Grand marché de Bamako : au rythme de la vie chère !

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«Plus de commerçants que de marchandises, plus de mendiants que de jetons, plus de griots que de « djatigui », c’est en ces termes que le rappeur Mylmo souhaite la bienvenue à la nouvelle année dans un single intitulé « Yabé 2012 » et paru il y a deux semaines. Les paroles de la chanson semblent être inspirées par le grand marché Dabanani qui tourne désormais à l’horloge de la cherté de la vie.

Dans son tube, celui qui se définit comme étant un rappeur engagé dresse le portrait d’une société en proie à des difficultés économiques, mais qui ne peut s’en prendre qu’à elle-même. Tant ses difficultés sont liées au « faux » coup d’Etat et à son corollaire : l’élection d’IBK à la tête du pays. Une bourde que Mylmo assimile à un joueur qui marque dans son propre camp, contre lui-même. D’où son titre « Yabé 2012».  Rien ne semble étonner notre jeune artiste: «Je l’ai dit, les vieux ne sont pas la solution», rappelle-t-il.

Le grand marché de Bamako n’a rien perdu, ou presque, de son ambiance. Les rues toujours noires de monde. Les principales artères fourmillent de clients qui se frayent un chemin entre les boutiques, les étagères et les vendeurs à la sauvette… Les odeurs, les saveurs, les couleurs… par lesquelles l’on reconnait le marché Dabanani sont là, bien là. Mais ce spectacle habituel pour le commun des gens cache bien une réalité : rares sont les clients qui ressortent du marché après un achat. Ils sont impuissants face aux prix qui les obligent à rentrer bredouilles.

On le sait : pour faire bouillir la marmite, nombreuses sont les Bamakoises qui ont dit adieu aux bijoux, aux produits de beauté et aux soins du corps dont sont friandes les femmes.  Ibrahim Kéita, vendeur de produits de beauté au grand marché de Bamako se confie à un confrère en ces termes: « Je suis inquiet. Avant, les clientes se bousculaient dans ma boutique. Nous pouvions faire des commandes chaque mois en provenance de la Côte d’Ivoire et des Etats-Unis, mais présentement, les commandes ne se font qu’une seule fois en deux mois et ça s’achète rarement ».Vendeur de friperie au marché Dabanani, Badra Kourekama ne cache pas son amertume. Ancien aventurier de son Etat, il a quitté le Congo Brazzaville pour s’installer à son compte dans son pays.

« S’habiller est devenu un luxe pour la plupart des Maliens de nos jours. Ils boudent nos commerces. Et ce sont les vendeurs de ‘’youkou-youkou’’ qui en profitent », affirme-t-il. Je me demande souvent si j’ai bien fait de revenir au pays, nous confie-t-il.

Selon Mylmo, la pauvreté est certes généralisée. Mais, elle ne concerne pas tout le monde. « Dans un pays où les autorités s’accroupissent devant les leaders religieux, seuls les imams sont milliardaires », chante-t-il dans son tube. Et d’inviter les Maliens à ne pas commettre les mêmes erreurs en 2018. Il ne reste plus qu’a espérer que d’ici là le grand marché de Bamako ne devienne le petit marché de Bamako.

 

Mamadou TOGOLA

 

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