Hommage à Fantani Touré : Fantani, tu es partie la première, repose en paix

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Fantani Touré
Fantani Touré

Ils étaient surtout amis par l’amour de l’un pour l’autre. Quand l’un d’entre eux avait la tête en ébullition, l’autre s’arrangeait à tenir la sienne froide jusqu’à ce qu’ils retrouvent, l’un et l’autre, une tiédeur bienfaisante.» C’est en disant ces mots extraits de sa pièce «À vous la Nuit» que Habib Dembélé, Guimba national, a été emporté par l’émotion sur la scène de l’Espace Fraternité, à la périphérie de Paris. Il rendait hommage à son épouse, Fantani Touré, décédée le 3 décembre 2014. La salle était comble le soir du samedi 21 mars, date que Fantani avait elle-même choisie pour l’édition 2015 du Festival au Féminin d’Aubervilliers.

Témoignages :

Mangal Traoré, Consul général du Mali en France : «Je connais Fantani et Habib Dembélé qui lui aussi est un très grand artiste malien. C’est un couple que j’ai souvent fréquenté au cours des manifestations de la diaspora ici. Je les apprécie beaucoup. Fantani était une femme de cœur, très engagée pour la cause des femmes et pour la culture malienne. Je suis venu lui rendre hommage.»

Bakary Doumbia, Vice-consul du Mali à Paris : «Fantani Touré est une grande artiste, une grande dame qui s’est beaucoup battue pour la cause du Mali.»

Oumar Keïta, Ambassadeur du Mali auprès de l’Unesco : «J’ai rencontré Fantani pendant la campagne présidentielle. Elle œuvrait beaucoup pour la culture de la paix comme facteur de cohésion et d’intégration. Elle était simple et à l’écoute des gens. »

Charly Sangaré : «J’étais son confident, son frère, son ami, son chargé de communication. J’étais le secrétaire général de son association Kolomba France qui lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. Depuis le 7 février, j’en suis le président.  Elle nous a légué un vaste chantier. Avec les femmes de Kolomba et toute l’équipe, je porterai haut son flambeau. Fantani était quelqu’un de merveilleux. Elle a quitté la scène, mais le rideau n’est pas tombé sur son combat.»

Madame Doussou Kié : «Avec Fantani, on se connaît depuis presque 30 ans, depuis l’Afrique, depuis Bamako. Je suis la belle-sœur de son mari. On faisait tout ensemble. J’allais à ses concerts aussi. Elle me manque beaucoup.»

Madiou Touré, président de la CADERCAF, association des ressortissants de Kayes : «Je vais d’abord parler du mari de Fantani, Habib Dembélé. Sous Moussa Traoré, tout le monde avait peur de critiquer le régime. Guimba et sa troupe n’ont pas hésité à dénoncer cette dictature sur scène. Ils ont contribué à l’avènement de la démocratie. Ils ont prouvé l’importance que les artistes peuvent et doivent avoir dans la société. Fantani aussi a joué ce rôle d’éveil et d’émancipation des esprits.»

Ali Traoré, secrétaire de la CADERCAF : «J’ai connu Fanta à l’occasion d’une journée culturelle. C’est son mari qui me l’a présentée. On est devenus de vrais amis. Quand on l’invitait à un événement, elle ne demandait jamais un centime. Quand c’était pour la cause du Mali, pas question d’argent pour elle ! Au moment de la dernière campagne présidentielle, elle et moi, on a fait un pari sur les résultats avec son mari et Thiambel Guimbayara. On a beaucoup ri ce jour-là, tous ensemble, chez eux à Aubervilliers. Finalement, c’est Fanta et moi qui avons gagné le pari !»

Tapa Konté, vice-président du Collectif des Maliens de France pour la Paix : «Ce qui m’a frappé chez elle et son mari lors des manifestations pour le Mali, c’est leur humilité. Ils ont été à nos côtés sans ériger aucune barrière entre eux et nous, les simples citoyens. C’est leur patriotisme et leur amour pour le pays qui les guidaient. C’est pour honorer cette grandeur-là que je suis venu.»

Aminata Konaté Boune, présidente de la Fédération 2ème  Génération : «J’ai rencontré Fantani quand on a commencé à travailler sur la jeunesse franco-malienne. Elle nous accompagnait de manière artistique, mais elle nous a surtout encouragés, car ce n’est pas facile. «Allez de l’avant, je serai derrière vous», voilà ce qu’elle nous disait. Elle a répondu présente quand, en 2006, on a initié le Festival Mali Talents. Elle fut une des rares artistes à ne pas nous demander d’argent pour monter sur scène. L’année suivante, c’est elle qui nous a demandé si on avait besoin d’elle. Elle était toujours de bonne humeur, elle avait une telle joie de vivre !»

