Hausse des prix des denrées alimentaires : Les Maliens se prononcent sur la question

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Le mois béni de Ramadan qui vient de commencer est marqué, tout comme les années précédentes, par la hausse des prix de certaines denrées de première nécessité. Selon certains Maliens, au lieu de voir leurs problèmes soulagés, au contraire, le Ramadan est le mois de toutes les difficultés.

Cette année, le gouvernement se veut rassurant. Dans un communiqué officiel publié en début de juillet, il écarte toute pénurie sur le marché national durant le mois de ramadan. Il ne devrait donc pas y avoir de hausse significative des prix. Plusieurs produits commencent à hausser de prix, comme la viande, la datte, le lait ou les œufs seraient disponibles en quantité suffisante, chacun affichant une disponibilité supérieure au niveau de consommation moyen enregistré pendant le mois sacré. Malgré ces annonces réconfortantes des pouvoirs publics, la hausse des prix est à nouveau une réalité sur les étals maliens. A quelques jours après le début du ramadan, certains produits sont proposés à des prix jusqu’à 2 fois plus élevés que  ceux de gros.

Dans le cadre de notre enquête, nous avons approché des boutiquiers de la rive droite du district de Bamako. «Moi, je prends 100kg de mil à 21.000 FCFA, je  le revends à 300 FCFA le kilo aux consommateurs. Pour les 100kg de riz acquis à 35.000Fcfa, je le monnaye à 450FCFA le kg à mes clients. Pour l’huile, le fût de 200 litres d’huile est livré à 165.000 FCFA, soit 825 FCFA le litre que je revends à 900 FCFA et le demi litre à 450 FCFA» a expliqué Béro, boutiquier à Magnambougou.

Pour nous renseigner davantage sur le prix de ces produits auprès des détaillants, Hama Traoré, Boutiquier à Badalabougou nous a confirmé que : «Je prends le lait en poudre à mes fournisseurs à 6.300 FCFA et je le cède à mes clients  à 3.000 FCFA le kilo et le demi-kilo à 1.500 FCFA. Pour le sucre, 25.000 FCFA le sac de 50kg, mais parfois le prix peut varier selon les fournisseurs et je vends le kilo à 600 FCFA, le demi à 300 FCFA  dans ma boutique. Enfin, pour la farine je suis abonné à 20.250 FCFA le sac,  je le revends à 450 FCFA le kilo et le demi-kilo à 225 FCFA. J’applique mes prix à partir de ceux de mes fournisseurs. Et je peux vous préciser qu’ici dans mon entourage, mes clients ne se plaignent pas de ces prix, par rapport aux autres boutiques du quartier».

Le boutiquier Alassane Touré, à Sokorodji,  dira à son tour: «Mes fournisseurs m’approvisionnent à  partir d’un certain nombre de prix tels que la farine 20.250 FCFA le sac, le sucre, quant à lui, voit son prix varier selon la période entre 26.000 FCFA, 25.250 FCFA et 25.000 FCFA le sac. De même, le lait en poudre est acquis à 6.300 FCFA et l’huile à 165.000 FCFA le fût. En ce qui concerne le riz, je le trouve à 35.000 FCFA le sac, et le mil à  33.000 FCFA dans mon magasin. Je ne comprends rien de la politique gouvernementale en matière de maintien du prix des denrées de première nécessité. Nous, boutiquiers nous sommes soumis à l’effet pesanteur des grossistes qui nous livrent les produits à leur guise. Nous ne faisons que les suivre Se prononcer sur une possible hausse de prix, ne vaut pas la peine car la flambée est inévitable».

Toujours dans le cadre de notre enquête, nous avons approché Amadou Traoré, grossiste à l’établissement Gadji Traoré et frères sis au grand marché dira à son tour : «La prudence doit être de mise. Pour le moment, les prix des denrées alimentaires sont abordables. Mais tout dépendra du ravitaillement du marché. Le changement intervient de façon inattendue. Pour l’instant, les consommateurs ne doivent espérer sur rien».

