Graine de vérité : Déficit de bon conciliateur ?

0

C’est une lapalissade de dire que les Maliens ont souffert, continuent de souffrir sans savoir à quel saint se vouer. L’actuelle situation du front social jette une lumière crue sur la boue complaisamment répandue sur le chemin menant au bonheur de notre vaillant peuple.

Le front social est en ébullition, parce que les différents syndicats sont campés sur leurs options maximalistes, que le Gouvernement joue à l’indifférence ; deux attitudes dont les pauvres citoyens  pâtissent.

Jamais notre pays n’a été autant confronté à la grogne sociale comme telle que nous la vivons aujourd’hui.  On assistait certes à des menaces de grève, des sit-in de protestation, des grèves de 48 ou de 72 heures séquentielles, mais, ces derniers temps, le mode a été la grève illimitée. C’est-à-dire celle que l’UNTM a adopté pour pouvoir déposer le régime de GMT en 1991. A l’analyse de cette brusque remontée d’adrénaline chez les syndicalistes, trois raisons ou causes probables peuvent être évoquées. Le manque de confiance, le déséquilibre patent entre les conditions des différents corps de travail et la faiblesse des acteurs de la conciliation.

D’abord par rapport à l’hypothèse de la crise de confiance entre les syndicats et le régime. Elle n’est pas plausible, car  il n’ya pas lieu de douter de la bonne foi du prince du jour, El Hadj Ibrahim Kéita, d’assurer une meilleure condition de vie à tous ses compatriotes, surtout ceux en activité au sein des services publics. C’est pourquoi, on le taxe de chef bourgeois. Pour preuve, les plus grandes satisfactions des revendications d’ordre syndical ont été atteintes sous son magistère. Idem lorsqu’il était Premier ministre et chef du Parlement. C’est ce qui explique d’ailleurs le fait que les principales centrales syndicales ne s’impliquent pas à ces mouvements de grève.

Ensuite, on peut dire que chaque section syndicale est déterminée à pousser le bouchon un peu loin, tout simplement par ce qu’elle peut estimer dans la satisfaction des revendications syndicales que le gouvernement joue à la discrimination en prêtant bonne oreille à certains corps de profession tout en fermant la porte devant d’autres. A titre d’exemple, les magistrats justifiaient leur grève illimitée à travers une comparaison faite avec les avantages accordés à la police pour son statut particulier. Maintenant ce sont les enseignants qui estiment en bon droit de réclamer le statut particulier comparativement aux magistrats. Quant aux agents de santé, eux aussi se basent sur les avantages faramineux accordés aux magistrats pour jeter la blouse blanche.

Enfin, ce qui ressort dans les discours de tous les ‘’frondeurs’’ c’est surtout l’indifférence des gouvernants. Or, dans tous les cas, une commission de conciliation est formellement mise en place sous la tutelle du département de la Fonction publique, pour négocier, satisfaire et empêcher la rupture. Malheureusement ces différentes commissions pêchent sur toute la ligne. Ainsi, le pouvoir (qui a pris la maligne habitude de confier toujours la gestion du département de la Fonction publique à des partis alliés) ne dispose plus de stratégie, à défaut de satisfaire les revendications, d’empêcher le débrayage de longue durée, surtout dans des secteurs vitaux comme celui de la santé.  On a l’impression que les conciliateurs ne jouent pas pleinement leur rôle et manquent de cran pour faire reculer les syndicalistes sur leur option.

Dans de tels contextes, l’on ne pourra que se rabattre sur des religieux, tels le président du Haut Conseil Islamique, Mohmoud Dicko ou le leader d’Ançardine, Cheick Chérif Ousmane Madane Haidara. Dommage.

Moustapha Diawara

Commentaires via Facebook :