Il a fallu plus d’un an au gouvernement, à travers le ministère de la Solidarité et de l’Action humanitaire, pour secourir des déplacés du centre vivant dans des conditions inhumaines dans les banlieues de Bamako. Incompréhensible mais vrai, le ministre en charge de la solidarité avait-il oublié ses priorités ?
La question mérite d’être posée face à la lenteur de ce département à secourir nos compatriotes en détresse depuis plusieurs mois. Le centre du pays, précisément la région de Mopti, est, depuis plusieurs mois, en proie à une insécurité sans précédent.
Des affrontements intercommunautaires sont fréquents dans la zone. Les civils, les femmes, les enfants, personne n’est épargné par cette crise. Des villages et des campements ont été calcinés et des centaines de personnes ont été tuées durant des affrontements.
Par psychose et le choix de se mettre à l’abri des armes, la majorité de la population de la région a décidé de se réfugier dans les localités sud du pays. Depuis le mois de février 2018, plusieurs déplacés des différents cercles de Mopti sont dans les banlieues de Bamako, précisément à Dialakorodji, Faladié, Dialakorobougou, Niamana, Mountougoula et à Sébénikoro. Ces déplacés sont estimés à un millier de personnes.
Depuis plus d’un an, ces déplacés vivent dans des conditions inhumaines aux portes de Bamako. Malheureusement, les grandes organisations internationales humanitaires interviennent rarement dans la gestion des déplacés internes. C’est au gouvernement, à travers le département de la Solidarité et de l’Action humanitaire, de secourir ces personnes déplacées.
C’est juste le samedi dernier que ce département a finalement réagi suite à la mobilisation des bénévoles en apportant quelques sacs et bidons d’huile aux déplacés de Faladié, avec une médiatisation à la clé. En plus de ceux de Faladié, d’autres déplacés attendent le soutien de l’Etat dans plusieurs localités.
Et pourtant, ce même ministère a célébré le mois de la solidarité avec faste à coup de millions pour des résultats invisibles, ignorant les plus nécessiteux. Durant une année, le département de la solidarité n’a fait aucune action pour soulager ces démunis.
Une seule chose est sûre : l’explosion du banditisme dans nos grandes villes est liée en partie à ces injustices et manque de solidarité envers les plus démunis. On commence à douter de la sincérité de la politique nationale de la solidarité. Seules les ONG sont actives sur le terrain pour soulager les citoyens.
Il est temps que l’Etat change son fusil d’épaule pour aller directement à l’essentiel au lieu de passer un mois à faire des propagandes pour peu d’effet. Le ministre Hamadoun Konaté, aux affaires depuis l’arrivée d’IBK au pouvoir, doit se ressaisir pour répondre aux attentes des Maliens.
Y. Doumbia