Autrefois ces regroupements de jeunes noctambules issus d’une même génération autour d’une théière étaient un facteur de cohésion sociale. Ils permettaient l’échange, la solidarité et la fraternité entre les jeunes. Mais, aujourd’hui ces regroupements sont en train de perdre leur vocation à cause du banditisme, de l’alcoolisme et de la sexualité. Lire notre immersion dans un monde désormais en panne de repères.
De nos jours, malheureusement ces regroupements de jeunes noctambules communément appelés en langue nationale Bambara (grin) se forment pour devenir de véritables nids de malfrats. Les jeunes qui fréquentent régulièrement ces lieux sont constitués d’élèves et d’étudiants, de prostituées, des porteurs d’uniforme voire des sans travail fixe.
Souvent, cinq à dix personnes sirotent le thé avec seulement deux ou trois verres. Il y a même des grins où le feu du petit fourneau ne s’éteint presque pas car, le départ des uns coïncide avec l’arrivée des autres. Généralement, ces regroupements de noctambules se transforment en bandes bien structurées et armées pour faire le braquage des engins roulants (notamment les motos Jakarta). Ils s’adonnent aussi au cambriolage des grands magasins et stations de carburants, font le règlement de compte pour des gens moyennant une somme d’argent et commettent les crimes à but rituel.
Force est de constater que ces deux dernières années, il y a eu des échanges de tirs meurtriers entre les forces de sécurité et ces jeunes qui ont pris du plaisir à s’emparer des biens de paisibles citoyens. Pour ce faire, ils se font passer pour des secouristes de fortune lors des accidents pour dérober les objets précieux des gens. Ils dépouillent également de leurs portefeuilles, téléphones portables et d’autres biens ceux qui, à pied, rentrent tardivement chez eux.
Ces malfrats utilisent parfois des prostituées comme appât pour réussir leurs coups. Ces jeunes filles font ce qu’on appelle ‘’l’auto stop’’ qui consiste à lever le bras pour demander à un automobiliste ou à un motocycliste de s’arrêter pour vous prendre. Mais, cette volonté de rendre service à son prochain se termine presque toujours mal. C’est pourquoi, de plus en plus on ne s’arrête plus le long de nos routes urbaines et interurbaines pour apporter de l’assistance même aux plus nécessiteux par crainte de se faire agresser.
Enfin, à noter que l’insécurité devient grandissante au Mali au fur et à mesure que les effectifs de nos forces de sécurité se renforcent par des recrutements à tout bout de champ. Quel paradoxe? À preuve, il est risqué de circuler à des heures tardives dans certaines communes de Bamako ou de prendre la route des localités intérieures du pays.
S.DIARRASSOUBA