Histoire de notre pays : Quelle est l’origine du mot « Mali » ?

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De prime abord, l’enseignant-chercheur révèle qu’avant la colonisation, la première appellation de notre pays était le Haut Fleuve. Au début de la colonisation, le territoire va prendre successivement le nom de Haut-Sénégal-Niger et celui de Sénégambie. Pendant ce temps, il était rattaché à la colonie du Sénégal. « C’est à partir de 1920 que l’appellation Soudan français sera attribuée à notre pays. Et pendant tout le reste de la colonisation, ce nom restera attaché à notre territoire jusqu’à la veille de l’indépendance», raconte le Pr Amidou Toungara.

Dans les années 1959, un groupe de dirigeants africains a songé à libérer nos pays du joug colonial. C’est ainsi qu’a germé l’idée de création de la Fédération du Mali qui regroupera le Soudan français et le Sénégal. Selon le spécialiste en histoire contemporaine, le nom Mali a été proposé comme appellation de cette fédération par le dirigeant sénégalais, Léopold Sédar Senghor.

« Lorsqu’on a mis en place la Constitution de la Fédération du Mali, au moment où on devrait lui donner un nom, c’est Léopold Sédar Senghor qui a proposé le Mali, en mémoire de l’Empire du Mali de Soundiata Keïta » , explique l’universitaire. Amidou Toungara rappelle qu’à l’image de l’Empire du Mali, cette fédération ne devait pas se limiter au Sénégal et au Soudan français. Au total, quatre pays étaient à l’origine, en l’occurrence le Soudan français, le Sénégal, la Haute Volta (actuel Burkina Faso) et le Dahomey (actuel Bénin).

Cependant, indique l’enseignant-chercheur, cette initiative n’était pas du goût de certains dirigeants, notamment le président Félix Houphouët-Boigny de la Côte d’Ivoire, qui a tout mis en œuvre pour son échec. Malgré l’opposition du leader ivoirien, les quatre pays vont organiser la première rencontre à Bamako, en décembre 1958. Et une année plus tard, précisément, en janvier 1959, ils vont se rendre à Dakar pour mettre en place la Constitution de la Fédération. .

Après, dira l’historien, il a été demandé aux différentes délégations de retourner à leurs colonies pour faire ratifier cette Constitution. C’est ainsi que la Haute Volta et le Dahomey vont faire volteface, en refusant de ratifier la Constitution sous la pression de Félix Houphouët-Boigny, souligne le Pr Amidou Toungara.

EMPIRE DU MANDE- D’après notre interlocuteur, cette situation s’explique par le fait que le port de Dahomey était en chantier par le colonisateur. «Donc, le président Houphouët a dit que si jamais les Dahoméens acceptaient, ils vont mettre fin à ce projet», rappelle notre interlocuteur. Autre raison : la Haute Volta dépendait, elle-aussi, du port d’Abidjan. Ainsi, les deux pays vont se retirer du projet de fédération.

Toutefois, signale l’historien, les présidents Modibo Keïta et Léopold Sédar Senghor vont mettre tout en œuvre pour que la Fédération soit une réalité. Ils vont franchir plusieurs étapes jusqu’au 20 juin 1960, date à laquelle la Fédération accédera à l’indépendance. « Mais suite à des dissensions entre les deux dirigeants, et puis entre les deux peuples, la Fédération va éclater dans la nuit du 19 au 20 août 1960 », explique le spécialiste.

Ainsi, les Sénégalais vont arrêter et embarquer Modibo Keïta et ses camarades dans les trains et les envoyer dans notre pays. À leur arrivée à Bamako, l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (USRDA) va convoquer un congrès extraordinaire au cours duquel les participants vont décider de proclamer l’indépendance de la République soudanaise sous l’appellation Mali. «C’est ainsi que notre République va voir le jour avec l’appellation Mali», explique le Pr Amidou Toungara.

Selon l’historien, le mot Mali est une déformation. Il affirme que ses sources attribuent cette appellation au mot « mandingue ». L’universitaire précise que les écrivains arabes qui ont écrit l’histoire de l’Empire du Mandé, lui ont donné le nom Mali. Même si certains disent que l’appellation Mali vient du fait qu’il y avait des hippopotames dans le fleuve Djoliba (fleuve du Niger). Cependant, notre interlocuteur dira que ses sources attribuent le nom Mali à l’Empire du Mandé, qui a été déformé pour donner au Mali.

Le Pr Amidou Toungara rappelle, par ailleurs, que le mot « Mandé » renvoie au territoire. Il ajoute qu’il existait plusieurs territoires, notamment le Mandé, le Sosso, le Wassoulou, le Djitoumou, etc. D’après lui, ces territoires étaient tous dirigés par des souverains.

Bembablin DOUMBIA

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6 COMMENTAIRES

  1. Franci!!!. Franci..!!!Franci.!!!!!. toujours Franci. On ne se nourrit que de la mythomanie en se grandissant et en rejetant sa faiblesse sur les autres. Toujours Franci!!!!N’est-il pas mieux de changer un peu? Franci est partie.

  2. « Mais suite à des dissensions entre les deux dirigeants, et puis entre les deux peuples, la Fédération va éclater dans la nuit du 19 au 20 août 1960.”
    Bien dit. c’est ce qui va arriver a votre federation mali-burkins-niger

    • Tu es encore ignorant. Cette époque est révolue. Le panafricanisme a pris une autre forme que nul ne peut le détruire. Vive le Mali, vive le BF, vive le Niger.

    • Tu es trop bête. Fédération et alliance c’est pas la même chose. Une fédération est plus complexe et profond qu’une alliance. Beaucoup de pays ont des alliances dans des domaines bien déterminer.

  3. Oui, “Mali” est la déformation dans les écrits des voyageurs et historiens arabes de l’appellation qui servait à désigner l’empire Mandé fondé par Sunjata Keyita.

    De toute façon, au Mali ou ailleurs dans le monde, les noms des pays, peuples, ethnies et même les noms des personnes (ex. au Mali à cause de la mauvaise transcription écrite des colons : “Diallo” au lieu de “Jalo” ; “Diarra” au lieu de “Jara” ; “Traoré” au lieu de “Tarawale) ont subi plus ou moins une déformation.

    En revanche, je trouve très contestable l’affirmation suivante de l’historien : « Mais suite à des dissensions entre les deux dirigeants, et puis entre les deux peuples, la Fédération va éclater dans la nuit du 19 au 20 août 1960 ».

    Il n’y a jamais eu de dissension entre les deux peuples composant la fédération du Mali, en république du Sénégal et en république du Soudan,. C’est comme si on disait de nos jours qu’il y a dissension entre les peuples du Mali, du Niger et du Burkina-Faso avec les autres peuples des autres États de la CEDEAO.
    Même les dissensions entre les président Keïta et Senghor dans les années 1960 étaient surmontables.
    Le problème, comme aujourd’hui, a été l’interventionnisme de la France qui mobilise toutes les ressources à sa disposition pour maintenir les Africains dans la division qui est profitable à la préservation de ses intérêts coloniaux en Afrique.

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