Grand meeting à Bamako contre la révision constitutionnelle : Une très forte mobilisation malgré l’interdiction du rassemblement

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Les Maliens ont manifesté ce samedi à Bamako contre le référendum pour la révision constitutionnelle du président IBK.
Les Maliens ont manifesté ce samedi à Bamako contre le référendum pour la révision constitutionnelle du président IBK. © REUTERS/Luc Gnago

Après une grande marche pacifique de protestation effectuée le 17 juin dernier, la Plateforme « An tè, A bana : Touche pas à ma constitution ! » qui regroupe plus de 100 associations de la société civile, des organisations syndicales et une quarantaine de partis politiques, a organisé le samedi 1er juillet 2017, un grand meeting à la place du cinquantenaire de Bamako sis à Hamdallaye ACI 2000 pour exiger le retrait pur et simple du texte en sa forme actuelle afin de pouvoir procéder à l’ouverture d’une large concertation des Forces Vives de la Nation en vue d’aboutir à l’adoption d’un texte consensuel.

C’est une marrée humaine, des centaines de milliers de personnes qui ont répondu à l’appel de la Plateforme « An tè, A bana : Touche pas à ma constitution ! ». Selon les responsables de la plateforme, le nouveau texte constitutionnel renforce les pouvoirs du président de la République et fait de lui un « véritable monarque ». A les en croire, la recrudescence de l’insécurité qui sévit partout au Mali actuellement fait que le referendum ne peut pas se tenir sur toute l’étendue du territoire national.

Vêtus en rouge et en blanc, des milliers de personnes ont pris part à ce grand meeting organisé par la Plateforme « An tè, A bana : Touche pas à ma constitution ! ». Pratiquement tous les barons de l’opposition, les membres de la société civile, les leaders religieux, les syndicalistes, les organisations féminines, les organisations de jeunes ont répondu présents. Parmi les manifestants, on peut citer le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé non moins président de l’Urd, le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé, les anciens Premiers ministres du Mali, Soumana Sako et Modibo Sidibé, la présidente de la Plateforme « An tè, A bana : Touche pas à ma constitution ! », Mme Sy Kadiatou Sow, l’honorable Mody N’Diaye de l’Urd, Nouhoum Togo du Pdes, Souleymane Koné des Fare An Ka wuli, Me Amidou Diabaté, Djiguiba Keïta alias PPR du Parena, les honorables Amadou Thiam, Oumar Mariko du groupe parlementaire Adp-Maliba/ Sadi, l’imam Chouala Bayaya Haïdara, le secrétaire général de la CSTM, Hammadou Amion Guindo, le chroniqueur Ras Bath, des responsables de partis politiques comme Madani Tall, Daba Diawara, Hammadoun Dicko, les leaders du Mouvement trop c’est trop dont Amara Sidibé et bien d’autres.

Très forte mobilisation

Malgré la présence des forces de l’ordre qui étaient aux aguets dans les deux bouts du boulevard, des milliers de manifestants ont bravé le soleil et se sont frayer un chemin pour participer à ce meeting qui s’est tenu sans incident majeur. C’est à 10h 20 minutes que les travaux réels commençèrent avec l’exécution de l’hymne national du Mali. On pouvait lire sur les banderoles : « An tè, A bana : Touche pas à ma constitution ! », « Non à l’arrogance, aux mépris », « IBK, ne confondez pas la monarchie et la République», Les manifestants scandaient «IBK, carton rouge ». Au total, il y a eu 19 interventions, tous des leaders d’opinions qui se sont farouchement opposés à cette révision constitutionnelle. Le ton sera donné par le secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), Hammadou Amion Guindo, qui a fait savoir que ce referendum n’est pas bon pour le Mali. « On doit refuser la tenue de ce referendum. A la Cstm, nous avions demandé au président de la République de retirer la loi portant révision de la constitution », a-t-il dit. Il sera suivi par la présidente des femmes entrepreneur du Mali, Mme Simpara, qui, en plus de dénoncer la tentative de révision de la constitution de 1992, a déploré le déguerpissement des commerçants par les gouvernants sur les voies publiques. Ibrahim Kébé de l’organisation « Mali te Kila » a attiré l’attention des autorités maliennes sur la violation de l’article 118 de la constitution du 25 février 1992 qui stipule qu’ « aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire».

