Gestion des carburants et lubrifiants dans l’administration publique : Une pratique peu orthodoxe !

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La distribution de carburants et lubrifiants aux bénéficiaires dans les administrations publiques n’est soumise à aucune base légale. Ce qui ouvre la porte à tous les abus.

L’absence d’une clé de répartition de carburant ouvre la porte à toutes les dérives de la part des responsables de service. C’est le constat d’une enquête menée dans les services publics par votre journal préféré.

Chaque loi des finances prévoit des carburants et lubrifiants destinés aux institutions, aux directions et aux cabinets es départements ministériels.

Les agents des services publics que nous avons rencontrés affirment que la distribution de carburants et lubrifiants n’est soumise à aucune base légale. Le carburant est reparti en fonction de la tête du client dans l’administration publique. Ce qui ouvre la porte à toutes les dérives.

“Les produits alimentaires sont donnés à l’ensemble des travailleurs chaque trimestre. Cela a continué jusqu’à l’apparition de la maladie à coronavirus, Covid-19”, témoigne un cadre d’un Cabinet ministériel que nous désignerons sous les sigles A.L. Pour A.L, la distribution était régulière, mais la quantité variait d’un trimestre à un autre. Ce point de vue est identique à celui d’un autre cadre d’une direction générale que nous avons rencontré et que nous illustrons par K.M. Selon ce cadre, le chef de service donne le carburant à qui il veut. Quant aux produits alimentaires composés de sucre et de lait, ils sont donnés aux agents à l’occasion du Ramadan et la fin de l’année.

Pour K.M, le montant du carburant alloué par agent dans son service varie de 25 000 F à 55 000 Fcfa par trimestre. À l’en croire, cette dotation était régulière jusqu’à l’arrivée d’une circulaire de l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, appelant à la réduction des dépenses publiques. “Depuis l’apparition de cette circulaire, nous avons constaté une coupe conséquente au niveau de notre dotation en carburant. Or, le budget destiné à l’achat de carburants et lubrifiants n’a pas changé”, rapporte K.M.

Les témoignages de ces cadres contrastent avec ceux d’un cadre d’une direction régionale à l’intérieur du pays. Celui-ci déclare qu’en 8 ans de service dans une direction régionale, il n’a jamais reçu une goutte de carburant.

Plusieurs rapports de vérification et de contrôle que nous avons consultés ont révélé que de nombreux responsables abusaient de la consommation de carburant. Ces différents rapports soutiennent que cette situation est le résultat de l’absence de cadre légal de référence.

Pour harmoniser les pratiques de gestion de carburant et procéder à la réglementation du domaine, nos interlocuteurs proposent l’adoption d’un texte dans chaque département pour déterminer une clé de répartition.

Pour K.M, la gestion du carburant est encadrée par des référentiels dans plusieurs pays de la sous-région. Il a donné l’exemple du Burkina Faso. À l’en croire, dans ce pays, un référentiel de gestion de carburant existe depuis 2017. “C’est sur la base de ce référentiel que les départements ministériels organisent la gestion du carburant à travers une décision ou un arrêté du ministre. Toute chose qui a permis de réglementer la gestion du carburant dans ce pays”, dit-il. Et notre interlocuteur de poursuivre que la rationalisation ou la réduction du train de vie de l’État doit passer par l’adoption d’un texte de portée générale pour la répartition du carburant dans l’administration publique.

Ousmane Daou, un autre cadre d’un service central est du même avis. Selon lui, l’élaboration de textes va encadrer la gestion du carburant et des lubrifiants afin de lutter contre la gestion irrationnelle et non transparente du carburant et des lubrifiants dans l’administration publique. Pour lui, le gouvernement de Transition peut prendre ces textes pour mettre de l’ordre pour tout ce qui concerne la distribution en nature dans l’administration publique. “L’élaboration d’un texte qui fixe les règles de gestion, les dotations trimestrielles des responsables et le suivi de l’utilisation et le type de dotations en carburants par exemple peut aussi protéger les chefs de service de l’abus d’autorité de la part de leur supérieur”.

                                                            

Moussa KOBBA

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