Grâce présidentielle : Un cauchemar pour les victimes !

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En quatre ans d’exercice, le président IBK dame le pion à tous ses prédécesseurs dans l’usage de la grâce présidentielle. Les 486 graciés de  cette année s’ajoutent désormais au 360 de l’année précédente  et enfin  569 du 22 septembre 2016, soit au total 1415 détenus graciés. Un record absolu depuis l’avènement de la démocratie !

Chercherait-on à désengorger le milieu carcéral par ce procédé ou rattraper les erreurs judiciaires ? La question mérite réflexion car les grâces successives interviennent dans un pays ou la pléthore de la population  carcérale et les mauvaises conditions de détensions ont été la préoccupation de bien de ministres de la justice. La tentation d’assimiler l’usage  presque systématique de la grâce présidentielle en cette période à un recours envisagé par les responsables du monde carcéral  est grande. Après tout, talonné par les organisations de droits humains, une telle mesure n’est ni plus ni moins qu’un bol d’air pour rentrer dans les grâces de la communauté internationale  elle-même confronté au même problème.

Quoi qu’il en soit, le président est hors de cause, car il est dans son élément. L’usage de la grâce présidentielle n’est en rien illégal. C’est une disposition reconnue par la loi qui confère au président de la république le pouvoir, soit de libérer ou d’alléger la peine de prison infligée à un détenu sur proposition.

Ce n’est donc pas l’usage systématique de la disposition qui pose problème mais c’est plutôt le ou les  critères de choix  des bénéficiaires de la mesure qui suscite des inquiétudes. Le nombre impressionnant de bénéficiaire de la grâce présidentielle en seulement quatre ans d’exercice effectif du pouvoir par l’actuel président porte les germes d’une banalisation qui n’est pas sans conséquence. Loin de les innocenter, la grâce présidentielle permet à certains détenus de recouvrer la liberté et les autres obtiennent un allègement de leur peine. Pour ceux-ci, elle est la bienvenue, mais et pour les victimes ? C’est dire donc que l’usage du droit de grâce est un acte hautement sensible à user avec lucidité et mesure. On  se rappelle qu’en France, la grâce accordée par François Hollande à d’une détenue a soulevé beaucoup de polémique, tant dans la société qu’en milieu judiciaire. La détenue en question avait mis fin aux jours de son mari violent.

Au Mali, nous sommes loin de ce cas de figure. Pour l’instant, les victimes vivent certainement leur douleur en silence mais quand  ça prend  l’allure  d’une banalisation, il y a de quoi s’inquiéter.

Le président de la République ne manque  ni d’occasion ni d’opportunité de faire valoir sa magnanimité au peuple. Pourquoi ne pas l’orienter vers des sujets moins sensibles ?

Bouba Sankaré  

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