Halte à l’excision : Après la carotte, il faut le bâton

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La lutte pour l’abandon de l’excision, cette pratique séculaire ancrée profondément dans les mentalités de la société  malienne, est assurément une course de fond. Parce qu’elle est encrée dans les coutumes, toutes confessions confondues  et son éradication nécessite un combat de longue haleine.  Après l’échec des moyens jusqu’ici utilisés pour l’amoindrir à défaut de l’endiguer, il importe de changer de fusil d’épaule en légiférant pour pénaliser sa pratique.

 En effet, pratiquée depuis des siècles dans notre pays pour diverses raisons qui sont entre autres, rendre la jeune fille chaste ou pour des raisons purement esthétiques, l’excision a une vie dure malgré les efforts énormes déployés par les autorités, les ONG et les associations, pour convaincre les populations et surtout les exciseuses de sa nocivité et de l’abandonner. Or, elle n’est ni une prédication religieuse ni même un moyen de diminuer le désir sexuel de la femme comme on le prétend. Loin s’en faut. Au contraire, l’excision peut provoquer  des conséquences très  néfastes  sur la santé de la reproduction de la femme. Elle est à l’origine de plusieurs complications chez celle-ci pouvant même entraîner la perte de sa vie. Parmi ces complications, on peut citer  entre autres les relations sexuelles douloureuses, les  difficultés d’accouchement, la stérilité, la fistule et autres maladies encore. Sans minimiser que c’est une atteinte à l’intégrité physique de la personne de l’excisée. Certains villages ont abandonné la pratique, mais force est de reconnaître qu’elle est encore pratiquée par la majorité des Maliens, même en ville. C’est la preuve que malgré les énormes campagnes de sensibilisation sur ses conséquences néfastes, beaucoup de filles continuent d être victimes de ce fléau pour des raisons, religieuses et culturelles. Actuellement, certains de nos compatriotes vivant à l’extérieur hésitent à envoyer leurs progénitures pour passer leurs vacances au pays de peur qu’ils ne soient victime de l’excision de la part de leur grand parent. Ces grands parents foulent aux pieds la santé de la reproduction de leurs petits-enfants et des conséquences néfastes dues à cette pratique pour sacrifier à la tradition sans état d’âme. Selon les statistiques, malgré les campagnes d’information et de sensibilisation sur les conséquences de l’excision, aujourd’hui, plus de 80% des filles continuent à subir le fléau. Comme les campagnes d’informations et de sensibilisations ont montré leur limite, il est important que le gouvernement adopte une loi pour l’abandon de la pratique, s’il ne veut pas être complice passif des exciseuses.

 

STT 

 

 

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