« Le pays dogon a souffert et continue de souffrir ». C’est par ce constat amer et alarmant que le vice-président de l’association pour la Protection et la Promotion de la Culture dogon, Hamidou Ongoiba, a planté le décor au cours d’un point de presse, le samedi 3 juillet 2021 à la Maison de la Presse. Il a livré au public le contenu d’un communiqué du bureau national de Ginna Dogon sur la situation sécuritaire et humanitaire au pays dogon.
Pour le vice-président Hamidou Ongoiba, les cercles de Koro, Bankass, Bandiagara et Douentza font l’objet d’attaques et d’enlèvements, avec leurs lots de morts et de blessés. Les agresseurs, dit-il, ont fini par asseoir le système de zones cultivables et de zones à laisser en jachère, réclament 25.000 FCFA par hectare et prélèvent la dîme sur les récoltes des paisibles populations.
A ses dires, Mondoro et Dinangourou, respectivement situés dans le cercle de Douentza et de Koro, ayant refusé cet asservissement abject, ont été mis sous embargo depuis le 2 mai 2021 par la horde islamo-fasciste. Il déplore les attaques terroristes perpétrées à Dinangourou dans le cercle de Koro et Petaka (située à 11 km de Douentza) avec le lourd bilan de dix-neuf morts et plusieurs blessés. Petaka, a-t-il fait savoir, a été victime de dix attaques ayant fait 22 morts de 2019 à nos jours.
Concernant le décompte macabre entre 2018 et 2019 pour le seul cercle de Bankass, il serait de 476 morts, 202 blessés, 2.961 déplacés, 21 900 enfants déscolarisés, 301 habitations brûlées, 79 écoles fermées, 141 matériels agricoles et engins brûlés et 9.228 animaux enlevés. Pour lui, cette désastreuse situation a eu pour conséquence la réduction au minimum des activités agricoles et d’élevage, faisant planer sur le pays dogon l’insécurité alimentaire et la malnutrition qui menacent la survie des populations les plus fragiles : femmes, enfants et personnes âgées, si des dispositions urgentes ne sont pas prises.
Eu égard à ce sombre tableau, l’association pour la Protection et la Promotion de la Culture dogon, Ginna Dogon invite le gouvernement de la République du Mali à s’assumer pour assurer la sécurité des personnes et de biens, et sollicite le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, pour un plan Marshall pour le relèvement du centre et du pays dogon, compte tenu de la déliquescence de ces localités.
Il s’interroge, compte tenu de la recrudescence de la violence et de l’insécurité, sur la pertinence de la présence d’une multitude de forces armées et d’organisations non gouvernementales censées contribuer à sécuriser le pays.
Alpha Sidiki Sangaré