Le harcèlement sexuel présente un risque majeur pour la sécurité des filles et des jeunes femmes dans le monde, selon une enquête réalisée auprès d’experts mondiaux dans 22 villes publiée par Plan International, l’organisation œuvrant en faveur des droits des enfants.
Cette étude réalisée en prélude à la Journée internationale de la jeune fille a concerné Lima, Kampala, Dhaka, Bogota, Johannesburg, Le Caire, Delhi, Paris, Sao Paulo, Nairobi, Jakarta, Ouagadougou, Sydney, Istanbul, Hanoi, Dar es Salaam, Bamako, Tokyo, Toronto, Dublin, Stockholm et New York.
Première de ce type à examiner les risques menaçant la sécurité des filles et des jeunes femmes dans de villes différentes du monde entier, 78 % des experts de 22 villes interrogés pour cette enquête ont estimé que le harcèlement sexuel représente un risque très élevé ou extrêmement élevé pour les filles et les jeunes femmes dans leur ville.
Près de 400 experts à travers six continents ont participé à l’enquête en ligne fondée sur la perception. Ces spécialistes travaillent dans les domaines des droits des femmes, des droits des enfants et de la sécurité urbaine. 60 % de ces experts ont dit que le harcèlement sexuel qui sévissait dans leur ville n’est jamais ou presque jamais signalé aux pouvoirs publics.
Il est également inquiétant de constater que la violence sexuelle est répandue dans les villes du monde entier, 57 % d’experts la décrivant comme constituant un risque très élevé ou extrêmement élevé pour les filles et les jeunes femmes dans leur ville. Près de la moitié (47 %) ont dit qu’elle se produisait très souvent ou assez souvent en public. Plus d’un tiers (35 %) ont dit qu’elle n’était jamais ou presque jamais signalée aux pouvoirs publics.
Pour la directrice générale de Plan international, Anne-Birgitte Albrectsen, les villes offrent d’immenses opportunités aux filles et aux jeunes femmes, mais comme le montre cette étude innovante, elles constituent des lieux incroyablement dangereux pour elles, avec des conséquences qui peuvent changer le cours de leur vie.
«Les villes dans les pays en développement affichent une croissance sans précédent. D’ici 2030, des millions de filles vivront en milieu urbain. Nous devons agir maintenant ou bien nous risquons de priver toute une génération de filles de leurs droits à apprendre, à gagner leur vie et à jouer un rôle actif dans la société». Le sondage qui a été mené entre le 30 mai et le 14 août a été validé, a-t-elle ajouté.
Selon Oliver Wright, le PDG de ComRes, ce travail d’enquête original et passionnant s’est servi d’une méthodologie qui est parvenue à saisir les perceptions d’experts de la sécurité des filles dans les villes, en apportant de précieux renseignements sur les enjeux de sécurité qu’elles doivent relever globalement.
Bien que dans de nombreuses villes, les filles puissent sortir seules ou utiliser les transports publics sans encourir de risques pendant la journée, selon près de la moitié des experts, il est dangereux ou extrêmement dangereux pour elles de sortir seules ou d’utiliser les transports publics le soir. Plus des deux-tiers (69 %) des experts interrogés ont indiqué que les filles et les jeunes femmes modifient toujours ou la plupart du temps leur comportement en réaction aux dangers qui les menacent dans leur ville.
«Beaucoup d’autres experts ont indiqué clairement que les filles et les jeunes femmes ne participaient jamais ou très rarement aux prises de décision concernant la sécurité dans leur ville et que leurs vues n’étaient jamais ou rarement prises en considération dans les politiques et planification locales relatives à la sécurité urbaine. D’après plus de la moitié des experts (53 %), les systèmes d’appui aux filles victimes de violence ou de harcèlement sexuels n’existent pas ou ne sont pas du tout efficaces, ou ils sont dans le meilleur des cas peu efficaces…»
Bréhima Sogoba