Mams Yaffa, association Esprit d’Ebène, organisateur d’événements, et membre fondateur de la Fondation 2ème  Génération : «Dans la communauté malienne, ceux qui font vraiment des choses, ceux qui osent sont souvent mal aimés, ça suscite de la jalousie. Fantani, elle osait, c’est pour ça qu’on se retrouvait en elle. On a participé à ce que je vais me permettre d’appeler la «folie» de Fantani. En 2010, quand elle a décidé de créer «Le Mali sur Scène» pour célébrer le cinquantenaire de l’Indépendance, elle a eu la «folie» de vouloir l’organiser dans une des plus grandes salles parisiennes, Le Zénith.  On a travaillé avec elle à la réussite de l’événement, ça été grandiose. En sa mémoire, on va essayer de faire encore mieux, cette année.»

Jimmy Berthé, 2ème Génération : «Fantani, elle me rassurait car elle disait qu’il n’y avait aucun danger, qu’il fallait travailler, qu’il fallait faire, c’est tout.»

Mariam Thiam, présidente du FNC (Front Nouveau Citoyen) : «Fantani était très engagée pour la résolution des conflits en général, et du Mali en particulier. Le Mali et la France ont perdu une grande dame. Elle était très engagée à Aubervilliers où elle résidait.»

Jacques Salvator, maire d’Aubervilliers de mars 2008 à mars 2014 : «J’étais un ami de Madame Touré. On a beaucoup collaboré au niveau artistique et culturel. Mais c’est la guerre au Mali qui nous a rapprochés. Nous avons réfléchi ensemble. Elle a initié des manifestations dans la ville. Toute mon équipe municipale s’y est jointe.»

Mahamadou Cissé, président de l’association Conseil de base des Maliens de France : «Nous avons soutenu le grand concert au Zénith pour le cinquantenaire. En 2012/2013, nous avons marché ensemble pour la paix au Mali, à Paris comme à Aubervilliers. Fantani c’était une boule de feu, une boule d’énergie. Elle connaissait l’impact que la parole des artistes peut avoir. C’était une artiste engagée. Elle savait prendre position, et pourtant cette voie n’est pas facile. Le Mali a besoin de tous ses artistes pour poursuivre le travail de Fantani, car le pays est loin d’être sorti d’affaire.»

Mahamet Traoré, président du Conseil national de la Jeunesse malienne de France : «Notre grande sœur Fantani nous a marqués. Il est de notre devoir de nous inspirer de son œuvre pour donner un sens à notre vie.»

Bintou Doumbia, présidente de l’association Dembaya Pea (Pour Enfants Autistes) : «Fantani est la marraine de l’association et celle de mon dernier fils. Fantani, elle avait ses oreilles. Elle savait écouter. Ce qui me manque vraiment, ce sont ses coups de fil entre 10h et midi. Ces appels-là, ils agaçaient Guimba !»

Cherif Haïdara, président de Cap Afrikasia : «Des officiels du Mali et de la municipalité d’Aubervilliers, un grand nombre d’artistes, la diaspora et ses amis, nous sommes tous ici ce soir, cela prouve la grandeur de Fantani Touré.»

Seyba Coulibaly, ancien international malien de football et président de l’association des Anciens Sportifs maliens en France : «Que la terre soit légère à notre immense Fantani. Toute ma considération pour Guimba, son époux.»

Assy Diabaté : «Je suis une des choristes de Fantani, et mon mari, Abou Kouyaté, «le général du son», a beaucoup travaillé avec Fantani. Ce soir, ma place est ici.»

Shinri, chanteuse, auteure, compositeur,  de mère hollandaise et père Nigérian : «C’est un grand honneur pour moi d’avoir été invitée pour rendre hommage à une grande voix du Mali.»

Papa Diabaté, griot, joueur de cora : «D’origine guinéenne, j’ai beaucoup travaillé avec Fantani et Guimba. Fanta est partie. Mais nous allons poursuivre.»

Cheick Tidiane Seck, jazzman : «Comme disent les Américains, je suis ici, ce soir, pour faire un «tribute», pour rendre hommage à ma petite sœur Fantani, une de mes protégées. Elle m’appelait l’homme des 2 villes, Ségou et Sikasso.»

Oumou Sangaré, chanteuse : «Fantani, ma sœur, nous a quittés. C’est une immense perte pour la culture et les femmes maliennes. Sa franchise, son courage nous manquent. L’art malien est triste. On va se battre pour elle, pour sa mémoire.»

Dans l’esprit de chacun, les mots de Guimba résonneront longtemps : «L’amour est la seule chose au monde dont le partage grandit. Voyez-vous, telle une personne et sa personnalité, le souhait le plus profond de l’un était de mourir avant l’autre, pour ne pas assister à ses funérailles.»

Françoise WASSERVOGEL

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