Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, le président du Conseil national de la jeunesse, Habib Dakouo, revient sur la décision de la fermeture des locaux du CNJ-Mali par la Direction nationale de la jeunesse. Tout en déplorant le caractère illégal de la procédure, le président de la faitière de la jeunesse malienne a invité le ministre en charge de la Jeunesse et des sports à reconsidérer sa décision. Il a promis à cet effet d’explorer tous les canaux de bons offices afin de convaincre le ministre à revenir sur sa décision sans quoi leur bureau n’exclut pas de saisir les juridictions compétentes.
Aujourd’hui Mali : Dans un communiqué le ministère de la jeunesse à travers la Direction nationale de la jeunesse a demandé la fermeture des locaux du Conseil national de la jeunesse. Quelle lecture faites-vous de cette décision ?
Habib Dakouo : C’est avec une très grande surprise et une consternation que j’ai appris cette décision. Je pense qu’il y a eu défaut à tous les niveaux, dans les initiatives qui ont conduit à cette décision extrême. Je pense que le ministre peut toujours faire marche arrière. Je dis ça par rapport à ce qui nous lie au ministère de la jeunesse notamment la convention de partenariat. Le CNJ est une organisation de la société civile et n’est pas un service rattaché au ministère de la Jeunesse et des sports quand bien même que c’est une structure transversale et nous travaillons avec plusieurs départements. D’ailleurs il y’a deux articles de cette convention qui précise que la mise en œuvre de ce partenariat ne doit aucunement toucher trois principes, à savoir : le fonctionnement régulier de l’État, le fonctionnement des collectivités territoriales ; et enfin le statut associatif du CNJ.
Par-delà, si l’une des parties ne se retrouve pas dans la convention, elle est tenue d’informer l’autre partie par écrit. Et sa décision ne peut être exécutoire avant 3 mois après l’envoi de la lettre d’information. Chose qui n’a pas été faite du tout. Pour ce qui est de la suite à donner à cette décision de la Direction nationale de la jeunesse, nous allons utiliser toutes les voies de recours sociaux et institutionnels pour un dénouement heureux de cette crise. Mais, en cas de blocage persistant, nous n’excluons pas de porter le différend devant la justice. L’ultime recours va être de saisir les tribunaux compétents en la matière. Je demande à la jeunesse de ne laisser personne nous pousser à l’erreur car il y a une volonté de faire croire que le CNJ est en train de ramer à contre-courant de la dynamique enclenchée par les autorités de la transition.
Or, nous sommes là à consolider cette dynamique. En deux ans, notre bureau est parvenu à ramener le calme dans le secteur de la jeunesse, cela est une fierté ; le moment étant fragile, nous devons faire violence sur nous-mêmes en continuant d’utiliser les moyens pacifiques à la limite de nos possibilités. Mais, à l’impossible nul n’est tenu. Sinon la jeunesse du Mali a été défiée, attaquée dans son orgueil, mais nous n’allons pas riposter de la même manière parce que celui qui a fait, à savoir le nouveau ministre de la jeunesse, est le dépositaire de la politique nationale. Nous sommes des républicains, nous n’allons pas faire du coup sur coup. Mais nous l’invitons à reconsidérer sa position.
Quel est le motif évoqué pour justifier la fermeture du siège du CNJ-Mali ?
Dans la correspondance qui nous est parvenue, il y a question de respect des textes, au cours d’une réunion avec la direction, on a plutôt évoqué une question d’unification de la jeunesse, sans oublier d’autres motifs évoqués par le ministre au cours de différentes communications. Nous demandons plus de clarification, plus de sincérité dans la démarche.
Est-ce que le CNJ-Mali, sans le soutien de l’Etat, pourra marcher ?
Le CNJ a existé sans le soutien de l’Etat. Il a été créé en 2000 et ce n’est qu’en 2005 que la première convention de partenariat a été signée entre les deux parties, à la demande des autorités. D’ailleurs, de mai 2021 à ce jour, le département n’a fait aucun soutien au CNJ, n’a pas accordé une subvention. Malgré tout, le CNJ est parvenu à réaliser des activités.
Comme preuve, la grande mobilisation au CICB à l’appel du CNJ dans le cadre de la vulgarisation du projet de nouvelle constitution. Cela, sans aucune contribution de l’État, nous avons été dans les régions dans les cercles, dans la diaspora aussi.
Est-ce que face à cette décision de la Direction nationale de la jeunesse, donc du département, les autres membres du bureau ont fait bloc derrière vous ?
J’ai oublié de vous dire que le ministre de la jeunesse est rentré dans la manipulation en rencontrant certains membres du bureau pour se désolidariser du bureau exécutif, chose qui n’est pas bien, car cela crée la division, sinon, à la base tous les membres du bureau sont derrière moi. Cette division entrainée par le ministre ne va pas profiter à la transition, car si le bureau est divisé, il y aura deux voire trois clans. D’ailleurs, même si tous le bureau se désolidarise du président, celui-ci garde toujours son fauteuil, car ce sont l’ensemble des démembrements et des fédérations qui ont fait de lui le président.
Réalisé par Kassoum Théra