Parlant de consommateur, Hama Makanguilé, chef de famille à Magnambougou dira que : «Le mois de Ramadan est celui de toutes les épreuves pour nous, chefs de famille. Mais, cette année est exceptionnelle à cause de la crise économique qui continue. Personnellement, je me pose des questions sur ‘’comment sauver ce mois”. Pour qui connait la vie à Bamako, les denrées connaitront la hausse parce que cette période constitue la traite des commerçants qui l’attendent pour se remplir les poches. Avec le sucre, déjà on peut parier sur les autres produits. Les autorités ont laissé les opérateurs économiques faire ce qu’ils veulent. L’association pour la défense des intérêts des consommateurs brille par son amorphisme».

A noter que les ménagères ne sont aucunement épargnées de cette situation. C’est ainsi que Tata Diallo, ménagère à Magnambougou ne nous dira pas le contraire. Selon elle : «Nous les femmes du foyer sommes véritablement touchées par cette crise économique que connait actuellement notre pays. Avec le prix du sucre qui monte en flèche, il faut s’attendre à une hausse des autres produits de grande consommation. Le libéralisme du marché en est un facteur déterminant. En attendant, tout le monde vit dans la psychose totale. Car au Mali on se croit tout permis. Aussi, on ne comprend rien des fameuses exonérations accordées aux importateurs par nos autorités. Le citoyen lambda n’est au courant de rien !»

Il est cependant nécessaire que tout le monde notamment les opérateurs économiques, les grossistes, les boutiquiers fassent des efforts supplémentaires pour respecter les conditions posées par le gouvernement, afin que la population soit en mesure de s’en approvisionner convenablement en cette période de ramadan.

Ibrahim M GUEYE

 

Mois de ramadan

Les rues de Bamako transformées en lieu de prière

 Dans le cadre du mois béni de ramadan, beaucoup de rues et d’espaces publics de nos quartiers sont transformés en des lieux de prière de 20h. Bien vrai que la prière étant l’un des cinq piliers de la religion musulmane, cependant la prière en groupe nécessite une certaine réglementation. Tous les lieux ne sont point appropriés pour être des lieux de prière. 

Le mois béni de ramadan a aujourd’hui 7 jours et continu son petit bon homme de chemin grâce au bon Dieu. Dans cette dynamique, les fideles après la rupture de la jeûne se retrouvent dans les mosquées pour la prière aux environs de 20h pour accomplir leur devoir religieux (« Safo » puis les «Naflas»).

A noter qu’en marge des mosquées qui sont très généralement pleines, d’autres fideles en font autant dans les rues. Cette pratique qui devient de plus en plus nombreux dans les rues de Bamako nous a poussés à la recherche d’explication sur l’aspect hygiénique de la prière auprès de nos leaders religieux.

Certes la prière en groupe est recommandée en islam mais il faut le faire à des lieux plus propres. Pour ce mois de ramadan, nous constatons que les fideles musulmans accomplissent leur devoir religieux sur des espaces publics, chose qui n’est pas interdite par la religion. Mais il est nécessaire de faire le point sur ce qu’on appel l’aspect hygiénique de la chose.

Mr Cissé, que nous avons rencontré au siège du Haut conseil islamique du Mali (Hcim), nous dira que, la prière a d’abord des chartes parmi lesquels l’aspect hygiénique qui est très recommandé. Le Prophète Mohamed (Psl) a reçu de la part de Dieu des recommandations qui portent sur la propriété. Dieu a dit au Prophète de dire aux fideles qu’ils sont obligés d’être propre, de s’habiller en tenue propre avant de procéder à la prière.

Notre interlocuteur ajouta  que pour la prière des «Naflas», bon nombre de fideles ont compris que c’est cela qui leur permet de jeuner alors que la prière de «Naflas» n’a rien à voir avec le jeûne. Au temps du prophète Mohamed (Psl), il ne priait que la prière de 20h avec les fideles dans la mosquée. De retour à la maison, les chefs de familles priaient le «Naflas» avec leur famille. Mais c’est Seidina Oumar en son temps qui a procédé à l’organisation de la prière de «Naflas» dans les mosquées car il aurait compris que beaucoup de chef de famille après la prière de 20h, une fois à la maison devenaient soit paresseux ou s’endormaient avant de le prier.