Monarchie héréditaire à durée indéterminée ?

Quant à l’honorable Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition, il doit y avoir des concertations des Forces Vives de la Nation avant toute révision constitutionnelle. « Durant 4 ans, le président IBK n’a pas pu se rendre à Kidal ni à Tombouctou. A cause de l’insécurité, le référendum ne peut pas se tenir partout au Mali. Malgré l’accord d’Alger, l’installation des Autorités intérimaire, la tenue de la conférence d’entente nationale, il n’y a pas eu de paix. On dit que cette révision constitutionnelle est faite pour la paix, ce n’est pas sûr. Il y a eu 4 ans de mensonge. On ne construit pas le pays sur la base du mensonge », a martelé le chef de file de l’opposition. Le président du parti Adp-Maliba, l’honorable Amadou Thiam a rappelé que les 35 députés de l’opposition ont tous voté contre le projet de loi portant révision de la constitution. « On veut le retrait pur et simple du texte », a-t-il dit. Le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé abonde également dans le même sens. Selon lui, la Plateforme ne veut pas le report, ni une deuxième relecture du texte par l’Assemblée nationale mais que la constitution du 25 février 1992 reste intacte. « Cette mobilisation prouve que les Maliens sont contre cette révision constitutionnelle. On veut le retrait pur et simple du texte », a déclaré Tiébilé Dramé. Avant d’inviter les uns et les autres à rester mobiliser pour la défense du Mali. L’ancien Premier ministre, Soumana Sako, a, sans ambages, affirmé son opposition  contre cette révision constitutionnelle, qui, selon lui, fait du président de la République « un Monarque ». « Ils veulent institués une monarchie héréditaire de droit supra constitutionnel à durée indéterminée », a-t-il dit. Il a souhaité le retrait pur et simple du texte, qui, selon lui, a été refait à plus d’un million d’euro en France. Aux dires de l’ancien Premier ministre, Modibo Sidibé, la révision d’une constitution ne peut pas se faire à l’insu du peuple. Et d’ajouter que c’est dans un climat apaisé que ça doit se faire. Le président du Forum des organisations de la société civile, Doumbia a invité les uns et les autres à se mobiliser pour le retrait du texte. Pour sa part, le président du parti Sadi, l’honorable Oumar Mariko a invité les gouvernants à savoir raison garder et à ne pas utiliser l’armée pour des fins personnelles. En outre, il a invité le président IBK à donner des cartes NINA et des passeports aux gens pour « rentrer dans l’histoire ». Selon lui, l’insécurité qui existe au Mali n’est pas résiduelle mais récurrente. « On se mobilisera pour la défense des causes nobles », a-t-il dit. Aux dires du leader religieux, Chouala Bayaya Haïdara, cette révision n’est pas bonne pour le Mali. « Je suis ici pour la vérité et pour l’amour du pays », a-t-il précisé. Pour Ras Bath, chroniqueur, si ce projet passe, il ouvrira le code de mariage, il ouvrira la porte à l’homosexualité. Pour boucler la boucle, la présidente de la Plateforme « An tè, A bana : Touche pas à ma constitution ! », Mme Sy Kadiatou Sow a remercié tout le monde pour la forte mobilisation. Avant d’ajouter que la Plateforme reste ouverte à tout le monde. A l’en croire, une permanence de la Plateforme est au Pyramide du Souvenir pour des besoins d’inscription. Elle a déploré l’annulation du débat sur l’ORTM. Avant d’inviter les gouverneurs des régions à respecter les droits de manifestation qui sont garantis par la constitution. « J’invite tout le monde à rester mobiliser, on fera une marche plus grande que celle du 17 juin dernier», a promis Salama. A signaler que des manifestations similaires se tenaient au même moment dans beaucoup de localités du pays comme Kayes, Sikasso…

Aguibou Sogodogo

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