Hémorragie de la jeunesse malienne

0

Pensez-vous que nos jeunes aujourd’hui se dirigent vers des jours beaucoup plus difficiles que nous et que l’avenir pour eux est moins prometteur qu’il l’a été pour nous ?

Trop de dires et beaucoup d’encre coulent à flot sur le niveau intellectuel de nos jeunes, délaissés, abandonnés comme si c’étaient leurs fautes.

Alors que pourrais-je dire ?      

Comment vont nos enfants ?

En dépit des salaires dérisoires que perçoivent les pères de familles, la plupart des parents soucieux de  l’avenir de leurs enfants, font  tout pour ne pas priver leurs bambins de l’enseignement qui est devenu inaccessible aux pauvres. Cependant, malgré les efforts que ces pauvres  parents ont mis dans l’avenir de leurs enfants, ils se heurtent à un autre problème, celui de l’intolérable injustice dans la transmission du savoir par l’école ; les riches  profitent plus que les pauvres, car notre système éducatif surtout le public ‘’patauge qualitativement’’ dans des problèmes et que des écoles privées poussent comme des champignons au détriment des écoles publiques.  

Les autres parents, les plus démunis, ne pouvant même pas assurer la nourriture à la maison, démissionnent de l’éducation de leurs progénitures à charge. Faute de pouvoir les conduire à l’école,  ils les offrent à bas prix, à des personnes sans scrupules pour exploiter leur innocence ainsi que leur corps pour des travaux durs, voire même dangereux si ce n’est ignobles. C’est une réalité que tous les maliens connaissent. 

Les jeunes

Quand on est jeune, on porte son regard vers de nouveaux horizons, on est une richesse d’espérances et de promesses, parcouru par des rêves de beauté. Quand on est jeune, on a la volonté, l’imagination, l’émotion de la victoire et de l’aventure. A cet âge là, on a besoin de liberté, une liberté sincère, vraie qui  étonne et émerveille.

Mais qu’en est-il de tout cela chez nos jeunes ?

Ils sont jeunes, au chômage et … pauvres. Ils ont fini leurs études, ils ont des diplômes, ceux qui ont la chance d’avoir du travail sont mal payés. Portrait d’une  génération  précarisée Mais ces jeunes doivent faire face à la dure réalité de leur pays. Ainsi, au Mali, sans travail ni perspective d’avenir, nos jeunes rêvent de quitter le pays pour une vie meilleure. Deux Maliens sur trois aimeraient émigrer en Europe ou aux États-Unis. Que pensent-ils de l’avenir ? Nos jeunes trouvent l’avenir… sombre ?

Ils se disent vivre dans une vie déjà difficile à cause de la cherté qui grimpe très vite, du chômage et mettent constamment en cause la société.         

Ils trouvent que leurs  parents les laissent  un héritage amère comme la crise économique et financière. Crise sociale, morale, et politique. Une crise qui donne une conception du désespoir qui ne fait qu’accentuer  l’étendue de leurs souffrances. Il faut savoir que tous ces jeunes ont pratiquement vu le jour dans notre démocratie de toc. Ils ont grandis et vécus jusqu’aujourd’hui avec le spectacle de la honte et de la cupidité. Ils vivent avec la corruption, le mensonge, la lâcheté,  l’hypocrisie  qu’ils trouvent  insupportable.        Pourquoi vivre si on ne croit plus en rien, si on ne respecte plus rien ? Qu’est ce qui nous donnera la force et l’envie de construire un avenir ?            C’est injuste et très grave d’entendre dire que nos jeunes n’ont pas le niveau intellectuel convenable  où qu’ils ne sont pas capables de ceci ou de cela. Ces  propos peuvent entrainer un blocage chez eux et  leur faire douter d’eux mêmes ce qui peut aussi provoquer un trouble du manque de confiance en soi.

Le vrai débat : à qui la faute ?

La société ?

La clé du développement économique d’une société passe par l’éducation et  la formation. Le Mali reste un pays profondément inégalitaire où les richesses sont accaparées par une infime partie de la population, laquelle pourtant n’apporte rien, strictement rien, à la société ! L’indifférence de nos dirigeants aiderait-elle réellement à trouver des solutions concrètes au problème ?

Avons-nous confiance en ces jeunes dont les droits sont bafoués ? Pouvons-nous les considérer comme de vrais citoyens ? Notre société aura-t-elle besoin de leurs services dans l’avenir ?

Le semblant d’inquiétude des dirigeants ne s’élève pas à un concret qualitatif quantitatif, mais plutôt à une tartuferie, qui ne fait que répandre le fléau des jeunes abandonnés à leurs sorts, de la foutaise de nos politiques pour l’encadrement de nos enfants, qui entraine très souvent la délinquance et de la honte. Me dira-t-on que nous sommes juste un pays du tiers-monde dont les ressources sont minimes, l’idée ne serait qu’une pure magouille pour justifier notre incapacité, notre refus de voir la réalité en face afin de prendre notre responsabilité à régler nos problèmes sociaux.      Malheureusement, la seule faute est à la charge de la mauvaise gestion, la corruption et l’injuste partage qui ralentissent nos pas vers une prospérité équitable pour tous    

En conséquence, ce serait grave pour nous, les adultes de démoraliser cette belle jeunesse qui attend tout de la vie, nous  avons un grand rôle à jouer.     

Nos expériences, nos exemples, nos encouragements et surtout notre confiance, sont d’un soutien incalculable pour eux. Apportons à nos jeunes le goût de la vie en la construisant, car le désarroi fait reculer or le jeune doit progresser.         Les parents «pauvres» peuvent éduquer «sainement» leurs enfants, ne serait-ce que par la transmission de certaines valeurs primordiales : honnêteté, droiture, sens civique, générosité, etc.          

En revanche, ils sont en effet complètement désarmés dans la transmission du savoir culturel et livresque. Et cela, c’est à la société, notamment l’Ecole, de le transmettre à tous, indistinctement du statut social de l’élève…

NNC

 

 

Commentaires via Facebook :