Donc pour revenir à notre sujet, il n’est point permis de prier sur des espaces comme les dépotoirs d’ordures, les pâturages, dans les cimetières, les bordures des caniveaux surtout ce qui ne sont pas propres ou quand l’odeur pue. Donc il est nécessaire de dire à ceux qui prient en dehors des mosquées, qu’ils le fassent à des endroits qui sont propices pour en bénéficier les récompenses de ces prières pour ce mois de carême.

Seydou Oumar N’DIAYE

 

Concilier Ramadan et santé

Le Ramadan s’adresse à tous  musulman ayant atteint  l’âge de la puberté. Au Mali, le jeun est beaucoup observé. Mais la question qui se pose est de savoir si tout le monde peut le pratiquer.  Quelles en  sont les contre-indications ? Les femmes enceintes ou les diabétiques peuvent-ils faire le jeun ? Le Prétoire est allé demander des conseils auprès d’un médecin nutritionniste et diabétologue, Dr Gueye.

Selon notre interlocuteur, le Ramadan est un jeun court, puisqu’il débute tous les jours au lever du soleil pour se terminer au coucher du soleil, durant un mois. Il est en général, sans danger pour la santé des pratiquants. Ce sont plutôt les repas lors de la rupture, festifs et familiaux qui sont redoutables. Nombreuses sont les personnes qui prennent du poids pendant cette période. L’important est de ne pas faire d’excès en terme d’aliments lors de la rupture du jeun. D’après lui, la principale raison de l’augmentation du pourcentage d’accidents vasculaires, cardiaques et cérébraux, au cours du mois béni de Ramadan, est due à l’excès d’aliments. Les médecins (surtout pendant la période de ramadan) ne cessent de prévenir ceux qui jeûnent de faire attention de ce coté là, de manger sainement à la rupture du jeun. Au titre des contre-indications à la pratique du jeun, notre médecin recommande que les patients diabétiques traités à l’insuline et qui ne sont pas équilibrés, les sujets ayant des problèmes d’insuffisance rénale, de maladie cardiaque et de toutes les pathologies ne doivent pas prendre le risque de jeûner.

Diabète et Ramadan. Pour le cas spécifique du diabète, Dr Gueye a précisé que  ceux qui sont  non insulinodépendants, traités avec des antidiabétiques oraux, peuvent normalement faire le Ramadan. Cependant, ceux qui ont un diabète de type 2 traités aux sulfamides doivent ajuster la posologie, et faire contrôler plus fréquemment leur niveau glycémique. Il faut qu’ils demandent conseil à leur médecin. Il a surtout insisté sur le fait que les principaux risques pour les diabétiques sont plutôt les excès lors de la rupture du jeun et non l’adaptation de leur traitement antidiabétique au cours de cette période.

Jeûner pendant la grossesse. Une femme enceinte peut-elle jeûner ? Selon Dr Gueye, il n’y a pas de réponse unanime, car tout dépend de son état de santé. S’il n’y a rien à déclarer au point de vue médical, la femme enceinte peut jeûner sans aucun problème. Il faudra, toutefois, qu’elle fasse attention, qu’elle consulte son médecin. La grossesse est plus assimilée à un état maladif qu’à une expérience naturelle. Ce sont les capacités physiques qui décident et non pas la femme enceinte qui doit s’y plier et surtout ne pas se forcer à jeûner. Car cela peut coûter cher pour elle et pour son bébé.

Pour terminer, Dr Gueye a donné des conseils destinés aux personnes qui font le Ramadan pour équilibrer leur alimentation. D’abord, il faut prendre un petit-déjeuner consistant le matin avant le lever du soleil. Pour la rupture du jeun le soir, il est essentiel de doubler la prise des repas. D’après lui, il est important de faire un repas au moment de la rupture du jeun qui ne soit pas trop riche, et d’en faire un autre trois heures après.

Rokia Diabaté

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