La brèche récemment ouverte en fin d’année entre le gouvernement d’en place et les leaders de la communauté religieuse musulmane, reste toujours béante. Et l’assassinat dans des conditions non encore élucidées de l’imam Yattabaré a ravivé les braises qui étaient à peine éteintes. Le front religieux tant craint risque cette fois-ci de naître sauf si le gouvernement partait pour une réconciliation sincère avec les figures emblématiques de ce futur front…
‘‘Homosexualité’’ ! Ce motif avancé par l’assassin de l’imam Yattabaré dégoute suffisamment la communauté musulmane du Mali. Et si d’autres entendent attendre la fin des enquêtes pour réagir, d’aucuns pensent que le vin est tiré et il ne reste plus qu’à le boire. Ils appellent la communauté à s’apprêter à prendre ses responsabilités face à l’urgence. Du moins, c’est ce que l’on peut retenir des propos du porte du haut conseil islamique se prononçant sur la question dans une vidéo.
Issa Kaou Djim, c’est son nom, porte-parole du haut conseil islamique, met en cause un communiqué du ministère de la sécurité et de la protection civile qui, dit-il, a déjà tiré les conclusions sur le mobile du crime : ‘‘Au lieu d’attendre la fin de l’enquête, le communiqué du ministère a précisé que c’est pour cause de l’homosexualité que l’imam a été assassiné, ils (les gouvernants) cautionnent eux-mêmes la véracité des faits’’, dit dans cette vidéo précisant des manifestations sont en cours de préparation.
Vrai, dans son communiqué supprimé par la suite de sa page facebook, le ministère de la sécurité et de la protection civile avait indiqué que l’assassin a reconnu avoir ‘‘agi seul au motif que monsieur Yattabare qui l’accuse d’être homosexuel, avait également donné mission au groupe criminel de Souleymane Sanogo alias Soloni Tondjan de l’agresser’’ (Lire communiqué).
‘‘Vous serrez informés au moment venu’’ ! Issa Kaou Djim ne donne pas de date exacte pour les manifestations en vue mais rassure que le président du haut conseil islamique, imam Mahmoud Dicko et le Cherif Bouyé Haidara, préparent ces rendez-vous ensemble.
La guerre de Troie aura lieu sauf si…
Une évidence, l’imam Mahmoud Dicko et le Cherif Bouyé Haidara, ces deux hommes, ce n’est un secret, ont en commun un ennemi à combattre en la personne de M Soumeylou Boubèye Maiga, l’actuel Premier ministre. Et si Mahmoud Dicko a encore de la peine à rendre publiques les vraies raisons de sa colère contre l’homme, Bouyé, lui, n’est pas passé par deux chemins.
Dans la foulée de la dernière élection présidentielle, le Cherif Bouyé de Nioro, dans différentes interventions audio, a clairement affiché son désamour pour l’actuel premier ministre et conditionné sa réconciliation avec le régime d’en place à son départ de la primature. Ceci semble toujours être à l’ordre du jour et il faut être vraiment dans les secrets pour savoir ce qui a pu instaurer ce climat infesté entre les deux hommes.
De ce fait, disons-nous, un dialogue est nécessaire entre ces parties opposées en vue de procéder à une vraie réconciliation, au cas contraire le front religieux contre le régime verra jour. La question d’homosexualité a juste servi d’alibi. Autrement dit : ‘‘On ne fait pas passer une main qui sent mauvais sous le nez d’une personne qui a de la nausée’’. ( Proverbe Bambara)
La Rédaction