Gestion du pouvoir : IBK inquiète, malgré les apparences

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Ibrahim Boubacar KeïtaUn modèle est aussi fiable que les données sur lesquelles il s’appuie dit-on.

Au lendemain des élections présidentielles de 2013, on pouvait presque toucher avec les mains l’espoir d’un Mali uni et réconcilié, démocratique et prospère que nos concitoyens avaient placé dans la gouvernance alors promise.

Mais, six mois après son avènement à la magistrature suprême de notre pays, IBK inquiète, malgré les apparences, au-delà du cercle de ses compatriotes maliens. Analyse

 

 

Lui et son équipe sont à bout de souffle, incapables de donner   boussole à une nation qu’un coup d’Etat militaire, à l’ombre d’une rébellion armée, a conduite dans l’abîme. Si le coup d’Etat militaire a été dissout dans le processus électoral avec le soutien de ses auteurs au gagnant du jour, la promesse du Mali nouveau semble virer au cauchemar, à tout le moins au désespoir total.

 

 

La question de la réunification du pays et celle de la présence étrangère sont dans l’impasse, la réconciliation nationale peut attendre que le prince du jour revienne de ses nombreux voyages à l’étranger.

 

 

 

Manque de vision

Le titre de « l’homme de la situation », entendu de la négociation avec les autonomistes touareg et de la réconciliation, complaisamment octroyé par les officines extérieures s’est lamentablement révélé une imposture.

 

 

De toute évidence l’emploi ne correspond pas au profil de l’homme en question.

« La rivière ne coule pas sur la montagne », dit un adage bien de chez nous.

De mémoire de Malien, personne n’a connu IBK homme de dialogue. En six ans de Primature, l’ancien Premier ministre du Président Alpha Oumar Konaré n’a cultivé que la confrontation, la division et la haine entre   Maliens  et/ou comme mode de gouvernance.

D’abord au sein de son parti ADEMA/PASJ, à l’époque, son ascension à la présidence de cette formation politique n’avait pu se réaliser qu’au prix d’une scission de laquelle naquît le MIRIA de Mohamed Lamine Traoré, homme intègre et vertueux s’il en fut en République du Mali.

 

 

 

Ensuite, la société malienne, en renvoyant constamment les élèves et les étudiants dans la rue. On  sait que ce qui touche à l’école touche à la société dans son ensemble. Résultat : le pays ne connut que des années blanches et celles de toutes les autres couleurs n’ont pas manqué à l’époque. Depuis, l’école malienne fut détruite jusqu’à ce jour.

La classe politique malienne ne fut jamais autant divisée, malmenée et humiliée que sous la Primature de IBK Conséquence : la violence s’installa dans la vie politique ainsi que dans  la société.

 

 

Les élections les plus bâclées dans l’histoire du Mali démocratique furent son œuvre. En 1997, les élections législatives et présidentielles furent toutes boycottées par l’opposition démocratique et significative. Les élections législatives mal préparées et sans liste électorale furent dans un premier temps tout simplement annulées par la Cour constitutionnelle. C’est aux termes de ce parcours dangereux pour l’unité du pays que son propre parti politique l’ADEMA/PASJ le poussa vers la sortie. D’où la création du RPM. Ironie du sort, c’est à l’issue d’élections bâclées qu’il accède aujourd’hui au pouvoir en 2013.

Au regard de ce passé peu glorieux, nul Malien ne  peut être étonné de l’impasse dans laquelle se trouve le pays. En vérité, IBK ne peut réconcilier un pays dont il n’a pas la culture de conciliation et de négociation.

 

 

Il ne garde de notre histoire que la roture des discours du 17è siècle, faite de brutalité, d’exclusion et de vengeance.

 

 

Le manque de vision manifeste lui fait changer au quotidien et à longueur de discours, de démarche et de cape.

 

 

Les émotions du président servent de guide à l’action gouvernementale. Aucune analyse prospective n’est à sa portée. Comme ses larmes,  ses décisions qui déterminent notre survie collective sont hâtives, conjoncturelles et mal avisées.

 

 

 

Ainsi, le Mali sort péniblement du cauchemar terroriste et se réveille dans les bras d’un pouvoir aussi bruyant qu’inefficace. Le pays est mis en attente, le président ne répond plus qu’aux autorités extérieures. Aucune visite à l’intérieur du pays, aucun projet structurant en vue.

 

 

L’inconnu, c’est la position actuelle du président malien sur notre sécurité collective, en se mettant à dos la communauté internationale, il renforce la rébellion touareg et crée les conditions d’une partition du pays. A moins que le connaissant  suffisamment, les stratèges qui défendent cette  perspective pour le Mali, ne l’aient choisi et soutenu pendant les élections présidentielles  pour ce faire.

