avec ses écarts de langage, le juge Diadié Touré lui a intimé l’ordre de quitter son bureau. Niet ! Bourama T. Traoré se sentant offensé dans sa peau d’honorable député et son agressivité aidant, a manifesté par des gestes l’intention de porter la main sur le jeune juge. Malheureusement, son adversaire plus agile a raison sur lui malgré ses incessantes activités physiques et sportives dont il se vante parfois (voir photo).

Djibril Samaké

 

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