Cette estimation est du moins celle de Sidiki Guindo, un Ingénieur-Statisticien, basé au Sénégal. Ce jeune malien est parvenu à ces résultats au terme d’un sondage d’opinion qui vient de réaliser sur les grandes actions du gouvernement.
Le sondage en question a été mené du 14 au 25 février dernier, soit cinq mois après la prise de fonction du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Dans les huit régions administratives du Mali ainsi que le district de Bamako, il a concerné 3495 individus âgés d’au moins 18 ans. Dans ce travail qui se veut scientifique, M. Guindo a testé l’avis de la population sur le chef de l’Etat et sur différents aspects et sa gestion du pays. Ainsi, invité à donner leur opinion sur Ibrahim Boubacar Keïta, 86.4% de la population gardent une bonne image du chef de l’Etat. Un peu plus de 12% ont une opinion défavorable, contre 1.3% qui n’ont pu donner de réponse à cette question. «Au niveau régional, dans toutes les capitales, la proportion de personne ayant une opinion favorable du Président vaut au moins 84%. Le plus faible taux est observé à Bamako avec 84% d’opinion favorable», précise le document dont copie a été déposé à notre rédaction.
Concernant la gestion du pays, ils sont 70.8% de Maliens à se dire d’accord avec la gouvernance d’Ibrahim Boubacar. La frange qui exprime un avis défavorable est de 27.6%, contre seulement 1.6% qui donne leur langue au chat. L’Ingénieur retient ainsi que la grande majorité des Maliens sont satisfaits de la gestion du pays. Toutefois, conseille-t-il, il est important de comprendre les raisons de l’insatisfaction des 27.6%.
Sur la même question, les villes de Bamako et Koulikoro présentent les taux les plus faibles de satisfaction avec respectivement 67.6% et 67.2%. Dans les autres régions la proportion de personnes satisfaites dépasse les 73%.
Si 60.5% de nos compatriotes disent ne pas avoir un aspect «très négatif» à signaler au sujet de la gouvernance d’IBK, ils font pourtant trois principaux reproches au Président. Il s’agit de «l’arrestation des militaires, l’arrestation de fonctionnaires et le fait de mêler des parents dans la gestion du pays». Si l’on en croit les résultats de ce sondage, ils sont plus de 3 Maliens sur 100 à dénoncer ce qu’ils appellent l’implication de la famille dans la gestion des affaires publiques. «Même si cette statistique est relativement faible, il est important que le Président de la République tienne compte de cet aspect dans un pays comme le Mali dans les décisions futures», suggère Sidiki Guindo.
L’Ingénieur-Statisticien a aussi interrogé les Maliens sur la question du Nord qui reste une grosse épineuse dans le pied des nouvelles autorités et du peuple malien de façon générale. Invitées à choisir entre le Mali un et indivisible, une autonomie ou une indépendance accordée au Nord, les personnes interrogées expriment à plus de 96% leur opposition à une éventuelle partition du Mali ou à l’octroi d’une quelconque autonomie. Les partisans de l’indivisibilité du pays et les autonomistes sont respectivement de l’ordre de 92.5% et 7.5% à Gao, 85.9% et 12.5% à Tombouctou, 69.2% et26.9% à Kidal. Globalement, un nordiste sur 10 se prononce pour une autonomie de gestion, alors que 8 sur 10 optent pour l’indivisibilité du Mali.
A la question de savoir s’il faut négocier avec des hommes qui tiennent des armes, 95.1 % des Maliens s’inscrivent dans la droite ligne de la volonté exprimée par le chef de l’Etat de ne pas s’asseoir autour d’une même table avec les groupes rebelles, tant qu’ils resteront armés. Sur ce point, même à Kidal qui est le principal foyer de la rébellion touarègue, la population estime à plus de 74% que le désarmement est un préalable à la négociation. Ils sont de l’ordre de 93.3% à se dire favorables à ce que les négociations se tiennent désormais sur le sol malien. «On conclut donc que la population est vraiment pour une négociation au Mali et non dans un autre pays et que même la quasi-totalité de la population du Nord est d’avis avec le Président sur ce principe», note le document. Il est bon de rappeler que le réalisateur de ce sondage se dit ouvert à la contradiction en invitant les chercheurs statisticiens et autres personnes intéressées par la crise malienne à infirmer ou à confirmer ces résultats par des méthodes scientifiques.
Bakary SOGODOGO