Gestion laxiste des bars et restaurants à Bamako : Un doigt accusateur pointé sur l'OMATHO

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La gestion des bars et restaurants dans le district de Bamako est devenue, depuis quelques temps, un véritable casse-tête chinois. Au bas mot, pas moins de 500 bars tournent actuellement à plein régime, couvrant ainsi un marché florissant d’alcool, de drogue et de prostitution, sans compter l’attentat à la pudeur et les nuisances sonores souvent dénoncés par le voisinage. Dans ce contexte, une question reste sur toutes les lèvres : comment l’Office malien du tourisme et de l’hôtellerie peut-il se  permettre de fermer les yeux sur cette situation de plus en plus intolérable?

Le constat est qu’il ne se passe pas un seul jour ou une seule nuit sans qu’un chef de famille ou un leader religieux, de surcroit un imam ou son suppléant, ne lance une fatwa contre la présence de ces établissements hôteliers dans notre chère capitale.

Dès fois, ce sont de paisibles citoyens, très remontés contre ces bars-restaurants devenus trop encombrants, qui se réunissent autour d’une association pour saisir les autorités compétentes et dénoncer la proximité de ces lieux de débauche avec les habitations, contrairement à la règlementation en vigueur.

Lors d’une de ces sorties, il y a de cela quelques années, la Brigade des mœurs avait, en compagnie de l’Office malien du tourisme et de l’hôtellerie, procédé à la fermeture de 48 bars sur les 68 ciblés à l’époque comme faisant partie des bars et restaurants ayant enfreint la réglementation en cours au Mali, en ce sens qu’en plus de la restauration et de l’alcool qui y circulaient, ces bars avaient en même temps ouvert des chambres de passe à l’intention de la clientèle. Des chambres dans lesquelles de très jeunes filles, parfois même des mineures, y vendaient leur charme.

Il s’agissait de bars aux noms  assez évocateurs, comme le sportif, Don Camillo, Bar Mali, Ciel bleu, Beijing, Africando, pour ne citer que ceux là. A  ce lot, il faut ajouter une liste d’autres bars ayant fait l’objet de fermeture pour raison de nuisance sonore. Il s’agit de bars comme Boularco, la Terrasse,  la Détente ou le Tilemsi, qui avaient tout simplement  fermé boutique à la suite de plaintes du voisinage.

Aucun texte au Mali ne légifère sur la prostitution et aucun agrément n’est de ce fait délivré pour les chambres de passe. Tous les établissements ouverts sont régis par le statut d’hôtel, nous rapporte un agent de l’Omatho. Qui ajoute que  ce statut est utilisé par les promoteurs d’établissement  pour ouvrir en même temps des chambres de passe. Ce ne sont pas des filles qui sont là sur place, constituées en  professionnelles pour accueillir les clients, mais plutôt des gens qui viennent en partenaires pour louer la chambre.

Très récemment, c’est un autre bar du nom de Fiesta I qui subira à son tour le coup de boutoir des voisins.

Le collectif des  chefs de familles de Bacodjicoroni, les jeunes du quartier sont sortis de leur silence pour demander aux autorités la fermeture pure et simple de l’établissement. Les charges à son encontre n’étaient pas minces. Bref, il y avait toute la panoplie de raisons pour lesquelles un établissement pouvait être interdit d’exercer. On lui reprochait, entre autres, le racolage, les disputes entre ivrognes en pleine rue et les nuisances sonores. Entre temps, l’établissement a fini par être fermé en raison de l’insistance des voisins.

L’on se rappelle aussi le cas de l’Academia qui avait déménagé de l’ACI, chassé par le propriétaire des locaux, pour aller s’installer à Hamdallaye. L’indécence avait poussé les promoteurs à prendre un bâtiment abandonné par une clinique. Quel contraste ! La population a saccagé cet établissement, emportant tout ce qui pouvait l’être (lits, téléviseurs, etc.) mettant ainsi à genou le promoteur qui a fini par abandonner ce secteur d’activités.

L’autre bar restaurant qui avait défrayé la chronique à Bacodjicoroni  ACI est sans nul doute le Djigui Coro, auberge  tenu par deux Européens. Ici, on ne fait pratiquement pas la différence entre l’établissement et les habitations.

