Après 3 mois de grève illimitée des magistrats, le gouvernement n’est toujours pas parvenu à trouver une solution de sortie de crise. Face à ce blocage, les citoyens qui restent les premières victimes se sont exprimés sur la question. Nous avons tendu notre micro à des citoyens pour recueillir leur point de vue sur cette grève. Pour certains, les magistrats ne font que demander leur droit. Pour d’autres, ils ont dépassé les limites.
Issiaka Coulibaly, Directeur d’école : «Je demande tout simplement aux deux parties de s’asseoir à la table des négociations»
«En réalité, cette grève a trop duré. Nous avons remarqué que les cellules de détention sont tellement débordées. Je demande tout simplement aux deux parties de s’asseoir à la table des négociations, tout en invitant le gouvernement à respecter ses engagements.»
Mohamed Diarra, Soudeur : «Les magistrats sont allés trop loin»
«Les magistrats sont allés trop loin. Ils ne veulent pas travailler, sinon ils ne sont pas mieux que les autres corps. Je ne partage pas leur avis. La grève illimitée doit être observée par tout le monde sauf les magistrats. Je trouve cette grève inutile et c’est une perte pour le pays. Ce sont nous, les pauvres, qui sommes les premières victimes de cette grève.»
Nana Haïdara, Etudiante : «Si je vois les magistrats aller en grève pour des augmentations de salaire, ça me fait rire»
«La grève est un droit. Mais l’intérêt de l’Etat est trois fois plus important que l’intérêt personnel. Si je vois les magistrats aller en grève pour des augmentations de salaire, ça me fait rire, dans un pays pauvre comme le Mali. Comment peut-on comprendre que des gens qui touchent plus de 700 000 FCFA par mois, veulent encore une augmentation de salaire ? Ils doivent penser aux autres Maliens et venir travailler pour sauver notre pays de cette situation.»
Aminata Tangara, infirmière :
«J’encourage le chef du gouvernement à prendre des décisions responsables»
«Je trouve cette grève des magistrats injustifiée. Imaginez dans un pays pauvre comme le Mali, où les magistrats se permettent d’aller en grève illimitée. Je suis contre cette grève des magistrats et j’encourage le chef du gouvernement à prendre des décisions responsables.»
Fatoumata Traoré, commerçante :
«Je pense que les magistrats sont dans leur droit»
«Je pense que les magistrats sont dans leur droit. Le droit de grève est garanti par la constitution de notre pays. C’est au gouvernement de trouver les voies de sortie. Le président IBK a été réélu pour ça : trouver des solutions aux problèmes des Maliens. Je désapprouve la manière par laquelle le Premier ministre gère cette situation.»
Famakan Keïta, diplômé sans emploi :
«Je n’ai pas voté pour IBK, mais j’ai apprécié la réponse qu’il a donnée aux magistrats»
«Pour moi, les magistrats ont exagéré. Ils font partie des nantis de ce pays. En plus dans la vie, il ne faut pas adopter des positions extrêmes, ils pouvaient reprendre le travail en continuant de négocier. Je n’ai pas voté pour IBK, mais j’ai apprécié la réponse qu’il a donnée aux magistrats.»
Ichaka Coulibaly, enseignant :
«Les magistrats ont refusé toutes les médiations»
«Par rapport à la grève des magistrats, je n’attends qu’une seule chose, que le gouvernement mette en application le décret de réquisition. Même dans les grandes démocraties, il arrive souvent que l’Etat passe par la réquisition pour assurer le service minimum. Les magistrats ont refusé toutes les médiations. À force de garder cette position, ils risquent de se mettre à dos une partie de l’opinion nationale.»
Mariam Soumaré, ménagère :
«Les deux camps doivent penser à ceux qui souffrent, à cause de cette grève»
«Il faut que les magistrats et le gouvernement trouvent un terrain d’entente pour l’intérêt du Mali. Les deux camps doivent penser à ceux qui souffrent à cause de cette grève. Je suis sûre qu’en discutant, ils trouveront une solution. Le Mali a, toujours, été un pays de dialogue.»
Karim Togola, mécanicien :
«Je pense que le gouvernement a tort»
«Je pense que le gouvernement a tort, il ne fallait pas commencer avec ces histoires de statut particulier. Pour moi, tous les travailleurs sont égaux. Il y a un proverbe bambara qui dit : ‘si tu ne peux terminer quelque chose, ne le commence pas.’ Qu’est-ce que les magistrats n’ont pas dans ce pays ? S’ils refusent de mettre fin à leur grève, c’est parce que, précédemment, l’Etat leur a accordé un statut particulier. J’accuse le gouvernement.»
Mamadou Coulibaly, mécanicien : «Je crois que les magistrats doivent retourner au travail»
«Si le gouvernement n’arrive pas à satisfaire les revendications des magistrats, c’est qu’il n’a pas les moyens. Je crois que les magistrats doivent retourner au travail. Nous demandons au gouvernement et aux grévistes de s’asseoir entre frères et sœurs pour parler, pour la paix et la quiétude dans notre pays.»
Propos recueillis par Diamouténé et Dao