La guigne obéit à la notion de dualité. A cet égard, Dragon estime que les gens ont tendance à ne voir la guigne que sous le mauvais côté alors qu’il y a aussi la bonne guigne. Comme on le dit en bamanan « tere nyuman ani tere djugu » (la bonne et la mauvaise guigne).
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Traditions et religions sont d’accord sur l’existence de la guigne même s’il n’y a aucun document écrit pour déterminer ses signes distinctifs. Selon Hamidou Diarra dit Dragon, chercheur traditionaliste et animateur à Radio Klédu, « l’identification de la guigne est basée sur la remarque et l’observation d’un phénomène vérifié et vérifiable ».
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Les remarques sont faites généralement sur la personne humaine (homme et femme), les montures (cheval, âne, etc.), la terre (champ, maison), les jours (jours pairs et impairs) et même les mois et les années.
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La guigne, aux dires de Dragon, se reconnaît en la femme au niveau de la plante de ses pieds aplatie au sol, comparables aux pieds de canard ou « duguben » en bamanan. Selon lui, l’homme qui se marie avec une telle femme n’ira jamais de l’avant dans sa vie active.
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De même, celles dont l’intérieur des genoux se frottent en marchant sont susceptibles de chasser la richesse de la maison conjugale. Certains postérieurs arrondis assortis de hanches développées sous forme de pistolets, sont pour Dragon, des championnes de l’adultère. « Même étant vieilles, elles demeurent esclaves de leur libido », avertit Dragon.
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Celles au postérieur aplati, et qui a tendance à se confondre avec le dos, ont la malchance de faire plusieurs veuvages dans leur vie conjugale (trois à quatre). Toujours selon Dragon, les femmes à la tête ronde et petite sont réputées belliqueuses.
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La bonne guigne
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Il n’y a pas que les traits physiques qui déterminent la guigne chez une personne. Il y a aussi certains comportements de la femme qui peuvent faire des dégâts collatéraux sur sa progéniture. « Une femme jugée hautaine qui n’a pas de respect pour son mari et ses beaux-parents, ne mettra au monde que des enfants maudits qui ne réussiront jamais dans la vie », précise Dragon.
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La bonne guigne d’après Dragon se voit en la femme au front légèrement bombé et aux grosses lèvres. Celles-ci sont, dit-il, porteuses de bonheur avec comme centre d’intérêt la richesse. Les petites lèvres ont par contre moins de chance pour leurs conjoints, ajoute-t-il.
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La guigne n’est pas que l’apanage des femmes même si des gens ont beaucoup plus tendance à la stéréotyper. Du point de vue de notre chercheur, l’homme aussi a sa guigne qu’elle soit bonne ou mauvaise. Mais le plus souvent, la guigne de la femme l’emporte sur celle de l’homme, explique-t-il.
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Sans parler de traits distinctifs physiques chez l’homme, Dragon indique que, les vieilles personnes ont coutume d’identifier la guigne chez le petit garçon dès son bas-âge. Ces remarques sont faites à la façon de s’arrêter, de dormir, de pleurer ou de manger de l’enfant. Un homme qui pique le sol avec ses gros orteils en marchant ou même étant arrêté, enterre sa progéniture. « Il ne fondera pas de foyer en un mot », ajoute-t-il. Celui qui, étant debout, ne cesse de poser un pied sur l’autre, fait quant à lui, appel à la famine, à la déchéance.
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La chance de l’homme se remarque, conclut Dragon, par la rondeur de ses lèvres. Tout cela corrobore la thèse selon laquelle, la guigne ne doit pas être prise que du mauvais côté. Au nom de la théorie de la dialectique du philosophe de l’Antiquité Héraclite, rien au monde n’est totalement noir. Même la mort, qui est la fin de l’homme sur terre, a son bon côté qu’on refuse de voir par peur de mourir.
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Abdrahamane Dicko
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