Hommage au camarade Amadou Seydou Traore dit Amadou Djicoroni

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Jour pour jour, voilà une année celui-là que nous considérions comme notre grand père, notre père, notre camarade de lutte Amadou Djicoroni nous quitta. En toute honnêteté ou plutôt au sens noble du terme notre maître à penser Amadou Djicoroni était pour nous une éducation, un état d’âme, un enseignement, un monument vivant, une référence, une autorité culturelle et morale…

Le sage Amadou Hampate Bah nous dit : « La vie sur cette terre n’est pas sans fin, nous sommes tous des étrangers de passage, avant qu’ils ne regagnent leur dernière demeure, hâtons-nous d’aller recueillir la parole de nos aïeux, car en Afrique lorsqu’un vieillard meurt c’est comme une bibliothèque qui brûle. »  Nous avions suivi ce sage conseil à la lettre, nous nous sommes empressés pour aller à l’écoute du Camarade Amadou Djicoroni.

Le camarade Amadou Djicoroni était pour nous un homme d’ensemencer, ils nous ensemencer l’esprit c’est à dire il nous rendait intelligent. Il nous a enseigné la droiture, le désintéressement, l’amour de la partie, à travers lui nous avons connu le Soudan d’alors, le Mali d’aujourd’hui, le Mali de Mamadou Konaté, de Modibo Kéita, ce Mali qui était connu et respecté à l’échelle internationale, ce Mali qui avait une voix et une place dans le concert des nations, ce Mali que nous, la jeunesse malienne, regrettons jusqu’au plus profond de nous-mêmes.

Selon Martin Luther King : « Si un homme ne trouve pas un idéal pour lequel il veuille mourir, il a perdu le sens de la vie », cet idéal notre camarade-père l’avait trouvé et c’était de défendre la cause du Mali. N’eût été le courage et l’engagement du camarade Amadou Djicoroni, nous, la jeune génération malienne, allions rester dans ce blackout total sur les œuvres des libérateurs de la République du Mali qui sont le Président Modibo Keita et ses illustres compagnons. Et, ayons le courage de le dire les moyens du camarade Amadou étaient très modestes mais il a su se battre avec abnégation et les moyens de bord pour nous éditer des livres sur les combats menés par Mamadou Konate, Modibo Kéita et leurs illustres compagnons, leur lutte pour la libération nationale et africaine, leurs projets pour l’édification de la nation malienne. Les livres du Camarade Amadou Djicoroni sont à lire et relire de la première à la quatrième couverture.

En ce qui me concerne, le camarade Amadou Djicoroni faisait partie en dehors ma famille, les peu de personnes à qui j’avais fait la promesse d’écrire sur le Président Modibo Keita. Et, malgré ces 88 ans sonnés, il avait lu le draft de mon ouvrage ‘Modibo Keita, La Renaissance Malienne’ 160 pages format A4. Dans ses commentaires, il a écrit : « Bon courage et encore une fois toutes mes félicitations car tu m’as administré la preuve que tu es un relais sûr de la pensée des pères fondateurs. La perfection n’est pas de ce monde. Ton mérite est grand. Tu pourras guider ceux qui veulent aller de l’avant en s’appuyant sur la vérité et en s’inspirant des meilleurs exemples. Bravo !!!!!!!! »

Veuillez honorer la mémoire du camarade Amadou Seydou Traore dit Amadou Djicoroni

A travers ces lignes, l’auteur demande humblement au gouvernement Malien ainsi qu’au Président Ibrahim Boubacar Kéita d’honorer la mémoire du camarade Amadou Djicoroni. Avant sa mort l’un des derniers vœux du doyen était : ‘pas de décoration a fortiori des funérailles nationales’. Malheureusement, ses désirs n’ont pas été respectés par les autorités maliennes le jour de son enterrement. A notre humble avis, pour remédier ce fait, le Président IBK et son gouvernement doivent honorer la mémoire du camarade Amadou Djicoroni. Selon nous, la manière la plus noble pour honorer la mémoire de ce grand esprit, de ce patriote serait d’attribuer son nom à la Bibliothèque nationale qui changera pour devenir « Bibliothèque nationale Amadou Seydou Traore ».

