Hommage à Lamine Tiecoura Coulibaly : Je témoigne

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« Le monde est une scène de théâtre où chacun joue son rôle et disparait ». Notre confrère de l’Ortm, Lamine Tiécoura Coulibaly, vient de confirmer cette assertion du philosophe. Brutalement, il nous a quittés le samedi  23 avril dernier,  à la suite d’une courte maladie. Ce décès est une immense perte pour l’Ortm et au-delà, pour l’ensemble de la presse malienne. Humble, courtois et toujours disponible, Lamine  Tiécoura est parti comme il a vécu dans la plus grande discrétion.

C’est par le pur hasard que j’ai coïncidé  avec l’annonce de son décès sur l’Ortm. Tétanisé, bouleversé et estomaqué par la triste nouvelle, j’ai mis quelques temps avant de retrouver mes esprits. Parce que je venais de perdre  un maître, un grand frère et un conseiller. Certes, la mort vient de réussir un grand coup, mais elle n’a pas gagné la partie. Pour la simple raison que notre confrère demeurera à jamais dans nos mémoires.

Mes  relations avec Lamine Tiécoura Coulibaly ont débuté dans les années 1998,  au sein de la Rédaction du journal Le Républicain, où j’étais journaliste stagiaire. Tous les soirs à la descente, il venait au siège du journal, et jetait un coup d’œil sur les différents journaux de la place. Un jour, j’ai compris qu’il est un ancien du «Républicain » quand le directeur de publication, Ibrahim Traoré, lui a demandé d’écrire souvent des articles pour le journal, malgré qu’il soit parti à l’Ortm. Très discipliné, il a répondu par un sourire qui traduisit son accord par rapport à la sollicitation. Ce jour-là, je me suis dit qu’en plus des conseils et de l’assistance  des  ainés comme Cheick Hamalah Sylla, Sékou Tamboura, Boukary Daou, Daouda Coulibaly, Abdoulaye Niangaly, ce monsieur pouvait m’apporter beaucoup dans ma passion pour la plume. Dès lors, je me suis « collé » à Lamine Tiécoura, et chaque soir dès qu’il arrive je le rejoins dans la cour pour échanger  avec lui. Fidèle dans ses rapports et doté d’un sens élevé du social, l’homme a vite compris ma démarche et mes intentions. Un constat qui le poussa d’ailleurs  à s’occuper du jeune stagiaire que j’étais. Dans nos relations, j’ai relevé en l’homme le sens élevé du social, une grande dose d’humilité, une modestie inestimable. Voilà pourquoi, aujourd’hui je lui dois beaucoup de choses. Un jour, je devrais faire une interview de la cantatrice Kandia Kouyaté, j’ai approché Lamine Tiécoura  pour qu’il m’aide à formuler mon questionnaire. Il m’a conseillé d’éviter les interviews à bâton rompu, de ne pas trop m’abonner aux reportages, mais plutôt me spécialiser dans les papiers d’analyse, surtout face aux sujets brûlants de l’actualité. A la question de savoir pourquoi, Lamine me dit «  Sissoko, tu es jeune et je vois en toi la passion de la plume, cherche à te cultiver pour atteindre tes objectifs ».

Par la suite,  j’ai compris que Lamine Tiécoura  aussi est un passionné de la presse, pour avoir opté pour le Cesti de Dakar,  après de brillantes études à  l’Ecole Normale Supérieure (Ensup), série  Hist-géo.

Il a guidé mes premiers pas dans le journalisme à travers les conseils éclairés, les angles de traitement vers lesquels il m’orientait, la correction et le redressement de mes papiers. Au-delà de cette assistance, j’ai compris que Lamine Tiécoura avait une vision, au point que l’on le qualifiait d’homme sans ambitions. Les défenseurs de cette hypothèse en voulaient pour preuve toutes ces propositions de promotions dans les départements ministériels, et à l’Ortm, qu’il a poliment déclinées. Mais non, tel n’est pas le cas, parce qu’il m’a toujours dit que c’est dans la clandestinité que le serpent grandit.

Nous avons toujours gardé le contact et les rapports, même quand j’ai été appelé à d’autres fonctions, dans une autre profession. Mais pour avoir contribué à ma formation, Lamine Tiécoura reconnaissait ma plume, même cachée derrière un pseudonyme. Il l’a confié un jour à un de ses techniciens lors du montage du journal des journaux. Bref, Lamine Tiécoura me connaissait du bout des doigts, et moi aussi. Aujourd’hui je suis orphelin d’un grand frère, et d’un maître.

« A dieu nous appartenons, et à lui nous retournons ». Que la terre te soit légère, Maître ! ».

O. Roger Sissoko

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