La météo politique nationale n’a jamais été aussi floue comme en ce début de nouvel an. Après la foudre avec les groupes jihadistes, l’année écoulée s’est terminée par les doux vents du retour au bercail de l’ancien président ATT. Après la tempête d’un énième remaniement, le peuple malien fut servi d’un froid glacial consécutif à la composition du nouveau gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga. Le soleil qui a réchauffé les cœurs fut l’annonce, dans le discours à la nation du président IBK, de la tenue de toutes les élections en 2018 au moment où certains météorologues politiques, avec, comme seul outil, le thermomètre sécuritaire, prédisaient une transition démocratique. Ils croyaient dur comme fer que la tempête ne s‘arrêterait pas de sitôt.
En réalité, cette sortie solennelle du chef de l’Etat a faussé de nombreuses prévisions ; dont celle relative à son retrait de la course pour Koulouba 2018. Car, depuis des mois, pour ne pas dire depuis une annonce de ce genre, faite par le président sortant de la France François Hollande, certains sont en train d’acclimater les Maliens sur cette hypothèse.
L’activiste le plus en vue, Ras Bath, n’ayant pas réussi à « choquer pour éduquer » a abandonné son concept originel pour embrasser celui qui invite « le vieux à lâcher le gouvernail » : ‘’ Boua Ka Bla’’.
Loin de nous toute prétention d’infirmer cette hypothèse, car le ‘’Prince du jour’’ a l’art de décevoir ceux qui s’aventurent à vouloir porter des gangs pour le soutenir, mais au regard des risques qui entourent une telle décision, le ‘’Mandé Massa’’ n’est pas du genre à prendre date avec l’histoire de cette manière.
Qu’il se retire ou se maintienne à la tête du pays, IBK affrontera sa plus grande et pénible épreuve politique cette année.
Autant qu’il conçoit comme un mépris à sa personne en lui demandant de se retirer, il n’en demeure pas moins qu’il mettra tout son poids dans la bataille afin de ne pas devenir le premier président de l’histoire de la République du Mali à ne pas pu passer plus de cinq ans au pouvoir.
Le premier acte de ce combat a été la nomination de Soumeylou Boubèye Maiga comme Premier ministre. Qui amorcera le deuxième acte : la stabilisation du nord avec ses amis algériens. Puis le troisième acte : la fragilisation de tout potentiel conquérant sérieux. Mais pour réaliser ces deux derniers actes le timing fera défaut à l’ex ‘’Barbouze en chef’’. C’est pourquoi il pourra échouer dans la réalisation du troisième acte : remettre en selle le président IBK près du grand nombre des contestataires qui sont en train de nucléariser leurs forces pour convaincre les chancelleries occidentales sur une impérieuse alternance avec un nouveau type de président à la tête du Mali.
A moins de 9 mois des joutes, il sied donc pour les hommes du pouvoir d’entreprendre des actions de vigueur pour convaincre nos partenaires occidentaux qu’un mandat supplémentaire du président IBK relève d’une « demande populaire ».
Au demeurant, tout peut arriver. Car la météo comme la politique n’est jamais une science exacte surtout si l’instrument de mesure est détenu par l’étranger.
Moustapha Diawara