 La musique déchire le calme de la nuit par des décibels assourdissants, des prostituées interpellent les passants en pleine rue. Là aussi, la population a pris son courage à deux mains pour saisir la direction régionale de l’Omatho qui, après constat, ne tarda pas à fermer le Djigui Coro pour 72 heures seulement. Ce délai épuisé, le même établissement se met à tourner à plein régime, avec les mêmes méthodes, comme pour narguer les populations. Toutes les démarches entreprises par la population, à différents niveaux de responsabilités, n’ont guère apporté de résultat.

Les responsables du quartier ont vite saisi le directeur régional du tourisme du district de Bamako, Moussa Martin Tessougué, pour l’informer de la situation. Malheureusement rien n’y fit. Parce que le patron du tourisme de Bamako habilité à délivrer les agréments aux bars restaurants n’a pas levé le plus petit doigt. Il s’est au contraire blotti dans un mutisme que la population n’a rien compris. Et en attendant, elle prend son mal en patience, attendant toujours d’être débarrassé de  ce voisin encombrant.

 

L’intrusion de certains dignitaires dans la gestion des bars et restaurants dénoncée

 

Au cours d’un entretien avec Moussa Martin Tessougué, le patron de l’Omatho du district de Bamako, nous avons mis sur la table le cas de l’auberge Djigui Coro, qui continue de fonctionner, malgré les multiples plaintes des voisins. Notre interlocuteur de préciser que " lorsque nous avons reçu la plainte, nous sommes partis sur les lieux et procéder à la fermeture de l’établissement pour 72 heures, pour cause de nuisance sonore. Le promoteur est passé nous voir pour donner son accord de mettre un terme à toute activité tendant à nuire à ses voisins. J’en avise aussitôt la partie plaignante qui est tombée d’accord. Elle a en outre promis d’appeler si jamais ça n’allait pas ".

Pourtant la clause n’a pas été respectée par l’établissement. Les habitants sont revenus à la charge en avisant une fois de plus le directeur. Il ne bouge pas. Interrogé, il ne nie pas avoir été appelé par la partie plaignante, mais à le croire, en sa qualité de responsable d’un service administratif, il a besoin d’une plainte écrite dûment introduite à son niveau pour agir. En attendant, c’est une situation lourde de beaucoup de conséquences dans laquelle le pauvre citoyen doit encore attendre longtemps avant de rentrer dans ses droits.

   Une escapade dans la ville de Bamako permet à quiconque de se rendre compte du nombre croissant de ces bars et restaurants et de leur impact sur la vie des populations.

Moussa Martin Tessougué se défend de fermer les yeux sur les nuisances des établissements hôteliers dans le district de Bamako. Il en veut pour preuve les nombreux contrôles opérés par son service, quotidiennement. L’objectif visé est de sillonner les différents secteurs pour vérifier les agréments et voir si l’établissement est en phase avec la réglementation. Il s’est avéré au cours des différentes sorties et contrairement à toute attente, que les bars chinois, entendez les bars tenus par des asiatiques, connaissent de sérieux problèmes hygiéniques. Au mois de février 2010, et seulement en une seule nuit, pas moins de cinq à six bars ont été fermés.

Un autre constat, et pas des moindres, est l’absence totale dans les registres de l’Office malien du tourisme et de l’hôtellerie d’un horaire fixe et précis sur le déroulement des activités festives et récréatives dans les bars.  S’il existe, il n’est pas appliqué. Une véritable anarchie y règne. Pour cause, au moment où les gens se reposent, certains bars continuent à cracher de la musique assourdissante jusqu’au-delà de minuit, voire de 2 heures du matin. Une situation qui soumet régulièrement la population voisine à des nuits agitées.

 Notons également qu’à chaque fermeture d’un bar, c’est la course contre la montre pour l’Omatho. Des appels téléphoniques proviennent  de tout côté et le plus souvent de dignitaires insoupçonnés, pour demander la réouverture de l’établissement. Mais, il appartient à l’Omatho de prendre toutes ses responsabilités, en distinguant la bonne graine de l’ivraie.

Abdoulaye DIARRA

 

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