 

 

En effet, tout a été fait par une certaine communauté internationale pour assurer la dévolution du pouvoir à IBK. De la manipulation des masses maliennes, en particulier la jeunesse de Bamako et les militaires de la junte de Kati opportunément devenus fréquentables, à l’intimidation des chefs d’Etat francophones d’Afrique, rien n’a été épargné pour l’installer au pouvoir.

 

 

Comment bloquer l’émergence d’un vrai candidat de la renaissance  face à IBK et la junte militaire, semblait être  le vrai enjeu des présidentielles d’août 2013.

Pour faire élire un candidat aux 3/4 de président  la stratégie a été de discréditer la légitimité de tous les candidats issus du FDR et même d’autres candidats franchement opposés au coup d’Etat.

 

 

Leur cauchemar était qu’un candidat issu du FDR, de surcroit originaire du Sud, ne gagne le soutien des vrais militaires du pays et mette fin à l’aventure  en préparation : la partition du Mali!

 

 

C’est ainsi que fut conçu un plan pour, d’une part empêcher l’émergence d’un candidat crédible et, d’autre part, neutraliser tout regroupement patriotique digne de la situation en forçant la date des élections. Ce plan qui portait la signature du Gouvernement de transition en filigrane a eu le soutien technique des services extérieurs d’une certaine puissance et a nécessité aussi la collaboration des chefs d’Etat de la CEDEAO et du Tchad fortement mis sous pression.

 

 

Il restait à mobiliser d’autres opposants au FDR dont la camarilla d’organisations et d’associations anti-démocratiques regroupées sous des sigles aussi divers que  colorés.

A ceux-là, il fallait ajouter le clan du  vieux berger de Douentza qui, depuis 1992, réduit sa perspective politique au Mali à la longueur de son nez et méprisant royalement toute autre forme de pensée autre que la sienne.

 

 

Il fut aisé pour IBK de séduire et/ou soudoyer le petit peuple de Bamako pour obtenir son soutien, au moins à postériori.

 

 

Le fameux plan comportait entre autres phases de  trouver au sein du parti ADEMA/PASJ, le seul parti réellement implanté sur toute l’étendue du pays, un homme lige, un candidat   autour duquel, par d’habiles manipulations, on pourrait réduire les soutiens de Soumaïla Cissé et de Modibo Sidibé.

 

 

 

Il fallait aussi gonfler la candidature de cet homme lige  jusqu’à obliger les candidats potentiellement dangereux au sein du parti à se désister  à son  profit.

 

 

Le jour j, trafiquer les élections, faire battre à plate couture les vrais  candidats du FDR d’alors et obtenir les ralliements au nom de la sécurité personnelle des ralliés.

 

 

Le choix du candidat qui devait remplir le rôle de leurre fut porté sur Dramane Dembélé au sein de l’ADEMA/PASJ. Il devait être originaire du Sud du Mali, pas le Sud politique de l’Occident et des touaregs, mais le Sud comme point cardinal du Mali. Il devait jouir d’un certain crédit dans le « discours de relève générationnelle », mais surtout il devait être d’une « faible personnalité et d’une grande naïveté pour pouvoir être manipulé »  aisément et ne pas déraper au risque de faire échouer le plan.

 

 

Pourquoi le choix  de Dramane Dembelé ?

Il faut rappeler le parcours de cet ancien Directeur national de la géologie. Il est issu de la minorité  Minianka du cercle de Koutiala dans la région de Sikasso, mais son influence ne dépasse guère les confins de ce cercle dans la région.

 

 

Mais chacun sait que depuis plus de dix ans, les cadres de la région de Sikasso cherchent à en découdre avec le Mali sur la question de la représentation nationale et de l’investissement dans leur région qui reste la vache laitière du Mali, tant ils ont le sentiment d’être marginalisés dans la gestion du pays.

 

 

Une candidature d’un des leurs issue du grand parti qu’est l’ADEMA/PASJ pouvait faire espérer plus d’un cadre de ladite région.

 

 

Dramane Dembelé n’a aucun passé politique probant et son avenir dans ce domaine semble incertain.

 

 

Le pire et/ou le comique est qu’avant les élections, les soutiens du Capitaine Sanogo, chef de la junte incrustée dans la gestion de l’Etat, avaient pris langue avec lui et que dans son slogan de campagne, il signalait que le changement promis par l’ADEMA/PASJ était déjà  en partie réalisé. Faisait-il allusion au coup d’Etat, ou à la transition conduite par Dioncounda Traoré ? Personne n’a relevé l’imposture.

 

 

Il réapparut subitement au lendemain du 28 août 2013, troisième homme du scrutin, donc faiseur de roi. La caricature était si grotesque qu’il a dû insulter tous les membres de la direction de son parti avant de se rallier à titre personnel au candidat IBK.

Les vrais candidats au sein du FDR, ont probablement compris  l’imposture et, savaient qu’IBK était le choix de la puissance qui nous a libérés des griffes des terroristes.