En effet, la motivation derrière cette requête auprès du gouvernement malien est loin d’être fortuite. En réalité, la grande majorité de la population malienne ignore notre histoire pré et post-indépendantiste et surtout celle de l’édification du Mali postcolonial. Pour mémoire, avant que le Mali n’accède à la souveraineté nationale Amadou Seydou Traore était le propriétaire d’une librairie et son enseigne d’alors était : « Librairie de l’Etoile Noire»[1]. Selon les propres termes de Pierre Campmas : « (…) Une librairie, où l’on pouvait trouver, choses alors rares en Afrique, tous les classiques du marxisme-léninisme.[2] »

En janvier 1961, soit cinq (5) mois après l’après l’accession à la souveraineté nationale le camarade Amadou Djicoroni l’en fait don à l’État malien avec un actif de 52.000.000 F C.F.A. et un véhicule. En février 1962 l’Assemblée Nationale du Mali a consacré l’acceptation de ce don par le vote d’une loi portant sur la création d’une Société d’État dénommée : Librairie Populaire du Mali [3] avec des succursales un peu partout dans le Mali.

A la lumière de ce qui précède, nous pensons qu’il sera juste et sage d’attribuer le nom de ce digne fils du Mali à notre bibliothèque nationale. A n’en pas douter, le camarade Amadou Djicoroni était un patriote, il avait le Mali dans son cœur et non sur ses lèvres et il a donné tout ce qui était à son pouvoir, tangible ou intangible, pour cause la malienne.

Honorer la mémoire du camarade Amadou Djicoroni en attribuant son nom à la bibliothèque nationale est pour nous la manière la plus juste pour récompenser ce digne fils du Mali, ce combattant anticolonialiste, ce nationaliste fervent, ce héros de l’indépendance qui fut avec certains de leurs camarades, le Président Modibo Kéita à leur tête, trainés dans la boue après le coup d’Etat du 19 novembre 1968. Comme beaucoup de ses compagnons, le camarade Amadou Djicoroni fut arbitrairement détenu pendant 10 ans sans jugement dans les geôles infernales de Kidal.

Ainsi, par la présente nous demandons aux autorités publiques d’immortaliser le camarade Amadou Djicoroni pour ce qu’il a été et ce qu’il a fait pour le Mali. Et, nous pensons comme susmentionné que la manière la plus juste serait d’attribuer son nom à la bibliothèque nationale.

Merci pour tout tonton Amadou Seydou Traore dit Amadou Djicoroni.

04 septembre 2017

Atlanta, Georgia 

Issa Balla Moussa Sangaré

Simple citoyen malien

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12 COMMENTAIRES

  1. Dans l’arbre il y a la sève et les vers qui sont sous l’écorce.
    Je pense que des vœux de paix à son âme peuvent être exprimés .
    Mais aller loin c’est entendre des révélations qui ébranleront la cité.
    Alors remettons à Dieu son élévation

  2. Que Dieu lui pardonne et l’accueille dans son paradis Amen! Amadou était un phare pour moi, un vrai patriote, même si plusieurs générations nous séparaient. C’était quelqu’un de très simple, humble malgré son parcours exceptionnel. Je suis heureux de constater que d’autres jeunes maliens partagent la même fibre patriotique, léguée par lui et ses compagnons. Nous ferons le Mali inchn Allah!

  3. Un patriote avéré AMADOU Djikoroni. Dors en paix éternelle de Dieu parmi les héros.

  4. PEUT-ETRE APRES CE REGIME QUI NE PENSE QU’A DETOURNER LES DENIERS PUBLICS. UNE CHOSE EST SURE C’EST DISONS RAS BATH QUI VA DECILLER LES YEUX DES MALIENS AFIN QU’ILS SE LEVENT UN BEAU MATIN ET DIRE NON POUR QUE LES CHOSES CHANGENT. ET C’EST TRES IMMINENT!

