Pour affaire, d’ailleurs pendante devant la justice, concernant un seul agent de la BDM et d’autres motifs minimes, le syndicat des banques et des assurances, SYNABEF a décidé d’observer une grève de 72 heures à compter du 27 octobre. Au-delà de la désolidarisation de certains syndicats des banques de la place, ce mot d’ordre est la traduction la plus parfaite de l’insouciance. Cela au regard de la situation de crise dans laquelle le pays est plongé et de cette période qui correspond aux payes des salariés. Un syndicalisme sans conscience n’est que ruine de l’esprit. Pouvait-on paraphraser ainsi.
Difficile de cerner à juste titre ou de pouvoir donner une justification à cette nouvelle forme de radicalisme syndical sur fond d’insouciance de l’intérêt général qui se développe dans notre pays. Après la synergie des syndicats des enseignants signataires du 16 octobre, c’est le tour du Syndicat des banques, établissements financiers et compagnies d’assurance (SYNABEF) à se prêter à ce jeu glissant et dangereux. Pourquoi ?
Il est vraiment difficile de pouvoir donner une réponse satisfaisante à cette question, au regard du sérieux et de l’exemplarité qui devront caractériser ce secteur garant de l’épargne national et des fonds d’un grand nombre de la population malienne.
Pour l’APBEF (Association Professionnelle des Banques et Etablissements financiers) : «L’intention avérée est de manipuler les travailleurs et les embarquer dans des grèves futiles alors que les travaux de bouclage des objectifs de fin d’exercice demeurent une préoccupation majeure des salariés dans un contexte économique particulier ». Car, selon cette association représentative des banquiers de la place, ce préavis de grève déposé par le SYNABEF : « viole allégrement les dispositions de la Convention Collective et piétine les termes du procès-verbal de conciliation Gouvernement-UNTM-CNPM signé le 05 Février 2021 ».
Cette association, dans un communiqué reçu à notre rédaction a d’ailleurs battu en brèche tous les points de revendication énumérés dans ce préavis de grève du SYNABEF. Notamment, la question de la relecture de la convention collective des banques, établissements financiers et assurances, celles relatives aux cas de Mme Kane Djénébou Sall (licenciée de la BDM-SA pour vol) et les travailleurs licenciés pour motif économique d’Ecobank Mali. De même que la revendication concernant la situation des intérimaires et surtout celle demandant les départs de la direction de la BDM-SA de M. Bréhima Amadou HAÏDARA et de M. Fantamady KEITA. Sur ce dernier point, l’APBEF a été on ne peut plus clair : « la confiance accordée ou retirée aux dirigeants de société ainsi que le choix des Représentants de nos Associations professionnelles ne relèvent pas du ressort du syndicat ». C’est pourquoi elle a vigoureusement protesté en demandant aux dirigeants du SYNABEF de revenir publiquement sur les accusations portées à ces personnalités. Ce : « en vue de laver l’honneur de ces personnalités respectables et respectées dans notre profession qui ne font qu’exercer les fonctions à eux confiées par leurs établissements et la structure faîtière de la profession ».
SYNABEF en singleton libre…
Ce syndicat qui va paralyser bientôt, durant trois jours les banques et établissements financiers du pays, souffriraient même de légitimité pour se faire. Ce SYNABEF, à en croire d’autres leaders syndicaux, dont Papa Sadio Traoré, SG du comité syndical de la BDM, est en train d’évoluer dans l’illégalité totale. Cela, pour la simple raison que son gouvernail serait tenu par un certain Hamadoun Bah. « Qui est en réalité le 1er secrétaire général adjoint du SYNABEF depuis le congrès de novembre 2018, aujourd’hui en service dans le Système des Nations Unies suite à un abandon en plein vol (Signature d’un PV d’autorisation de versement, de retrait et de virement en pleine grève de la centrale UNTM) » a dévoilé à la presse la semaine dernière le SG du comité syndical de la BDM Sa.
En outre, si le SYNABEF est en train de brandir l’affaire de licenciement de l’agent Kane Djénébou Sall de la BDM comme motif principal de son débrayage, aussi curieux que cela puisse paraître, le comité syndical de la banque dont cet agent a été licencié (BDM Sa) s’est désolidarisé et dément formellement les arguments avancés par le SYNABEF.
En plus du comité syndical de la BDM, d’autres syndicats de certaines banques de la place (au moment où nous mettions sous presse) auraient retourné casaque. Ce qui reste évident, ce mouvement de grève du SYNABEF cache mal bien de choses.
En attendant, les usagers des banques, notamment les salariés en cette fin de mois, prendront leur mal en patience. Bancarisation par-ci, bancarisation par-là, voilà l’une des conséquences fâcheuses.
Moustapha Diawara