Ils ne se présentèrent que pour prendre date avec l’histoire et redonner confiance et boussole à un peuple traumatisé. Le «moins mauvais des candidats» pouvait se faire élire, « le Mali est de retour », le Mali a survécu. Le vernis démocratique est intact. Mais l’incroyable résurrection du Mali ressemble fort bien à une fausse couche de sa démocratie.

 

 

 

Parti pour cinq longues années d’angoisse

Cependant, le Mali a survécu, mais il semble parti pour cinq longues années d’angoisse.

Au regard de la situation du pays, il était prédit que le plus important n’était pas de gagner les élections, mais comment ressouder une nation en lambeau semblait être l’enjeu essentiel.

 

 

Il n’existe plus de boussole pour prévoir un acte du gouvernement malien. Le conseil de ministres se tient à l’improviste ; on a du mal à distinguer ce qui relève de la famille et de l’Etat, jamais la famille du président de la République n’a autant pesé sur la conduite des affaires de la République.

 

 

Le petit monde diplomatique dans notre pays s’inquiète de l’influence entretenue de certains Mollah à la loyauté douteuse face au Mali et à ses institutions. Pire, le pays est en froid avec tous ses voisins majeurs, s’isole dans la CEDEAO et donc dans l’Union africaine, complètement discrédité auprès des Nations unies.

 

 

Face à l’homme qui continue de diviser l’armée malienne, l’armée française se trouve obliger de tenir le pays, ce qui provoque de plus en plus la colère des Maliens et développe leur sentiment anti-français.

 

 

Plutôt que de négocier  avec les groupes armés, et organiser le dialogue et la réconciliation nationale, le président s’enferme dans une quête effrénée de revanche.

 

 

La partie visible de l’iceberg de la rancune  chez le président est dans  sa volonté de traduire  l’ancien Président Amadou Toumani Touré devant  la Haute Cour de justice pour l’avoir démocratiquement battu en 2002, puis 2007.  La recherche aberrante de faire rétroagir la future loi sur l’enrichissement illicite vise  également à atteindre ses anciens camarades de l’ADEMA/PASJ et surtout ceux coupables à ses yeux de l’avoir défenestré. Alpha Oumar Konaré, Soumaïla Cissé et Soumeylou Boubeye Maïga sont avertis, parce que le président continue de regarder le présent avec les lunettes du passé.

 

 

Faute d’autres capacités, le pouvoir d’IBK s’épuise à créer un contexte où tout écrit critique  contre Alpha Oumar Konaré ou Amadou Toumani Touré fait d’office autorité intellectuelle et même d’entreprise savante.

 

 

Alors,  toute une caste de gredins autoproclamés intellectuels ou cadres se défoulent en vomissant l’expression de leur frustration personnelle tout au long de nos années de démocratie, comme des analyses.

 

 

Aussi,  l’agitation en cours sur la lutte contre la corruption, est-elle  plus une stratégie d’intimidation des adversaires politiques  au mieux, sinon une opération cosmétique vis-à-vis de l’extérieur étant donné que les germes de la corruption se trouvent dans le mode de financement actuel du parti du président.

 

 

Ce qui l’érige au rang d’un slogan, à tout le moins d’une démarche  forcement sélective,  parce que nul citoyen au Mali ne peut imaginer le président IKB et son clan hors du champ de la prévarication et de la gabegie.

 

 

La leçon à tirer de notre situation du moment  est que  si nous ne prenions garde, ce succès  de l’imposture pourrait être l’un des derniers actes, sinon le signe annonciateur  d’une nation en décomposition avancée.

 

 

Morikè

 

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4 COMMENTAIRES

  1. LA SITUATION ACTUELLE N’EST PAS SURPRENANTE CAR DURANT TOUTE SA COMPAGNE IL N’A PROMIS RIEN AUX MALIEN SAUF LA SOIF DE SE VANGER A CEUX LA QUI ONT FAIT DE LUI CE QU’IL EST AUJOURD’HUI.CE VRAIMENT LE KANKELETIGUI IL A PROMIS L’ENFER AUX MALIENS ET ON NE PRESQUE A LA PORTE.UNE CHOSE EST SÛR ATT VAUT MIEUX QUE IBK,LE PREMIER FAISAIT RIRE LES GENS DANS SES DISCOURS,LE SECOND FAIT SIGNE DE SÉVÉRITÉ,TANDIS QU’IL DÉVELOPPE LE NÉPOTISME.

  2. Vous êtes tous de la même race. Cessez de faire des critiques qui ne avançeront guère. A Bè yé kokélé djèkè ye.

  3. Tu comptais sur une baquette magique alors du courage!!!. 2014 va être dur pour tous les maliens et sur tout les plans.

  4. Texte certes long, mais analyse pertinente. Le Mali n’est à tout point de vue pas sorti de l’ornière.

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