  5. Je souscris à la proposition de baptiser la Bibliothèque Nationale du Mali en son nom. Il le mérite amplement.

  6. Le vieux Amadou Seydou TRAORE, connu sous le sobriquet “Amadou Djicoroni”, a été de tous les combats, avant et après l’indépendance du Mali. Il a connu la prison avec certains camarades dont Modibo KEITA, Premier President de la Republique, le père de l’indépendance du Mali. Il était très actif , a publié plusieurs ouvrages qui serviront de guide pour les générations futures. Son volontarisme pour l’unité du pays n’a jamais fait défaut . Sauf qu’en politique le patriotisme de la génération d’Amadou Djicoroni est different de celui de l’ère “démocratique “. Cette nouvelle ère est animée par des hommes et des femmes, ignorant volontairement la dignité et l’honneur . Sous Modibo KEITA, aucun responsable ne possédait le million du franc malien . Après lui , d’après les maliens “la dictature militaire”, de GMT ensuite le parti unique toujours sous GMT, les responsables avaient encore peurs. Il y avait des millionnaires civils et militaires. À partir de 1991, période dite “démocratique “, le Mali a perdu tout meme l’essentiel : la dignité et l’honneur. C’est encore sous cette démocratie que le vol des cadres a été dépénalisé . Les Présidents de la Republique, les Ministres , les Directeurs généraux et autres ont volé et volent encore sans crainte, parce qu’il ont tellement volé qu’ils sont convaincus ne jamais dormir en prison . Aujourd’hui au Mali de 1991 à nos jours, il y a des milliers d’hommes politiques, de fonctionnaires milliardaires . Rien qu’avec la nouvelle formule “IBK”, puisque c’est sous lui que nous avons entendu et connu “Sur facturation”, opération menée par des Ministres et hauts fonctionnaires de l’Etat. En quelques mois seulement , tous les acteurs deviennent des miliadaires . Il sera difficile pour ce patriote Amadou Djicoroni de convaincre la génération actuelle . A l’indépendance , le vol et autres crimes et délits commis par un membre de la famille était une humiliation pour toute la famille , aujourd’hui le vol et autres crimes économiques meme perpétrés au préjudice de l’Etat est une fierté . Alors rendons hommage aux vrais maliens qui ont contribué à l’indépendance du Mali, avec comme devise Un Peuple-un But-Une foi. Aujourd’hui rien qu’avec le projet de référendum , les autorités actuelles du Mali, voulaient renoncer à cette devise chère aux maliens. Il a fallu un sursaut national pour dire non, sinon notre pays allait être divisé sur instruction de la France, qui pour défendre ses propres intérêts parle au nom de la communauté internationale . A Amadou Djicoroni , notre reconnaissance, paix à son âme .

    • Le Mali lui doit reconnaissance. Au lieu d’immirtaliser nos patriotes, des rues , hopitaux et autres sont toujours rebatises au nom des etrangers qui n’ont rien apporte au pays que la misere . Cet homme merite plus que la bibiotheque Nationale . Pourtant de son vivant, il a bien dit a ses enfants qu’a sa mort , je ne veux pas de decoration . Rebatiser la Bibiotheque Nationale en son nom , n’est que justice. Il n’est pas le seul, d’autres batisseurs sont oublies, pour des considerations politiques. En tout etat de cause, ils valent mieux que ceux qui pillent les maigres ressources du pays, ou qui sucent le sang des maliens tout ca au nom de la democratie.

  7. Vivement une Fondation AST alias À.jikoroni afin de continuer son œuvre monumentale et sa bibliothèque et ses archives,une mine.
    RIP mon ami

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